Dépense publique, Fonction publique et Service public

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Prenons la SNCF : si on veut faire des économies, suffit de faire un audit par des gens du privé pour voir ce qui coûte le plus cher et rapporte le moins. On appelle ça "se recentrer sur son corps de métier".
Et après une analyse détaillée des coûts et recettes de l'entreprise, il parait évident à n'importe quel consultant de McKinsey qu'il suffit de supprimer les locomotives. Pas besoin des cheminots cheffaillons et gaspilleurs pour le déterminer.
Si tu fais un tour à la SNCF c'est parodaxalement les intermédiaires type McKinsey, CapGE et compagnie qui coûtent un pognon dingue pour faire des présentations powerpoint et du reporting (Alors que n'importe quel technicien qui gère de la SI peut les sortir)

Mais vu que c'est du prvié c'est forcément opti il parait.
Citation :
Publié par Zgarr
Si tu fais un tour à la SNCF c'est parodaxalement les intermédiaires type McKinsey, CapGE et compagnie qui coûtent un pognon dingue pour faire des présentations powerpoint et du reporting (Alors que n'importe quel technicien qui gère de la SI peut les sortir)

Mais vu que c'est du prvié c'est forcément opti il parait.
Ce n'est malheureusement pas exclusif à la SNCF.
Citation :
Publié par Zgarr
Si tu fais un tour à la SNCF c'est parodaxalement les intermédiaires type McKinsey, CapGE et compagnie qui coûtent un pognon dingue pour faire des présentations powerpoint et du reporting (Alors que n'importe quel technicien qui gère de la SI peut les sortir)
En fait, ça s'explique assez facilement :
https://twitter.com/kamilkazani/stat...57338758713484

Les techniciens possèdent effectivement toutes les compétences requises. Mais ces compétences ne sont pas accessibles aux actionnaires/ministres/acquéreurs. Ces derniers n'ont strictement aucune compréhension possible du fonctionnement interne d'une entreprise comme la SNCF ou d'une usine un tant soit peu compliquée : ce sont des boîtes noires, qui fonctionnent sur l'expérience et la compétence collective d'ingénieurs et de techniciens. A jamais hors de portée de mecs sortis de HEC, de l'ENA ou de Harvard, et de toute manière non organisées, non compilées.
Ce qui donne un pouvoir énorme à ces salariés indispensables et les met en position de force face aux investisseurs. Ce qui est insupportable pour ces derniers, un peu comme si un berger dépendait entièrement du bon vouloir de ses moutons et que c'étaient ces derniers qui étaient les seuls capables de tondre leur propre laine.
Je ne sais pas si vous pouvez réaliser à quel point c'est odieusement insupportable lorsqu'on fait partie d'élites globales formées dans les meilleurs écoles de commerce que d'être dépendants d'ingénieurs sortis d'un polytech de province ou pire de gars dont les seuls diplômes sont des trucs passés en interne dans une carrière de 30 ans. C'est révoltant, comme quand un conducteur de classe S doit faire la queue derrière une laguna.

Donc, faut changer ça. Et faire appel à des cabinets de consulting dont le taff est de pulvériser le fonctionnement interne et de produire de la "connaissance", des "audits" avec des camemberts et des power-points qui seront accessibles aux actionnaires. C'est le rêve de l'entreprise sans usine. Et ça marche aussi bien pour une industrie capitaliste que pour une grosse administration complexe, comme l'institution judiciaire par exemple. Quand tu as vocation à faire partie des maîtres du monde, c'est intolérable de ne rien comprendre aux machins que tu es censés contrôler. Il faut donc les défoncer à coups de masse et les faire entrer dans un schémas de fonctionnement que tu es capable de maîtriser.
Citation :
Publié par Aloïsius
Prenons la SNCF : si on veut faire des économies, suffit de faire un audit par des gens du privé pour voir ce qui coûte le plus cher et rapporte le moins. On appelle ça "se recentrer sur son corps de métier".
Et après une analyse détaillée des coûts et recettes de l'entreprise, il parait évident à n'importe quel consultant de McKinsey qu'il suffit de supprimer les locomotives. Pas besoin des cheminots cheffaillons et gaspilleurs pour le déterminer.
Le DG actuel, viré par Macron alors qu'on aurait pu le conserver un peu, a fait tout le contraire mais comme il a réussi à redresser la trajectoire en étant à contre courant de ce que prône Jupiter, dégages vite fait par la limite d'âge.
La macronie reste de l'ancien temps, si ca marche et que ca rentre dans le modèle ca va, si ca marche et que ca ne rentre pas dans le modèle ca dégage alors qu'on nous a promis l'inverse.
L'ancien et toujours l'ancien monde...de droite.
D'ailleurs un gouvernement de gauche pourrait certainement le prolonger sans se faire censurer.
Par contre le gouvernement démissionnaire usurpateur actuel ne le fera pas.
Ouais bravo pour l'intelligence les mecs

