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Dans l'émission C ce soir du 16/09/2025 le sujet est "Israel le grand isolement". Karim Rissouli l'animateur de l'émission présente les invités, ainsi que le célèbre réalisateur Nadav LAPID dont le dernier film ("Oui") est le sujet central de l'émission. Dans cette émission, Nadav LAPID va quelque peu décontenancer les autres invités en expliquant sa vision de la société israélienne.
Nadav LAPID est réalisateur, scénariste, acteur, écrivain et critique littéraire israélien.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nadav_Lapid
https://www.france.tv/france-5/c-ce-...isolement.html
Le verbatim entier de l'émission est disponible dans : https://res.cloudinary.com/ddjgzjpb2...isolement.docx
L'animateur présente les autres invités :
{Laure Adler et Nathan Devers : Israël, c'est un pays que vous connaissez bien, d'ailleurs, l'une et l'autre.
Samuel Blumenfeld : Critique de cinéma, vous êtes l'une des grandes plumes du journal Le Monde, également contributeur pour la revue Academe, premier site juif d'information culturelle. J'ajoute qu'Israël est un pays que vous connaissez très bien.
Judith Cohen-Solal : Psychanalyste et autrice, vous allez vous aussi régulièrement en Israël.
Marc Nobel : Grand spécialiste de l'antisémitisme, vous qui vous intéressez de près à la politique et à la société israélienne.
Alexandra Schwarzbrot : Journaliste, directrice adjointe de la rédaction de Libération, ancienne correspondante à Jérusalem et autrice de plusieurs romans, eux aussi, sur la société israélienne.}
L'ensemble des invités annonce un grand attachement à Israël. Aucun palestinien en vue, l'émission va tourner autour de la question de l'état de la société israélienne.
L'animateur fait une présentation du film.
{Animateur : Ce film, c'est le miroir d'une société traumatisée qui a soif de vengeance. C'est un film à la fois trash et mélancolique. Je pense qu'on peut le dire comme ça, avec une question en creux. Y a-t-il une manière normale d'être israélien après le 7 octobre ? Et c'est un film, en tout cas, essentiel qui contribue au débat indispensable que nous devons avoir sur ce qui se passe là-bas.}
En effet, selon Nadav Lapid, la société israélienne est "profondément malade".
{Animateur : Voilà pour cette bande annonce, Nadav Lapide. Et ces dernières images qu'on vient de voir ont d'ailleurs été tournées en face de la bande de Gaza, la vraie bande de Gaza. On va y revenir notamment avec Nathan tout à l'heure. D'abord, on le voit, il y a un côté un peu fou, décadent, malade. Est-ce que vous diriez que c'est le reflet, pour vous, de ce qu'est devenue la société israélienne ?
Nadav Lapid : Oui. Malheureusement, oui. Je l'ai dit avec tristesse, puisque toutes les critiques, toutes les reproches, tous les mals que je peux dire et que j'ai dit sur la société israélienne, je l'ai dit aussi par rapport à moi-même. J'en fais partie quand je parle d'une âme collective israélienne qui est profondément malade. Je pense qu'elle est profondément malade. Je parle aussi de mon âme à moi.}
Nadav Lapid décrit une société israélienne "totalement aveugle". Une société qui a une vision d'elle-même complétement à "l'opposé de la réalité", et qui devant toutes les critiques provenant du monde entier, les rejette systématiquement en invoquant l'antisémitisme.
Il explique que le rôle des vrais amis d'Israël serait de montrer aux israéliens ce qu'ils sont devenus.
{Animateur : De votre maladie à vous aussi, quelque part.
Nadav Lapid : Oui, oui, oui. Je pense qu'un des symptômes les plus désastreux de cette maladie, c'est l'aveuglement. C'est l'aveuglement total. Moi, je suis né à Tel Aviv, j'ai grandi à Tel Aviv. Toutes les belles choses, ou presque toutes les belles choses qui me sont arrivées dans ma vie me sont arrivées là-bas, dans les rues de Tel Aviv. C'est toujours fou qu'il y ait un trajet d'une heure en voiture de Tel Aviv à Gaza. Et pourtant, l'aveuglement est tellement profond. Je pense qu'on connaît ça très bien de la psychologie. D'abord, pour essayer de soigner, de faire face à une maladie, il faut d'abord être conscient. Je pense que c'est une société qui se détache de plus en plus du monde. Qui a une vision d'elle-même qui est tellement à l'opposé de la vérité. Qui se réaffirme de plus en plus. Qui attend par un tel niveau d'aveuglement que je pense que la grande partie des Israéliens aujourd'hui ne comprennent pas ce que le monde veut d'eux. Pourquoi le monde est si hostile. Pourquoi le monde est si opposé. Donc évidemment, qu'est-ce qu'on fait ? On utilise à l'infini ces mots antisémitisme, antisémitisme, antisémitisme, qui existent. Mais qui est devenu la rémède pour chaque critique.
