C'est probablement vrai pour ce qui est de son caractère clivant, mais pas forcément pour la question de la politique internationale. Pour la campagne de 2017 qui avait un fond de pour ou contre le Frexit par exemple, les conséquences d'un départ de la France de l'UE dans le sillage du Brexit auraient été... hum... incertaines ? Avec un spectre de possibilités qui va jusqu'à des conséquences inimaginables pour la population et qui seraient (potentiellement) bien plus graves qu'une politique anti-sociale (exemple du Brexit à l'appui). Mais aussi pour l'UE qui perd deux états-membres. Un éclatement ou affaiblissement à minima face des enjeux de plus en plus grands.
Personnellement j'ai pu en faire abtraction et voter pour lui, mais notamment parce que cette question du Frexit a été plus ou moins tranchée.
Il faut dire aussi que Mélenchon avait tempéré son discours, envisageait des alliances avec des autres partis et avait lissé son image en 2017. Entre ses positions ce dernier quinquennat, l'importance de la politique internationale (et ses mauvaises idées à ce sujet), et son comportement pendant cette élection : on peut dire que ces défauts majeurs mais atténués sont devenus des « red flags » pour beaucoup. « Red flags » qui n'ont pas été neutralisés avec des alliances avec le PS ou le PCF qui auraient rendu le parti plus fréquentable aux yeux de tous. Y-a-t-il eu des tentatives d'alliance et de compromis de LFI envers les autres partis autre qu'un ralliement sans condition ?
La seule explication que je vois pour laquelle Mélenchon a réussi à mobiliser d'avantage à cette élection est tant la défiance de la gauche envers Macron, que la nullité du PS, qu'une campagne LFI plus dirigé à dénigrer les autres partis de gauche dans l'espoir d'être hégémonique et... une France qui a globalement viré plus à gauche qu'à droite. Les électeurs ont pas eu le choix vu qu'il n'y avait que deux votes utiles : Mélenchon, ou Macron si les positions extrêmes à l'internationale, son discours ambigu sur les dictatures "socialistes" hostile ou les idées révolutionnaires pour les affaires domestiques étaient perçus comme trop radicales ou délétères tant pour les français que pour la France.
Lorsqu'on compare le pourcentage de voix à droite et extrême-droite entre 2017 et 2022, elle passe de 46.93% à ~38%, soit une perte de quasiment ~9%. J'y inclue le FN/RN, LR, DLF, Recon., UPR mais pas LREM ou Résis. ou Cheminade). A l'inverse, à gauche elle passe de 27,67% à 31,5%, soit un gain d'environ ~4% en incluant le PS, EELV (vu qu'allié au PS en 2017), PCR, LFI, LO, NPA mais pas LREM ou Résis. ou Cheminade. On reste loin des 44% de 2012, donc on peut supposer qu'EM est composé pour moitié d'électeurs de gauche. Au final, même si le baromètre politique français penche toujours à droite, ça penche moins.
Finalement, Mélenchon paye son entêtement à ne pas vouloir faire des alliances et son refus du compromis qui aurait pu rendre son parti plus fréquentable à tous au lieu d'avoir voulu un ralliement sans condition.
Publié par
Crevard Ingenieux
Demander à un électeur de gauche de voter pour un candidat d'extrême-gauche afin de faire barrage dès le premier tour à l'extrême-droite, ce n'est pas du même ordre de sacrifice que de demander à un électeur de gauche de voter pour un candidat centriste pour faire barrage à l'extrême-droite qui a déjà passé le premier tour. Le degré de "sacrifice" ou de renoncement idéologique est variable en fonction de son positionnement politique.
J'ai corrigé
en gras rouge cette phrase. C'est fou de vouloir nier que Mélenchon est d'extrême-gauche, ou au mieux de gauche radicale, et devoir absolument vouloir mettre Macron à droite alors qu'il est assez centriste, la droite le mettant plus centre-gauche à la gauche le mettant plus centre-droit.