Genre t'as un beauf de droite agressé par 3 beaufs (pas mieux) d'extrême-gauche.

Pas des masses d'intelligence et de nuance ni d'un côté ni de l'autre

On comprend pourquoi le pays est super mal parti.
Citation :
Publié par Zardok
Ce mépris ignoble envers les fonctionnaires.Ce délire grotesque et parano et insultant sur "des fonctionnaires cheffaillons" qui viendraient saboter en interne la politique du gouvernement.


Les seuls responsables de la mauvaise gestion des finances de Paris sont Hidalgo et ses prédécesseurs. Tu peux bien mettre à la place de Castets qq un venant du privé, il ne fera pas de miracle ! Mais pour s'en rendre compte, il faudrait que tu arrêtes le délire consistant à chercher des bouc émissaires... le seul militant ici c'est toi.

Au fait, Castets a fait partie de Tracfin, tu sais ceux qui enquêtent sur le blanchiment d'argent. Gênant pour certains, n'est ce pas ? Et en plus elle ose défendre les services publics !
Tu caricatures mon propos.
Je n'ai pas de mépris global sur les fonctionnaires.
D'ailleurs mes deux parents l'étaient, partis en retraite très récemment. Ils sont donc particulièrement bien placés pour me renseigner sur les défauts du fonctionnement de notre système. Et je serais bien idiot de dénigrer toute entière la catégorie à laquelle mes deux parents (que j'adore) appartiennent.

La cible de mon propos c'est les hauts fonctionnaires qui se permettent d'aller à l'encontre des décisions politiques en dépit de tout bon sens.
Note que j'aurais le même reproche à l'encontre de haut fonctionnaires qui suivraient des ordres idiots en dépit de tout bon sens (comme par exemple ceux qui ont poursuivi la destruction de masques "périmés" jusque tard dans le mois de février 2020).

Avoir un poste de haut management cela donne des responsabilités. Quand on a ce type de responsabilités, on les assume, y compris en allant challenger les ordres des supérieurs. Et s'ils sont idiots, et que les chefs au dessus ne peuvent être raisonnés, on part faire autre chose. On ne cautionne pas, par sa présence et sa signature, des inepties. Quand c'est le privé, c'est une responsabilité vis à vis des actionnaires et de l'économie. Quand c'est le public, c'est une responsabilité vis à vis de l'ensemble de la société.
C'est en tout cas les valeurs qui sont les miennes. Je l'applique régulièrement dans mon travail. Même si je me trompe parfois, et si évidemment cela ne plait pas forcément sur le moment d'être challengé, je crois que c'est apprécié.
Citation :
Publié par Metalovichinkov
Ben voyons.

Une boite commence à faire des économies quand les marges baissent, sinon c'est du grand nawak. Et faire des économies n'est pas forcément une bonne chose, cf Boeing récemment.
C'est avec cette recherche d'économie qu'on s'est retrouvé à revendre les autoroutes, à avoir un hopital public de pire en pire et qui coute cher, etc...

Le service publique est rentable quand le service qu'il rend est utile. Ne pas se prendre un platane parce que y'a des nids de poule gros comme des piscines olympiques, ça te permet à toi et des milliers d'autres gens d'aller bosser pour payer leurs impots
J'ai jamais dit que le privé était parfait.
Malheureusement, une bonne partie des travers qu'on trouve dans la haute administration et le gouvernement peuvent se retrouver dans les grandes entreprises. Elles sont tellement grosses qu'elles sont quasi comparables à un état, par la taille de l'organisation, la déconnexion de la base qui en découle, la dilution de responsabilité...

Justement, la France est en déficit constant depuis des décennies et n'a jamais fait d'économie sérieuse.
Elle économise sur ce qui est important (le service public) et pas trop sur ce qui ne l'est pas (par exemple le budget de l'élysée qui apparemment explose, les divers frais de représentation...) Elle laisse dériver la dette comme si cela ne comptait pas.