Nadav Lapid : Moi je pense toujours que le monde, mais surtout, est qui se voit comme des amis d'Israël. Et si les obligations envers ce pays, envers les habitants de ce pays, c'est de poser, de mettre, de placer un miroir à la taille du soleil pour qu'on voit ce qu'on est devenu.}
Nadav Lapid semble reprendre la célèbre phrase de Nietzsche : " Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir monstre soi-même. Si tu plonges longuement ton regard dans l'abîme, l'abîme finit par ancrer son regard en toi."
{Laure Adler : [...] vous dites à un moment, je vois Gaza, mais Gaza me voit aussi. Ça veut dire quoi ?
Nadav Lapid : Je pense que ça veut dire que vous vivez avec vos crimes. Pour moi, vous avez dit que vous vivez avec les drames, c'est vrai, mais je pense que les drames, c'est un drame qui se transforme en une tragédie, c'est une tragédie que nous, on est en train de créer. Donc vous vivez tout le temps avec vos crimes. Et oui, moi, quand je suis là-bas, quand je suis sur place, j'ai l'impression que, de la manière que c'est dit dans les films, Gaza me voit en train de la brûler.}
Nathan Devers reproche respectueusement à Nadav Lapid de négliger l'opposition israélienne à Nethanyahou.
En réponse, Nadav Paid se désole qu'en France, on cherche toujours à lui faire dire qu'il y a aussi du bon dans la société Israélienne.
Puis d'une voix désabusée il livre un terrible réquisitoire : selon lui, le problème d'Israél n'est pas Netanyahou. Le problème d'Israél, c'est son peuple qui commet un génocide. Il explique que même dans les manifestation le sort des palestiniens n'est que très très rarement évoqué. Et la plupart de ceux qui réclame la libération des otages, précisent ensuite qu'une fois les otages libérés, alors bien sûr le génocide pourra se poursuivre...
{Nathan Devers : il me semble qu'il y avait un aspect qui n'était pas présent dans votre film, c'est quand même le fait qu'une partie très importante de la société israélienne depuis deux ans ne dit pas Ken aveuglément, et elle dit non. Alors certes, elle ne le dit pas beaucoup en invoquant les morts civiles palestiniennes, mais quand même une opposition toutes les semaines, avec des centaines de milliers de personnes, voire plus, à la politique du gouvernement, des gouvernements successifs, et à la réalité de cette situation et de cette guerre.
Nadav Lapid : [...] si vous m'adressez cette question. J'ai toujours cette impression, mais d'ailleurs je l'ai depuis des années, je dois dire, bien avant le 7 octobre, quand je suis interviewé en France, qu'il y a une forme de déception du fait que je ne dis pas qu'en Israël, la société israélienne, qu'il y a des bons et des mauvais au sein de la société israélienne, que je ne donne pas suffisamment de la place à ce qu'on appelle le camp de la paix, le camp de la paix ou la gauche israélienne en général, le camp de la paix dans la société israélienne, qu'il y a une sorte d'esprit et de volonté humaine basique et fondamentale que je comprends très bien, de croire à une sorte de réalité plus complexe dans ce sens-là, ou tout simplement de croire à l'espoir.
Moi, malheureusement, je ne vois pas les choses d'une telle manière. Je ne crois pas que le problème d'Israël, c'est le gouvernement de Netanyahou.
