Heu désolé mais avec un RSA tu survis à peine et t'es bien en dessous du seuil de pauvreté. Manger et avoir un toit EST très compliqué si t'as pas des proches qui font acte de solidarité à ton égard. C'est pas de l'assistanat, c'est à peine de la miséricorde. Et non, ça ne te permet pas d'avoir une vie "cool", comme tu sembles le penser. T'es exclu de la grande majorité des activités sociales en dehors de l'associatif/bénévolat, et tu vis avec une pression psychologique de culpabilité de ne pas avoir d'utilité reconnue aux yeux de la société, avec toute l'anxiété et la dépression qui va avec.
Le discours que tu portes est d'une indécence terrible, la misère et la pauvreté c'est drôle nulle part.
Ah, malheureusement, y a toujours un moment où on est lu et compris de travers, et où on se fait répliquer d'abord sur le registre de l'émotion. Bref…
Alors, déjà, j'ai pas dit ça : c'est la personne à qui je répondais qui érigeait limite le RSA en mode de vie. Moi j'ai juste évoqué mon cas personnel du chômage. Et j'ai juste souligné qu'on ne peut pas comparer l'expérience du chômage-RSA dans une économie qui tourne, et de la menace de ce qu'il pourrait être, peut-être, dans une économie qui s'écroule.
Maintenant on mélange quand même deux trucs très différents, là :
- l'assurance-chômage, qui est un système contributif. Il y a une mutualisation du risque. Principalement, le système est financé par des cotisations sociales prélevées sur les salaires (sur la part "patronale" pour l'essentiel, et pour quelques-uns sur la part "salarié") - et accessoirement, désormais, par la CSG. En caricaturant, c'est une assurance entre travailleurs. Et c'est la rationalité de toute assurance. Mais pour la financer, il faut que le niveau de sinistre reste soutenable. C'est comme ton assurance-habitation : si ta maison crame, tu peux toucher une indemnité financée par les cotisations de tous ceux dont la maison est encore là - si toutes les maisons crament en même temps, c'est impossible d'indemniser. Là, c'est un peu pareil : à 30% de chômage, le système est intenable ; soit on augmente le coût du travail à un niveau délirant, soit on baisse l'indemnisation, soit on remet à plat le financement du système.
D'où ce que je disais : on peut pas arguer du système de chômage actuel pour dire "vous inquiétez pas, ça va bien se passer votre chômage", si on est face à une récession majeure et durable.
- le RSA, qui est une redistribution de richesse sur une idée de solidarité. Le RSA de base est versé par les départements, qu'ils financent par leurs ressources (hors emprunt et dotation de l'Etat, il s'agit essentiellement de la fiscalité locale : taxe foncière, CVAE, droits de mutation immobilier, etc.).
Avec là encore, le même problème : plus le département est riche, plus cela lui est facile d'assurer ce financement de solidarité - et plus il est pauvre, et plus c'est le cercle vicieux, de la hausse de la demande de solidarité, avec toujours moins de moyens pour l'assumer. Plusieurs départements tirent déjà la langue, et demandent à ce que ce soit repris par l'Etat. Avec la récession économique qui s'annonce, le financement du RSA, tel qu'il existe actuellement, va devenir encore plus critique.
Du coup c'est les 30% de chômage, ou l'action politique, qui a causé ces résultats ?
"On a réduit les aides aux chômeurs par politique d'austérité, du coup les gens étaient dans la merde !"
Ouah.
Pour la Grèce, la politique d'austérité leur a été imposée par l'Europe et le FMI, certes. Mais c'est le bordel économique dans lequel ils étaient qui les a contraint a accepté un prix pareil. L'autre alternative qui était évoqué à l'époque, c'était un scénario sur le modèle de la crise argentine de 2000, avec refus de la tutelle économique du FMI : ça fait pas bander non plus.
C'est tout le problème d'avoir recours aux usuriers : il vaut mieux éviter d'être dans une merde économique t'obligeant à avoir recours à leurs "remèdes". Mais si la dimension politique n'est pas négligeable, la racine du problème était quand même économique.
Après, 1936 nous enseigne qu'on peut constater des avancées sociales dans un contexte d'appauvrissement économique. Mais il faudrait déjà retrouver une solidarité sociale - je ne vois pas trop comment le climat actuel d'individualisme exacerbé peut conduire à ce genre de redite.