Pour mieux illustrer mon propos, je souscris totalement au discours d'Aloisius ici.
Une entreprise doit être gérée par quelqu'un qui comprend comment elle fonctionne.
Sinon, c'est le travers que j'ai appelé ci haut la "déconnexion de la base". Et évidemment aucune organisation ne peut fonctionner si celui qui prend les décisions, les prend de manière déconnectée de ce qui sera fait sur le terrain.

Pour le cas de Boeing, économiser sur la conception d'un système à tel point qu'il peut faire crasher l'avion deux fois de suite en quelques mois, c'était évidemment idiot.

Quand je dis appliquer les méthodes du privé, ce n'est évidemment pas les pires méthodes du privé que je défend... Apparemment il fallait clarifier.
Je défends plutôt l'état d'esprit du père de famille qui gère son entreprise familiale avec une vision long terme, qui privilégie l'investissement pour une rentabilité durable sur un résultat court terme, et qui a pour stratégie de réussir en maximisant la qualité de son produit et l'adaptation à son marché.

Dernière modification par Lesterknob ; 04/08/2024 à 18h35.
Citation :
Publié par Lesterknob
Quand je dis appliquer les méthodes du privé, ce n'est évidemment pas les pires méthodes du privé que je défend... Apparemment il fallait clarifier.
Je défends plutôt l'état d'esprit du père de famille qui gère son entreprise familiale avec une vision long terme, qui privilégie l'investissement pour une rentabilité durable sur un résultat court terme, et qui a pour stratégie de réussir en maximisant la qualité de son produit et l'adaptation à son marché.
Oui enfin, c'est pas la mairie de Marolles-en-Beauce avec ses 3 employés pour 240 habitants qui doit faire des économies. La fonction publique d'état c'est 2.5millions de personnes, tu ne gères pas ça comme une entreprise familiale avec une vision long terme.

Et, encore une fois, la fonction publique n'a pas être rentable mais doit rendre un service efficace. Payer plus cher pour la même chose c'est nul, mais payer trop cher pour rendre un service reste préférable à arrêter ce service. Et ça fait 30 ans qu'on applique ça qu'à la marge alors que ça devrait être la norme.
Ha, on ne doit pas gérer la fonction publique d'état avec une vision de long terme ?
Conception intéressante.

Je n'ai jamais dit que le service public devait être rentable. Juste qu'il ne devait pas gaspiller l'argent. C'est différent.
Evidemment que le bénéfice du service public est "impalpable" et non mesurable, ou en tout cas non traduisible directement en valeur monétaire.
Si le nid de poule devant chez moi est rebouché, je n'ai aucune idée de la manière dont je pourrais le valoriser.

Payer trop cher pour rendre un service moyen n'est pas préférable à payer le juste prix pour rendre le bon service, au niveau voulu par les habitants.
Citation :
Publié par Aloïsius
En fait, ça s'explique assez facilement :
https://twitter.com/kamilkazani/stat...57338758713484

Les techniciens possèdent effectivement toutes les compétences requises. Mais ces compétences ne sont pas accessibles aux actionnaires/ministres/acquéreurs. Ces derniers n'ont strictement aucune compréhension possible du fonctionnement interne d'une entreprise comme la SNCF ou d'une usine un tant soit peu compliquée : ce sont des boîtes noires, qui fonctionnent sur l'expérience et la compétence collective d'ingénieurs et de techniciens. A jamais hors de portée de mecs sortis de HEC, de l'ENA ou de Harvard, et de toute manière non organisées, non compilées.
Ce qui donne un pouvoir énorme à ces salariés indispensables et les met en position de force face aux investisseurs. Ce qui est insupportable pour ces derniers, un peu comme si un berger dépendait entièrement du bon vouloir de ses moutons et que c'étaient ces derniers qui étaient les seuls capables de tondre leur propre laine.
Je ne sais pas si vous pouvez réaliser à quel point c'est odieusement insupportable lorsqu'on fait partie d'élites globales formées dans les meilleurs écoles de commerce que d'être dépendants d'ingénieurs sortis d'un polytech de province ou pire de gars dont les seuls diplômes sont des trucs passés en interne dans une carrière de 30 ans. C'est révoltant, comme quand un conducteur de classe S doit faire la queue derrière une laguna.