Nadav Lapid : J'aurais adoré être ici comme, je ne sais pas comment, Jaffer Panahi, qui parle du régime, réalisateur iranien, oui, réalisateur iranien, qui parle du régime, qui fait parler du régime, dire du mal du régime, mais faire clairement la distinction entre le peuple et le régime. D'abord, Israël, c'est encore une démocratie, au moins pour les juifs, et dans ce sens-là, je pense que ce qui est commis en Israël appartient au peuple. Et je pense que ce génocide qui est en train de se commettre appartient à nous tous. Et vous avez parlé des manifestations. Moi, j'ai participé à pas mal de ces manifestations, mais ces manifestations, je pense, comme vous le savez bien, portent sur la libération des otages. Les otages, surtout. Et d'ailleurs, vous pouvez très très souvent entendre des gens dans ces manifs qui montent sur scène, qui font un discours, qui disent, d'abord, on va libérer les otages, et après, on pourrait reprendre la guerre. Ce n'est pas un problème. Il n'y a aucun conflit, aucune contradiction entre les deux. Ce qu'on entend très très très peu dans ces manifestations, je parle des grandes manifestations, ce qu'on entend très très très peu, c'est les mots Gaza. On parle très peu du destin des Gazaouites dans ces manifestations-là. On a du mal même d'entendre une phrase banale du genre « c'est horrible ce qui se passe là-bas ». Même une phrase pareille est extrêmement rare.}
Ensuite Nadav Lapid regrette la médiocrité de la presse et de la classe politique française pas la hauteur selon lui. Il déplore cette vision binaire, qui répète des phrases creuses, qui refuse de voir la réalité des choses. Puis il explique que l' esprit génocidaire qui s'est répandu dans la société israélienne date de bien avant le 7 octobre.
{Animateur : Oui, je crois que le premier tour de manivelle de votre film, c'était le 7 octobre. C'est le 7 octobre 2023, [...] Comment l'avez-vous vécu ?
Nadav Lapid : Peut-être que je répondrai d'une manière plus générale. Je pense, le 7 octobre, moi, ça fait 4 ans qu'à peu près que j'habite à Paris, donc le 7 octobre j'étais à Paris, 2 semaines plus tard, je suis allé en Israël, c'était une forme de naissance aussi du film, une forme de nécessité, d'obligation de réagir à tout ce qui s'est passé, tout ce qui s'est préparé déjà. Mais donc, je les vivais comme l'Israélien que je suis, mais aussi comme quelqu'un qui habite à Paris, donc à travers les réactions que j'ai vues dans la presse, dans la politique française, enfin, en France, et je trouvais que la plupart des réactions n'étaient pas à la hauteur du moment, qu'il y avait quelque chose de binaire et d'ennuyé, j'avais l'impression que les gens répétaient des formules anciennes au lieu de regarder la réalité dans les yeux.
Je pense que celui qui regardera mes films depuis l'après-midi n'aurait pas été si étonné que ça par la cruauté de la vengeance israélienne et par cet esprit génocidaire qui s'est éparpillé dans cette société, parce que je pense que ça répondait aux symptômes assez graves qui existaient bien avant le 7 octobre.}
Intervention de Alexandra Schwarzbrot qui explique que le colonisation qui est un "cancer" pour israël.
{Alexandra Schwarzbrot : Sur ce plateau, il y a quelques années, sur ce même plateau, je vous disais que... Avant le 7 octobre. Bien avant le 7 octobre. Que la colonisation était un cancer pour Israël. Et qu'il rongeait cette société. Et je pense que tout vient de là. La colonisation qui a abîmé cette société. Qui a donné de l'importance, de plus en plus d'importance aux colons. Et on voit bien que leurs représentants aujourd'hui sont au pouvoir. Qui a donné de l'importance à l'armée. Parce que qui dit colonie, qui dit colons, dit armée. Pour les protéger. Et pour tailler des routes. Et pour surveiller les checkpoints, etc. Et donc cette colonisation a totalement perverti cette société. Et donc c'est ça le drame aujourd'hui. C'est que, à la limite, le problème c'est que quand Benjamin Netanyahou ne sera plus au pouvoir, il y aura toujours cette partie, cette moitié, je crois qu'elle représente aujourd'hui, cette moitié de la société israélienne qui est constituée de colons, de religieux, d'extrémistes, d'ultranationalistes. Et ceux-là, comment...}
Marc Nobel n'a pas vu le film ... c'est dommage. En tout cas, il est plutôt chagrin du pessimisme de Nadav sur la faiblesse de la réaction de la société israélienne. Nadav répond que malheureusement, elle ne remet pas en cause l'essentiel.
