Publié par
Crevard Ingenieux
L'évolution de l'adhésion aux idées d'extrême-droite ce n'est pas un phénomène discret qui n'advient qu'au moment de la campagne électorale, c'est un mouvement continu. La baisse de l'extrême-droite est à mettre au crédit du mandat de Jacques Chirac, pas juste à l'élection de Sarkozy . Si d'ailleurs tout se jouait uniquement à l'élection, et si c'était la propension à appliquer ou non les idées d'extrême-droite qui était le facteur d'influence, l'extrême-droite aurait du exploser au milieu des mandats de Mitterrand, ce qui n'est pas le cas. Elle aurait du encore baisser au moment de l'élection de Hollande (Sarkozy n'ayant fait que droitiser son discours et sa politique durant son mandat), et c'est l'inverse. Ton analyse ne résiste pas aux faits têtus : l'extrême-droite progresse (par avance : ce n'est pas le seul facteur) quand on applique sa politique, qu'on diffuse ses idées, qu'on reprend ses discours et sa rhétorique (Bolloré ne colonise pas des médias par pur amour de la presse).
Je connais le point de vue de la gauche sur le sujet et je ne le partage pas, je ne crois pas que le déni des problèmes soit une solution pour faire reculer le RN, ça a déjà exclut la gauche du pouvoir, donc à mon avis si les autres avaient suivi le même chemin, on aurait juste précipité d'avantage l'arrivée du RN au pouvoir.
Que vous le vouliez ou non, les alertes lancées par l'extrème droite ont été hélas validées par les faits, sur l'intégration source de communautarisme, sur l'islam et le risque de fracture. C'est justement par dogmatisme et pour ne pas être assimilé à l'extrème droite qu'avec une certaine forme de lâcheté, les modérés n'ont pas osé dire les choses, dénoncer les problèmes et plus important, les traiter. D'ailleurs ceux qui ont eu l'audace de les dénoncer se sont toujours retrouvé renvoyé dos à dos avec l'ED (par la gauche bien souvent, toujours avide d'une nouvelle chasse aux sorcières) pour finir persona non grata en politique. Ainsi personne ne s'occupait du problème, on le renvoyait sous le tapis avec la poussière et on laissait aux successeurs la joie d'emporter avec eux la bombe à retardement.
La suite on la connait, un Islamisme rampant qui a empoisonné les esprits d'idées séparatistes, d'une idéologie de haine et qui aboutira à des tueries de masses totalement aveugles.
On peut bien essayer de présenter le problème dans le plus bel emballage universaliste pour détourner le regard d'une communauté et d'une religion en particulier, c'est difficile d'empêcher les gens de voir la réalité de la merde dans laquelle, inconsciemment peut être, la France s'est enfoncée.
A partir de là, pour le RN y a plus qu'à engranger les points, non seulement on est bien obligé de constater que les faits leurs donnent raison sur les mises en gardes (sur ce sujet, sur le reste il a souvent dit de la merde), mais en plus parcequ'il faut traiter ces problèmes dont personne voulait s'occuper (étant le terrain de jeu de l'extrème droite). Ce faisant bien entendu on doit parler de sécurité, d'Islam, de problème d'intégration, d'assimilation etc... Et bref, parler des thèmes préférés du RN et valider une à une toutes leurs thèses (même si heureusement les méthodes différent). Évidemment comme le problème est profondément ancré dans la société (du fait de décennies de démission des gouvernements) et que les résultats tarderont à arriver ou la colère retomber, pendant ce temps là les idées du RN remontent et poussent à toujours plus de radicalité parceque les Français veulent des résultats palpables, à portée de vue dans la rue.
L'Histoire est ce qu'elle est, mais il n'existe pas un monde où elle ne se serait pas produite, même avec la vraie gauche au pouvoir, les même difficultés tragiques seraient apparues et soit la gauche y aurait répondu en conformité avec les attentes des Français, soit elle aurait été dégagée à la première élection venue, pour être remplacée par la droite dans un premier temps, et peut être l'extrème droite si la patience des Français est usée ou leur colère ne désemplit pas. Bon c'est peut être au final plus ou moins ce qu'il s'est passé, y a peut être un coté inéluctable à tout ça, mais en tout cas ce qui est certain c'est que ce sera difficile à éviter.
Ce qui me semble certain en revanche c'est qu'aller en sens inverse est totalement suicidaire et de toute façon massivement rejeté par les Français.