Donc, faut changer ça. Et faire appel à des cabinets de consulting dont le taff est de pulvériser le fonctionnement interne et de produire de la "connaissance", des "audits" avec des camemberts et des power-points qui seront accessibles aux actionnaires. C'est le rêve de l'entreprise sans usine. Et ça marche aussi bien pour une industrie capitaliste que pour une grosse administration complexe, comme l'institution judiciaire par exemple. Quand tu as vocation à faire partie des maîtres du monde, c'est intolérable de ne rien comprendre aux machins que tu es censés contrôler. Il faut donc les défoncer à coups de masse et les faire entrer dans un schémas de fonctionnement que tu es capable de maîtriser.
Sérieux, faut arrêter la caricature dans les 2 sens ffs. La pour le coup on dirait que c'est toi qui n'a jamais travaillé.

Avant que je ne poursuive, je tiens a préciser que ni le public, ni le privé ne sont parfaits, et que les 2 ont des choses a apporter a la société.

Donc je disais: si tu avais travaillé, tu en aurais rencontré:
  • des "ingénieurs sortis d'un polytech de province ou pire de gars dont les seuls diplômes sont des trucs passés en interne dans une carrière de 30 ans" qui soit sont nuls, soit suivent des processus formés lors du dernier déluge, qu'ils ne comprennent pas ou qui n'est pas adapté aux situations actuelle (hint: le monde change. Et des solutions qui marchaient il y a 5 ans ne marchent pas forcement aujourd'hui, et marcheront peut être de nouveau dans 10 ans ou 50 ans). L’ancienneté n'est pas gage de qualité, ni d’être formé dans une fac de province.
  • "des boîtes noires, qui fonctionnent sur l'expérience et la compétence collective d'ingénieurs et de techniciens". Bravo, les black box que personne ne comprend, et les "single point of failure". Demain Aristide a un AVC ou se fait rouler dessus par un bus, la connaissance est perdue et la merde peut arriver. En tant qu'amateur de SF, essaie de te souvenir dans fondation ce qui se passait quand la connaissance de centrales nucléaires était fait de boite noires et de rituels. Je sais que ca fait bander les gens que d'etre un clé de voute, mais ca n'a aucun sens, ni pour les entreprises, ni pour le public.
  • le secret des parasites, c'est pas de "des cabinets de consulting dont le taff est de pulvériser le fonctionnement interne et de produire de la "connaissance", des "audits" avec des camemberts et des power-points qui seront accessibles aux actionnaires" Ils s'en foutent. Leur rôle, c'est d'enlever la responsabilité des décideurs. Et le secret au carré, c'est qu'en fait les décideurs commanditent la réponse aux consultants a l'avance (bah sinon ils auront pas la mission suivante). Donc le consultant, c'est un peu Rome qui finance les berbères pour obtenir un casus belli contre Carthage
  • ton désamour des "élites" commence a virer vers le populisme (le bon vieux "on a pas besoin des experts"): il y en a des bons, et des moins bons. Tu auras des gens a X ou a l'ENA qui ont un nouveau intellectuel inconcevable pour toi (sisi), idem pour des gens venu de la fac de province (sisi aussi). En fait, on peut avoir des gens fantastiques dans divers endroits. Et des nuls aussi. Et il y a statistiquement plus de mauvais dans les établissements qui siphonnent les 9/20 que ceux qui siphonnent les 18/20, même si bien sur il y a des biais sociaux. Tu soulèves toutefois un vrai problème qui est la formation des administrations, problème que les chinois ont eu avec leurs mandarins, qui se formaient a repliquers les vieux raisonnements et ont contribué a encrasser la société.
  • il y a une utilité aux consultants parfois, soyons honnêtes: parfois une boite est tellement encrassée dans ses traditions et n'a pas assez de ressources pour faire son propre consulting interne (tu prend pas un CDI ou CDD pour ca), bah avoir une opinion externe sur ce qui ne va pas peut, parfois (rarement), valoir le coup et le coût.
Sur le debat en général, selon moi, la solution serait que dans TOUS les domaines l'Etat garde un acteur publique.
Si le privé veut faire ses preuves, il doit donc réussir a fournir un service égal et moins cher, tout en améliorant les processus suffisamment pour générer une marge a ses actionnaires. Si il n'y a pas assez d'inefficacité dans le public, bah ca veut dire que c'est idéal pour la société, et tant pis pour le privé qui ne fera pas ses sous dans ce secteur.
Citation :
Publié par Lesterknob
Ha, on ne doit pas gérer la fonction publique d'état avec une vision de long terme ?
Conception intéressante.
Oui evidemment, je te cite mot pour mot et tu décides de tronquer. On ne gère pas le service public comme une entreprise familiale, que la dite entreprise familiale a une vision long terme ou non.
Cette comparaison à une entreprise familiale est de toi.
Citation :
Publié par Metalovichinkov
Oui evidemment, je te cite mot pour mot et tu décides de tronquer. On ne gère pas le service public comme une entreprise familiale, que la dite entreprise familiale a une vision long terme ou non.
Cette comparaison à une entreprise familiale est de toi.
Evidemment pas exactement de la même manière, mais si tu relis mon propos, tu verrais qu'il y a des points saillants à reprendre.
La vision long terme.
La gestion en bon père de famille (= ne pas laisser s'accumuler une dette exorbitante)
Préférer l'investissement long terme à la vision court terme.
Eviter les gaspillages.
Eviter la dilution de responsabilité (un chef d'entreprise familiale qui merde, tout le monde voit que c'est lui)
Eviter le syndrome "too big to fail" qui autorise à faire n'importe quoi.
Miser sur la qualité du produit et son adéquation à la volonté du consommateur
Privilégier les compétences réelles aux diplômes et aux réseaux
Etc..