{Marc Nobel : D'abord, malheureusement, je n'ai pas vu le film. Donc je ne peux pas en parler. [...]
quand je vois tous ces Israéliens qui manifestent, qui expriment leur refus de ce qui se passe, je ne peux pas dire qu'il n'y a rien. Il y a quelque chose. Est-ce que c'est suffisant ? Non. Est-ce que c'est à la hauteur ? Non. Mais est-ce que ça existe ? Oui.
Marc Nobel : Je crois qu'il y a, dans la société israélienne, une bataille qui est très forte, qui est très dure, qui est très violente aussi, entre une partie qui s'accommode de ce qui se passe et une autre partie qui dit non. Et je crois que c'est ça qu'il faut aussi entendre, même si je comprends que vous ne le voyez pas, vous, de la même manière. Moi je le vois comme ça.
Nadav Lapid : Oui… Ce que vous dites est vrai, mais je crois que cette résistance reste trop souvent enfermée dans des cadres qui ne remettent pas en cause l’essentiel. Les gens disent non à certaines politiques, non à Netanyahou, non à telle ou telle décision, mais ils ne disent pas non à l’occupation, ils ne disent pas non à ce qui se passe réellement à Gaza. Et tant que ce pas-là n’est pas franchi, on reste, je crois, dans un entre-deux qui empêche la véritable remise en cause.}
[...]
Judith Cohen-Solal rappelle que quand même il y a eu le 7 octobre. Il ne faut pas oublier le 7 octobre !
Nadav réplique en indiquant ce que cela ne peut pas tout justifier, à l'infini.
{Judith Cohen-Solal : Et puis, il ne faut pas oublier le poids du traumatisme. Le 7 octobre reste une plaie béante. Beaucoup d’Israéliens n’arrivent pas à penser au-delà, ils sont figés dans la douleur, dans l’angoisse. C’est aussi cela qui nourrit la fermeture, le repli, la radicalisation.
Nadav Lapid : C’est vrai. Mais le risque, c’est que ce traumatisme devienne une justification infinie. Quoi qu’il se passe, quoi que l’armée fasse, quoi que le gouvernement décide, on dira : ‘Oui mais le 7 octobre’. Et on ne sortira jamais de ce cercle.}
[...]
A nouveau Marc Nobel invoque la résistance du peuple israélien contre le fanatisme du gouvernement. Nadav Lapid réplique que cette résistance ne porte pas sur l'essentiel.
{Marc Nobel : Et le peuple israélien n'est pas forcément Ben Gvir et M. Smotrich, les ministres des finances, qui sont selon moi des fanatiques. Donc il y a quand même un Israël de la résistance, de la résilience, du non qui s'exprime. Peut-être pas comme vous le souhaiteriez, mais malheureusement voilà.
Nadav Lapid : Ce n'est pas une question de ce que je souhaite ou pas, la question ce n'est pas s'ils utilisent les bons mots ou pas. Le problème, c'est qu'ils ne manifestent pas pour les bons motifs. Je vous donnerai un exemple. Il y a trois ans ou quatre ans, il y avait des centaines de milliers d'Israéliens qui ont inondé la rue pour protester contre les réformes judiciaires et la tentative de faire attendre le pouvoir de la Cour suprême. Des dizaines de militaires dégradés, des pilotes de chasse ont annoncé qu'ils allaient refuser de faire partie de l'armée. Ça a mis une pression énorme sur ce gouvernement. Aucun parmi eux ne refuse aujourd'hui de brûler Gaza. Aucun parmi eux ne refuse aujourd'hui de jeter des bombes sur des enfants et des femmes et des hommes qui n'ont rien fait. Je trouve ça hallucinant. Tous ces gens qui sont tellement opposés à Netanyahou, qu'est-ce qui les dérange autant chez Netanyahou ? Ces petites histoires de corruption qui sont tellement banales et tellement typiques ? Par contre, le fait qu'il s'agit d'un criminel de guerre, ça dérange très peu. C'est pour cela que je dis qu'il faut quand même être sincère.}
[...]
Nadav Lapid insiste, la pire chose à faire à Israël c'est de la défendre inconditionnellement. En effet , cela encourage sa tendance à la victimisation. Au contraire, il faut tendre un miroir aux israéliens, pour qu'ils se rendent enfin compte des atrocités qu'ils commettent.
{Nadav Lapid — Mais je crois que, de mon point de vue, vous faites pas du tout du bien, ni à Israël, ni aux Israéliens, en insistant ainsi de le protéger, de le protéger, de le défendre, de n'importe quelle critique.
