Vote utile mais aussi assez forte mobilisation dans les quartiers populaires par rapport à d'habitude, quartiers populaires rarement ou mal pris en compte par les instituts de sondage, étant en général des terres de fortes abstention.
A priori, Mélenchon ne semble pas avoir fédéré plus d'abstentionniste à sa cause. Si je reprends le tweet cité quelques pages avant (génial ce message, merci ! j'ai encore du mal à tout saisir), la proportion d'abstentionniste gagnée en 2022 est équivalente aux électeurs de Mélenchon de 2017 qui sont passés abstentionnistes.
Mon intuition est que Mélenchon a siphonné des
réfractaires du RN et de la
gauche modérée du LREM qui votaient utiles pour ces partis avant que Mélenchon ne s'impose comme le 1er parti à gauche, qui repartiront voter RN et LREM respectivement au second tour tandis que le noyau LFI s'abstiendra.
En fait je ne sais pas si une qualification de Mélenchon aurait été une bonne chose pour la gauche en général, Macron se serait déporté encore plus sur sa droite, il aurait dragué les électeurs de Le Pen qui l'auraient privilégié lui plutôt que Mélenchon en majorité.
Macron est resté Macron, et la décomposition de l'électorat de Pécresse a amené la
droite moderne à voter Macron par vote utile. Ca ne veut pas dire que Macron a viré à droite toute
(pour l'instant). Par contre, je ne vois pas où et comment Macron a essayé de draguer les électeurs du RN. C'est plutôt l'inverse : Macron n'a ni tenté de capter l'extrême-droite, ni récupérer ces voix. Mélenchon cependant, même si on peut débattre si son discours populiste était une tentative dissimulée pour draguer les électeurs de Le Pen. Perso, je pense que non et je le vois plus comme un moyen de ramener les ouvriers à gauche. Il en reste que c'est bien Mélenchon qui a siphonné une partie du vote contestataire du RN (lui laissant les électeurs plus intéressés sur l'immigration et autres sujets plus réactionnaires par exemple).
On aurait eu une tendance gauche/droite plutôt que peuple/élite, qui pour moi est le meilleur combat du moment.
Avec son score assez puissant et inattendu, la gauche est en embuscade, je dis la gauche car je ne crois pas du tout à la même mobilisation pour LFI aux législatives.
Non, cette élection est multiparamétrique, notamment car le monde est plus complexe et ne s'arrête plus à un clivage gauche / droite ou autres. Le chantage et l'appel à l'épuration idéologique des militants LFI qui considèrent que les électeurs de la
gauche modérée sont des traîtres car ils n'ont pas tous voté pour LFI semble complètement ignorer que prétendre d'être de gauche n'est pas suffisant pour remporter toutes les voix de la gauche. La
gauche modérée est généralement opposé au populisme et préfère les compromis, ce que Mélenchon est aux antipodes. Ses positions internationales sont même très étonnant pour un candidat sensé défendre l'intérêt de la France (le job du président), mais ses positions sociales font que Mélenchon serait un politique intéressant au niveau domestique (le job du premier ministre). Sauf que ce discours, beaucoup de militants de LFI semblent de ne même pas le calculer.
Après j'encourage vivement tous les électeurs de LFI (enfin tous les électeurs tout court) à voter aux législatives histoire qu'on observe mieux le pourcentage d'adhésion. Au fond, je ne suis pas opposé à la vision d'extrême-gauche que défend LFI au point de songer de voter pour elle au législative dans mon coin, c'est dire.
Elle est bizarre la sortie de Mélenchon, je me demande si il n'aurait pas un rôle à jouer dans un futur gouvernement Macron, ce dernier sait qu'il va gagner probablement Ric-Rac et va devoir composer avec la gauche de la gauche pour éviter un embrasement.
Les électeurs de Mélenchon ne sont pas uniformes. Perso, je distingue 4 grands groupes : les fanatiques, les anti-capitalistes, les réfractaires et la gauche modérée.
- Les fanatiques votent essentiellement pour la personne de Mélenchon, et n'auraient pas voté pour un autre candidat à gauche par vote utile même si Roussel ou Hidalgo étaient devant, et encore moins faire barrage en votant Macron. C'est Mélenchon ou rien.