Il y a beaucoup de points positifs à reprendre.

Il y aurait aussi des points à ne pas reprendre. Par exemple impossible de fonctionner avec des outils informatiques peu performants quand on a 2.5 millions de gens à gérer.
Mais bon c'est de l'ordre du détail.
L'essentiel c'est ce que j'ai listé, je pense.
J'ai pu discuter avec un militaire récemment. L'armée semble illustrer de manière exagérée les travers qu'on peut reprocher au secteur public dans sa vision la plus caricaturale, en tout cas pour la vision que cette personne m'en a transmise.

Il y a plusieurs points qui ont transparu, je pars du plus spécifique au plus général.
- Ce militaire me parle de la mission sentinelle. Des patrouilles de militaires sur tout le territoire. Ici le sujet n'est pas leur justification, leur efficacité, leur but, mais purement leur organisation. Les militaires sont affectés de manière relativement aléatoire sur tout le territoire. Et une fois en mission, ils y sont à 100%, sans permission de sortie. Même s'ils habitent relativement près de leur caserne temporaire, ils ne peuvent pas rentrer chez eux, même s'ils passent à la base pour se changer et en ressortir complètement en civil, purement sur leur temps libre.
Ce genre d'organisation peut être vécu de manière purement vexatoire, et pour compenser ce genre de mauvaise organisation.. pas de secret.
Et je ne parle pas ici de l'organisation des shifts, du paiement d'heures supplémentaires... Un militaire dans un pays est européen a porté plainte contre son armée et a obtenu l'application du droit du travail. Chez nous, le droit du travail n'est pas appliqué, donc l'armée ne tient que par le dévouement et le silence de militaires qui font des heures non payées, qui sont "en réserve" en permanence, sans compensation, etc... Evidemment, ceci a ses limites aussi.
- La notion de grade. Ici on parlait des erreurs de paie spécifiquement, qui sont légion (et qui là encore ne sont pas le signe d'une gestion efficace ni d'une bonne fidélisation de la troupe) apparemment. Un sous officier va voir le comptable de la base pour obtenir des explications. A n'importe quel moment, si le comptable, mieux gradé, donne l'ordre au sous officier de sortir, il ne peut plus rien faire, il doit sortir, même s'il était victime d'une erreur véritable sur sa paie. Inversement, un officier supérieur pourrait bénéficier d'un traitement de faveur de la part de ce comptable qui se trouverait dans cette nouvelle situation moins gradé.
Quand des considérations autres que la vérité, les faits, passent en premier dans des décisions, ces décisions voient leurs chances d'être les mauvaises augmenter fortement.
C'est un principe général qui est applicable partout.
- Et le plus choquant, la gestion des effectifs. La plupart des militaires de cette unité sont sous officier, avec un contrat de 6 ans initialement. Ce contrat est un engagement ferme, de part et d'autre. Pour ceux qui auraient raté l'info, la rupture unilatérale du contrat c'est de la désertion, passible de prison. L'armée constatant une déperdition d'effectifs assez importante (ce qui est coûteux en ressources de formation..), lance une grande enquête pour savoir comment fidéliser les troupes. Ils répondent au sondage en sachant pertinemment qu'ils ne peuvent pas demander d'augmentation sensible de leur solde, et, réalistes, se contentent principalement de mesures organisationnelles. Par exemple, fiabiliser la paie (à défaut de l'augmenter), concentrer les "réserves" ou "gardes de nuit" ou autres éléments casse-pieds du planning sur une période donnée, afin d'en être débarrassé le reste du temps, améliorer certains process, bref de l'organisationnel à cout quasi nul. La réponse de l'armée ?
Je vous la donne après ces informations supplémentaires, pour pouvoir mieux en juger.
