Peut-être parce que les problèmes rencontrés à l'heure actuelle par une majorité de français ne se résolvent pas à l'échelle locale mais à l'échelle nationale ? Ou que c'est l'impression que donne le paysage politique ?
Ça c'est un fait directement lié aux réseaux sociaux, de mon point de vue. Aujourd'hui, d'autant plus avec les nouvelles régions, il n'y a plus de problématique "régionnalisée". Chacun peut partager sa vision sur internet, les uns et les autres se rendent bien compte que leurs problèmes sont les mêmes qu'ailleurs. En un sens, les réseaux sociaux ont rapproché les français.
Peut-être aussi que la politique gouvernementale a un impact significatif sur la vie locale, que les maires se plaignent (à raison) d'être entre le marteau et l'enclume et d'être de moins en moins compétents et de ne plus pouvoir exercer leur mandat aussi librement qu'auparavant. Aujourd'hui la colère est (légitimement ou non, ce n'est pas la question) dirigée contre le gouvernement parce que la centralisation des compétences et du pouvoir décisionnel n'échappe pas aux électeurs, qu'ils aient conscience ou non des tenants et aboutissants. Et cela est directement lié à la coïncidence des calendriers électoraux.
Dans le cas des élections de 2017, LREM profite grandement du profond désaveu du PS et de la ruine totale qu'était (et est toujours) LR. Les français râlent parce que leurs votes n'étaient en rien des votes d'adhésion (pour une grande majorité des votants aux présidentielles). Combien d'ex-PS et d'ex-LR ont changé d'étiquette pour les législatives ? C'est là qu'on voit toutes les limites du système électif français.
À l'échelle "locale", la figure étatique "ultime", c'est souvent le député. C'est lui qui fait (ou est censé faire) le lien entre l'électorat, le peuple, et le gouvernement, à travers l'AN. Hors comment établir (ou rétablir) ce dialogue, cette intermédiation, puisque la grande majorité des députés sont LREM et auront, pour beaucoup, l'étiquette "agent du gouvernement" ? À quoi bon privilégier cet interlocuteur quand tu peux interpeller le président de la République plus ou moins directement par la voix de la rue ? Et surtout, à quoi bon discuter avec un porte-parole du gouvernement ?
Je dis cela en connaissance de cause, en Haute-Vienne, ce sont 3 députés LREM qui officient. En Creuse, 1 député LREM. Pour les rares interventions de Jean-Baptiste Djebbari (qui est, des 4 députés, le plus actif/visible), j'ai plus l'impression d'avoir à faire à un porte-parole du gouvernement qu'un député. Ce sentiment, je pense que de nombreux électeurs l'ont vis à vis de leurs représentants.
Pour mémoire, ces personnes sont majoritairement issues de la société civile. Pour ainsi dire, ils se sont impliqués dans la vie politique. Les mauvaises langues diront que c'est plus par ambition personnelle ou opportunité carriériste que par conviction et volonté de changement. Pour beaucoup, ils ne font pas de la politique, ils font de la communication. Ce ne sont que des relais, ce qui remet en cause leur légitimité à nous représenter puisqu'ils font l'exact inverse de ce qu'est supposer être leur mission principale.
Le RiC, c'est la réponse (maladroite) à cette problématique. Alors qu'à mon sens, décaler de 2 ans les législatives redonneraient beaucoup de pouvoir d'expression aux électeurs.