- Les anti-capitalistes votent plus pour le programme et continuera de voter LFI après la mise à la retraite de Mélenchon (voir considère Mélenchon un peu trop vieux), mais ne voteront ni pour le parti des "racistes" ou le parti des "banquiers", même si je soupçonne qu'ils seraient plus prompt de voter utile pour un autre candidat à gauche (ou du moins d'extrême-gauche / gauche radicale).
- Les réfractaires sont essentiellement sensibles aux discours populistes et seront prompts à voter Le Pen au second tour, tant qu'on parle essentiellement du pouvoir d'achat, de diminution du prix de l'essence ou la non-obligation de mesure de réduction d'homicide involontaire par contagion style masque / pass sanitaire. Avant la montée de Mélenchon, ce groupe votait utile pour Le Pen.
- La gauche modérée c'est le groupe qui votera pour le 1er parti à gauche pour arriver au second tour, qui se trouve être Mélenchon cette fois-ci, mais sans adhésion. Avant la montée de Mélenchon, ce groupe votait utile pour Macron.
Macron ne peut ni gagner les
fanatiques ou les
anti-capitalistes, et encore moins les
réfractaires. Cependant, la
gauche modérée lui est déjà acquise. Draguer LFI ne lui apporterait aucune réserve de voix, tandis qu'il en perdrait potentiellement en s'aliénant ceux provenant de la droite moderne. Malheureusement, il va seulement essayer de consolider les électeurs flottant de la "
gauche modérée", les "
écologistes", les "
socialistes", la "
droite moderne" de LR et éventuellement tenter un truc avec les ruraux mobilisés par Résistons de Lassalle voir éventuellement les communistes (qui semblent tous deux opposés à Le Pen).
Le Pen va plutôt draguer les
réfractaires, ceux de Reconquête, de DLF et la "
droite décomplexée" de LR.
Publié par
Crevard Ingenieux
En cas de victoire de Le Pen, tous ceux qui ont reproché à Mélenchon de ne "pas avoir su suffisamment rassembler" n'auront pas le moindre reproche à faire aux électeurs de gauche (LFI ou non) qui n'iront pas faire barrage contre Le Pen au second tour, voire qui voteront pour elle : ce sera selon le même principe la responsabilité entière de Macron, qui n'aura "pas su suffisamment rassembler".
Je n'ai jamais lu quelque chose d'aussi stupide à tant de niveaux, donc j'assume que c'est un troll.
Mais je vais quand même répondre, car je ne peux pas laisser circuler des messages d'irresponsabilisation aussi dangereux :
- Les objectifs du premier tour et du second tour ne sont pas les mêmes :
- Le premier tour consiste aux candidats de rassembler des électeurs pour passer au second tour.
- Tant qu'il y a des candidats, les électeurs sont libres de voter pour les choix disponibles. Le pool des électeurs de gauche qui ne se sont pas retrouvés dans les discours de Mélenchon ont eu raison de ne pas voter pour lui mais pour leur candidat, et c'était bien à Mélenchon d'aller les chercher ou de forger des alliances, pas de faire un hold-up en les faisant culpabiliser. Ces électeurs là ne sont pas abstentionnistes, mais l'aurait peut-être été si le candidat auquel ils ont voté ce serait retiré. Dans ce cas, Mélenchon n'aurait même pas su comment récupérer cet électorat là.
- Le second tour consiste aux électeurs de décider le président.
- L'heure n'est plus au "rassemblement". A partir du moment où tu renonces de voter, tu laisses les autres décider à ta place. Ca veut dire aussi que les abstentionnistes sont d'accord pour que l'un ou l'autre gouverne. Ca veut dire que 66% des électeurs de Mélenchon sont d'accord pour que Le Pen soit présidente, soit par vote utile (30%), soit par abstention (36%). S'ils n'étaient pas d'accord, ils auraient voté Macron. Tout autres raisons serait de l'hypocrisie ou de la stupidité. Et j'ai été stupide par le passé (je ne voulais pas donner de légitimité, sérieux je me bafferai si je pouvais remonter le temps).
Donc non : en cas de victoire de Le Pen, toutes les personnes qui ont reproché à Mélenchon de ne pas avoir su suffisamment rassembler seront complètement légitime à reprocher aux électeurs de Mélenchon pro-Le Pen ou abstentionnistes de ne pas être de gauche en laissant passer Le Pen en ne votant pas pour le candidat le moins à droite.