Dans l'unité, en raison d'une forte charge de travail, d'une certaine inadéquation entre le personnel et le travail, certains se mettent en arrêt maladie longue durée. A vrai dire, 20% des effectifs sont en arrêt maladie longue durée. Ben oui, ils ne peuvent pas démissionner, ils ne peuvent pas obtenir une mutation si facilement que ça, ils sont en burnout, ils s'arrêtent. L'armée, les personnels, et la société, nous sommes triplement perdants. Ces personnels sont démotivés, dévalorisés, inoccupés. L'armée perd des personnels, leur travail se répercute sur les autres, ce qui comporte un risque d'effet boule de neige. Pour les RH, les postes sont occupés, donc nul besoin de recruter pour remplacer. Et la société paie des militaires à ne rien faire chez eux, alors qu'ils pourraient trouver un autre poste ailleurs dans l'armée, ou dans le privé si on les laissait partir.
La solution retenue par l'armée à ces problèmes organisationnels ? Augmenter la durée du contrat à 9 ans. Ce qui empire le problème sur les 3 points cités plus haut.
Edit : j'oubliais le deuxième effet kiss cool. Les meilleurs éléments peuvent revendre leurs compétences dans le privé après leur contrat. La plupart du temps ils ne pensaient jamais faire ça, car il faut tout de même un certain dévouement pour entrer dans l'armée, mais le dévouement dépassant toutes leurs attentes, ils trouvent une solution de repli. Restent alors les moins bons qui ne peuvent pas se reconvertir, et ceux qui ont pris gout aux arrêts maladie longue durée. Tout ceci est évidemment une vision "caricaturée", car on a l'impression que 100% des bons partent, 100% des mauvais restent, et 100% de l'unité est en arrêt, évidemment les chiffres réels sont plus crédibles que ça. Il y a dans l'unité en question 20% de longues maladies.
Vu que les bons partent, reste ensuite l'application du principe de Peter.

Ici, c'est encore une fois une vision décorrélée de la réalité qui mène à des décisions plus que discutables.

Bref, cette histoire illustre parfaitement trois principes qui sont transposables à n'importe quelle entreprise, administration, ou organisation.
La seule différence entre le public et le privé, c'est que le secteur public au sens large peut décider de son chiffre d'affaires.
- Quand les décisions ne sont pas prises sur la base des faits, de la vérité, et de raisonnements logiques, les décisions qui en découlent ne peuvent être les meilleures
- Une analyse qui ignore les faits et qui se base sur une vision fantasmée des faits ne peut mener à un raisonnement logique et des décisions correctes
- Des sous optimisations dans le fonctionnement d'une organisation peuvent exister indépendamment du manque de budget de celle-ci, peuvent faire perdre de l'argent parfois malgré des moyens humains supérieurs (leur travail est alors contre productif), et résoudre ces sous optimisations peut donc permettre de faire des économies à qualité de service constante ou croissante.

La bonne application des deux premiers principe permet d'identifier les sous optimisations discutées au troisième point.

Dernière modification par Lesterknob ; 26/08/2024 à 10h57.
Le ministre de la fonction publique a annoncé que la GIPA ne serait pas versée en 2024. Et probablement supprimée.
Citation :
La garantie individuelle du pouvoir d'achat (Gipa), indemnité versée chaque année en octobre aux fonctionnaires dont la rémunération a progressé moins vite que la hausse des prix, ne sera pas versée en 2024 en raison des contraintes budgétaires, a appris jeudi 24 octobre franceinfo auprès du ministère de la Fonction publique.
La gipa est versée dans le cas où la hausse de la rémunération est plus faible que l’inflation. Pour la plupart des fonctionnaires, comme le point d’indice suit peu l’inflation, c’est leur augmentation à l’ancienneté qui est mangée, ce qui revient in fine à une forme de déclassement.