Ce que vous faites, c'est juste encourager un aveuglément, qui existe de toute façon. Ce que vous faites, c'est encourager un sentiment de victimisation qui est un des pires problèmes de cette société.
Mais vous vous faites repenser. Non, non, non, non, et tant, et tant, et tant, si Israël vous tient en guerre, j'ai l'impression qu'il faut pas exclure les Israéliens, cette impunité, exclure les Israéliens d'un jugement moral de base,
je pense que c'est la pire chose qu'on peut faire à ce pays.
Nadav Lapid — Il faut mettre les Israéliens face aux images qu'on voit aujourd'hui, par exemple, du fusée de Gaza. Est-ce que ça c'est pas atroce ? Est-ce que c'est pas horrible ? Comment des Israéliens seront capables de se regarder dans les miroirs ? Comment les sont-ils ? Et leurs enfants ? Est-ce que vous voyez pas que c'est une tâche morale d'une taille de l'océan ?}
Et Nadav Lapid de prendre un terrible exemple mais si démonstratif de l'avilissement des consciences dans la société israélienne ...
{Nadav Lapid — Je voudrais vous raconter une petite anecdote du tournage.
Pour ceux qui ont vu le film, ou pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, il y a cette scène, la scène de l'hymne, où on a rassemblé des enfants.
Des enfants entre 7 et 10 ans.
Interlocuteur ? — Pour chanter cet hymne-là ?
Nadav Lapid — Oui, pour chanter cet hymne. Ce nouvel hymne ? Oui, ce nouvel hymne. C'est-à-dire qu'on a montré dans le film la véritable vidéo, mais après, on fait une sorte de scène complémentaire où on rassemble les enfants. On a trouvé une chorale d'enfants pour qu'ils chantent bien. On les a tournés sur le toit de gratte-ciel, à Tel Aviv.
On voit toute la ville, etc.
Nadav Lapid — Moi, j'arrive sur le plateau pour le tournage. Qu'est-ce que je vois ? Je vois que ces quarantaines d'enfants sont accompagnés de leurs parents.
Il y a à peu près 70 ou 80 parents. Ils se tiennent avec moi, avec l'équipe, derrière la caméra. Je me dis que ça va être compliqué, puisqu'ils vont écouter leurs enfants en train de chanter des paroles terribles, des paroles génocidaires, exterminations. Dans un an, plus rien ne vivra là-bas. Plus rien ne vivra là-bas, etc.
Nadav Lapid — Je me dis que j'étais extrêmement inquiet. Les plans étaient techniquement assez compliqués.
Il y avait un drone et tout. Du coup, il fallait faire une dizaine de prises, peut-être même plus. Même pas un parmi eux. Ces gens, quand même.
Ils venaient d'écouter leurs enfants qui chantaient ces mots génocidaires et terribles. Pas une, pas deux, pas trois fois. Dix fois d'affilée.
Même pas un parmi eux a posé la moindre question, avait la moindre interrogation.
Nadav Lapid — Je me dis que je suis aussi parent. Vous avez parlé de ça.
Si j'avais vu mon fils en train de chanter les louanges de Gaza qui brûle en feu, la seule chose qu'ils m'ont dite, ces gens,
qui ne sont pas ni des monstres, mais la seule chose qu'ils m'ont dite, c'est...
Est-ce qu'on arrive à voir mon fils, j'ai l'impression qu'il est un peu trop loin de la caméra. Est-ce qu'il y a un moyen de les mettre un peu en avant ?
Nadav Lapide — Je pense que ce n'est pas anodin. Je pense que ce n'est pas anodin.
Je pense que le fait... Et d'ailleurs, ils se vantaient. Ils m'ont dit... À la fin, ils m'ont dit, vous avez vu,
on a travaillé sur les paroles pendant toute la semaine pour qu'ils connaissent bien les enfants.
Moi, je pense que ce n'est pas anodin. Je pense qu'encore une fois, on ne peut pas appeler chaque chose qu'on n'aime pas dans la société israélienne,
extrême-droite, extrême-droite. Je pense que c'est devenu une sorte de formule magique pour purifier les autres. }
D'après Nadav Lapid, l'extrême droite ne doit pas être invoqué pour dédouaner le reste de la société israélienne.
Enfin dans le reste de l'émission, c'est le sujet du boycott qui est discuté.
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