Hier soir, j'ai vu un débat assez intéressant sur un plateau TV Belge (LN24), les protagonistes étaient un infectiologue réputé et qui est devenu porte parole national, un juge et un caricaturiste qui suit la crise Covid de très près.
On avait donc un mec qui est le nez dans le cambouis depuis le début et qui s'est vu affecté à une tâche de communication de par ses capacités à expliquer les choses avec des mots simples, un juge pour débattre sur les côtés "légaux" et le fond des choses et un mec qui n'a rien à voir la dedans mais qui apporte des questions que se posent toute personne lambda. L'absence totale de politicien a vraiment amené un débat très intéressant.
Ce qui a été dit par l'infectiologue et les deux autres (je relate les grandes lignes, d'autres choses ont été dites mais je ne me souviens pas de tout) :
- Le Covid ne va finalement pas apporter une surmortalité aussi importante qu'on le craignais sur une large période. La période de grippe "traditionnelle" a été très faible d'octobre 2019 à mars 2020 comparé aux autres années. Pour lui, les personnes habituellement fauchées par cette grippe (vieux, fragiles, etc...), ont été épargnées puis y sont passées avec l'arrivée du Covid. Le pic de surmortalité a donc été principalement déplacé dans le temps de quelques mois. Le cafouillage de mars va sûrement amener à plus de décès que sur les mêmes périodes antécédentes, mais une fois remis sur l'échelle d'une année, ca sera sûrement moindre que ce qu'on craignait.
- La crise Covid mets surtout en avant deux points, le manque de préparation et de moyens au niveau hospitalier (ca on le savait déjà), mais également et surtout une gifle concernant la vision et l'application que l'on a de la manière de gérer la vieillesse dans nos pays/coutumes. Parquer tout ce monde hyper fragile dans des endroits saturés, avec très peu de moyens en personnel et capacités d'adaptation en cas de gros souci, c'est peut-être pas le top.
- Pour l'infectiologue, si les courbes ne baissent pas d'ici 10 jours, un reconfinement total ou quasi total au mieux, sera impossible à éviter. D'ici la fin octobre/début novembre, si les hospis ne baissent pas, tous les hôpitaux seront à saturation, pas tant niveau places, mais niveau personnel pour gérer les malades.
- Note positive, il a annoncé l'arrivée d'un vaccin pour la 2eme quinzaine de mars 2021, sauf gros couac dans les dernières phases, mais pour lui les phases les plus critiques sont passées. Selon lui, ca ne sera pas le produit miracle immédiatement, mais ca permettra de soulager les personnes les plus vulnérables en baissant drastiquement les risques de complication. Mais cela prendra quelques mois pour voir les effets. En attendant, les hospitalisations devraient baisser fortement et soulager les services, tout en faisant baisser également la mortalité, et donc on pourrais revenir progressivement à une vie normale.
- Pour les vaccinations, la priorité ira aux personnes fragiles et au personnel soignant. Concernant les types sanguins les moins touchés, le tri ne se fera pas la dessus, car même si les O+ sont moins sujets à avoir des complications comparé aux A+, ils ne sont pas immunisés pour la cause.
- D'ici la, on risque effectivement de passer encore par une ou deux périodes de confinement plus stricte, afin de faire baisser les courbes et soulager les services de soin.
- Quand on lui a demandé quelle était la différence entre mars et aujourd'hui, il l'a expliqué simplement :
En mars :
- Personnel pas fatigué et au taquet.
- Pas de matériel de protection.
- Maladie inconnue et très stressante, erreurs commises dans la précipitation.
Aujourd'hui :
- Personnel fatigué, stressé et en fort absentéisme.
- On a le matos qu'il faut.
- On connais un peu mieux la maladie, ce qui permets d'éviter les erreurs commises en mars.
Il compare ca à une bataille, lors du premier assaut, les soldats ne savent pas sur quoi ils vont, ils sont motivés et foncent dans le tas avec des armes pas spécialement adaptées.
Pour le second assaut, les armes sont adaptées, mais les soldats survivants se sont mangé une purge lors du premier assaut, du coup ils sont moins nombreux, ont peur et sont stressés à l'idée d'y retourner.
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