Pour ceux qui sont arrivés en fin de carrière ou dont la hausse liée à l’ancienneté ne suffit pas, il y avait le versement de la GIPA sous forme d’une prime (qui n’intègre donc quasiment pas la retraite) pour compenser l’inflation.

Le gouvernement a décidé de la supprimer en 2024 et envisage de le faire définitivement. L’idée défendue par Kasbarian serait de faciliter l’accès des fonctionnaires aux logements sociaux dont on manque déjà. Autrement dit défausser la responsabilité de l’employeur de payer correctement ses employés sur les bailleurs sociaux.

Dans le même temps, Kasbarian veut aussi passer le nombre de jours de carences d’1 à 3 jours en citant l’exemple du privé. Il oublie volontairement que 75% des salariés du privé voient leur carence prise en charge par l’employeur.

Il oublie aussi que certes la fonction publique a plus de jours de carences mais que cela varie beaucoup entre la fonction publique d’Etat qui a 2 jours de moins que le privé et celle des collectivités locales qui en 5 de plus que dans le privé. Mais aussi avec des populations différentes qui rend les comparaisons complexes. Il y a majoritairement des catégories C et beaucoup d’emplois manuels la fonction publique territoriale comparativement au privé.

Bref la droite macroniste fait ce que la droite fait depuis longtemps : attaquer les fonctionnaires.
Citation :
Publié par Dens
Mais pourquoi omets tu que le nombre de jours d'arrêt maladie dans la fonction publique a augmenté de 79% (!!!!) sur les 10 dernières années ? (de 43 millions à 77 millions).

https://www.francetvinfo.fr/economie...e_6863144.html
Ce sont "les chiffres du gouvernement", donc, par les temps qui courent, suspects. Je parie qu'ils comprennent notamment les jours pris par du personnel essoré par les baisses de moyens, notamment la FPH.
La façon la plus efficace de faire monter les jours d'arrêt à but politique, c'est encore de volontairement mettre en danger la santé des concernés, ce à quoi Macron s'est consciencieusement attaché.
Citation :
Publié par Touful Khan
Ce sont "les chiffres du gouvernement", donc, par les temps qui courent, suspects. Je parie qu'ils comprennent notamment les jours pris par du personnel essoré par les baisses de moyens, notamment la FPH.
La façon la plus efficace de faire monter les jours d'arrêt à but politique, c'est encore de volontairement mettre en danger la santé des concernés, ce à quoi Macron s'est consciencieusement attaché.
Tu vas me faire pleurer les pauvres fonctionnaires qui ont la santé plus fragile que les employés du privé.
Citation :
Publié par Dens
Mais pourquoi omets tu que le nombre de jours d'arrêt maladie dans la fonction publique a augmenté de 79% (!!!!) sur les 10 dernières années ? (de 43 millions à 77 millions).

https://www.francetvinfo.fr/economie...e_6863144.html
Et donc au lieu de se demander pourquoi ça augmente et notamment l’impact du management et de la gestion, l’idée c’est de pénaliser les fonctionnaires en leur appliquant des règles qui ne sont même pas appliquées dans le privé ?

D’autant que la fonction publique d’Etat est en dessous donc j’imagine que par harmonisation tu es prêt à rendre obligatoire 3 jours de carence d’ordre public dans le privé ?

On a de plus en plus du mal à recruter dans la fonction publique à cause de la faiblesse des salaires et du peu d’avantages par rapport au privé.

Mais continuons ainsi. On aura plus que les plus mauvais dans la fonction publique.
Continuons à abuser aux frais du reste de la population sur le dos de la bête mourante, aucun soucis.

He bien que nos amis fonctionnaires partent dans le privé, on verra si ils peuvent se mettre autant en arrêt de travail sans pression, avec le management bienveillant.
Si les conditions du privé sont plus attrayantes et si d'autres emplois payent mieux qu'ils y aillent, je suis POUR que le marché se régule.

Tant que les gens s'assument aucun soucis, par contre >80% d'augmentation faut arrêter de se moquer du monde.
Citation :
Publié par Aedean
On a de plus en plus du mal à recruter dans la fonction publique à cause de la faiblesse des salaires et du peu d’avantages par rapport au privé.
Il ne faut pas idéaliser « le privé »…
Citation :
Publié par Dens
Tu vas me faire pleurer les pauvres fonctionnaires qui ont la santé plus fragile que les employés du privé.
Pour quelqu'un qui se plaint sans cesse de la fragilité des autres, c'est paradoxal.
Citation :
Publié par Dens
Continuons à abuser aux frais du reste de la population sur le dos de la bête mourante, aucun soucis.

He bien que nos amis fonctionnaires partent dans le privé, on verra si ils peuvent se mettre autant en arrêt de travail sans pression, avec le management bienveillant.
Si les conditions du privé sont plus attrayantes et si d'autres emplois payent mieux qu'ils y aillent, je suis POUR que le marché se régule.

Tant que les gens s'assument aucun soucis, par contre >80% d'augmentation faut arrêter de se moquer du monde.
C’est déjà la réalité. On a énormément de mal à recruter dans la fonction publique en raison du manque d’attractivité.

Il suffit de voir les candidats aux concours de la fonction publique, le niveau est moins bon qu’auparavant.

Et puis si on peut autant abuser dans la fonction publique comme tu l’affirmes, on se demande bien pourquoi on a du mal à recruter.

Et derrière ça donne des services publics de moins bonnes qualités.

Pour le reste de ton propos, tu ne réponds pas à ce que je dis. Il y a moins d’absentéisme dans la fonction publique d’Etat que dans le privé, faut-il donc aligner le privé sur le public ?

D’autant que tu démontres une méconnaissance assez forte de la réalité de la fonction publique. Les abus il existent comme dans le privé mais c’est loin d’être la majorité.

Au lieu de regarder pourquoi l’absentéisme augmente et notamment dans la FPT, on préfère mettre en œuvre une mesure purement financière qui va pénaliser les services et les agents. En tant que manager, j’ai pas envie de voir des gens avec la gastro venir travailler et me contaminer et contaminer le reste de l’équipe. Et c’est ce qui va se passer parce que perdre 3 jours de rémunérations et n’être payé que 90% le reste de l’arrêt maladie, ça va inciter les gens ne plus prendre d’arrêté courts. Par contre comme ils seront mal soignés, ils auront ensuite des arrêts plus longs.

Dernière modification par Aedean ; 28/10/2024 à 13h32.
Citation :
Publié par Aedean
Et donc au lieu de se demander pourquoi ça augmente et notamment l’impact du management et de la gestion, l’idée c’est de pénaliser les fonctionnaires en leur appliquant des règles qui ne sont même pas appliquées dans le privé ?

D’autant que la fonction publique d’Etat est en dessous donc j’imagine que par harmonisation tu es prêt à rendre obligatoire 3 jours de carence d’ordre public dans le privé ?

On a de plus en plus du mal à recruter dans la fonction publique à cause de la faiblesse des salaires et du peu d’avantages par rapport au privé.

Mais continuons ainsi. On aura plus que les plus mauvais dans la fonction publique.
Ca serait bien d'arrêter le ouin-ouin sur les salaires dans la FP trop bas par rapport au privé alors que la réalité c'est que tant qu'on ne tape pas dans les 20% les mieux payés du privé, mieux vaut bosser dans la FP, on y sera mieux payé ou pas plus mal payé. Et même quand on parle des 20% l'écart est loin d'être exorbitant.
La FPT c'est particulier parce que les catégories C y sont largement sur-représentés ce qui écrase totalement la courbe de salaire.

Voir page 18
https://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/publications/rapport-annuel/cc-2023-web.pdf

Je sens venir les "oui mais" dans tous les sens.
Faites vous plaisir.
Mais des exemples de x ou y qui ont des responsabilités supérieures mais gagnent moins que ce qu'ils estiment qu'ils devraient on en trouve partout.
Perso je suis pour qu'on ait les mêmes salaires qu'en Suisse, sauf que j'ai dans l'idée que ça ne pourrait se faire qu'en sortant de l'euro pour pouvoir dévaluer fortement notre monnaie, et que magiquement l'inflation ferait que le pouvoir d'achat réel ne changerait pas.
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