Alors résumons la logique implacable de certains ici face aux émeutes :
Phase 1 :
Ça n'existe pas vraiment. "C'était pareil avant", ou alors c'est juste la faute des médias qui "en font trop". On nous demande même de "comparer avec des samedis soirs normaux". Bref, on minimise à tout-va.
Phase 2 :
Si ça existe, c'est pas eux, c'est l'État. Le ministre "organise le chaos" (merci LFI, encore), la police "provoque", ou le gouvernement est "incapable". Pratique.
Phase 3 :
Bon, ils ont cassé, mais...
- C'est des victimes ! "Pourquoi une jeunesse en arrive à foutre le feu ?", "des gens qui n'arrivent pas à boucler leur fin de mois".
- Punir, c'est pire ! "Punir pour punir, ça n'a aucun sens", ça "empire la situation".
- Et de toute façon, on ne peut pas punir, même si on le voulait ! On nous explique doctement qu'on "atteint des limites pratiques" : pas assez de places en garde à vue, pas assez de fonctionnaires, pas assez de preuves, une justice qui ne pourrait pas "absorber ce niveau de comparution", et bien sûr, les "prisons sont pleines" et on est "condamnés par la CEDH". Donc, comprenez bien, même si par miracle on décidait d'agir, le système lui-même nous en empêcherait. Et si on voulait plus de moyens, ca serait liberticide et une mauvaise utilisation des fonds de l'état, de toute facon. Pratique.
- Ils sont fragiles ! Ils se sont "excusés", ils ont un "casier vierge", 500€ d'amende "c'est déjà une somme", on va "les mettre dans la merde", "c'est pas sûr que ce sont eux", "ils sont arrivés après".
- Et le coup de grâce : Critiquer = "faire le jeu de l'extrême-droite". Silence dans les rangs.
Au final, cet enchaînement de déresponsabilisation, de justifications, d'aveu d'impuissance systémique et de menaces de diabolisation politique mène où ?
Très simple : à ne rien faire. À ne surtout rien vouloir faire, ou à accepter qu'on ne
peut rien faire.
Parce que si on suit cette "logique" :
- On ne peut pas critiquer les actes sans être suspect. C'est délirant d'en être arrivé la. Au point qu'un député au milieu d'émeutiers qui crament et volent tout ne trouve rien d'autre à faire que chier sur la police et le ministre.
- On ne peut pas sanctionner sans être inhumain, contre-productif, ou tout simplement parce que, comme on vient de nous le démontrer avec force détails, le système est incapable d'encaisser une réponse à la hauteur.
- On ne peut pas tenir les individus responsables sans nier les "causes profondes" ou les "limites pratiques" (qui excusent tout, apparemment).
Le résultat ? Un sentiment d'impunité totale pour ceux qui cassent, qui pillent, qui agressent. Et le message envoyé, c'est que la tranquillité des habitants, la sécurité des biens, le respect des règles communes, tout ça pèse moins lourd que les "états d'âme", les "difficultés" (réelles ou supposées) des émeutiers, ou l'incapacité structurelle de notre société à leur opposer une réponse ferme.
Et ce sentiment d'impunité est bien réel: ces évènements se multiplient, s'intensifient, se radicalisent, de manif en manif et d'émeutes en émeutes. Le discours de la police totalitaire en france est tellement absurde dans ce contexte: c'est tout l'inverse.
Et c'est là tout le problème de ce discours : le petit "oui, ce qu'ils font c'est mal" lâché du bout des lèvres pour la forme ne trompe plus personne. Car il est systématiquement suivi d'un "mais" monumental qui déroule l'avalanche d'excuses, d'explications sur notre incapacité systémique à réagir, et le couplet sur "ne pas faire le jeu de l'extrême-droite". Les gens ne peuvent tout simplement plus entendre cette rengaine. Car au bout du compte, cette rhétorique, qu'elle invoque la sociologie victimaire ou les défaillances logistiques de l'État, ne sert qu'à une chose : elle déresponsabilise les auteurs, invisibilise les victimes, et érige le casseur et ses "raisons" (ou l'impossibilité de le sanctionner) en sujet principal, le protégeant de toute conséquence réelle. C'est une inversion totale où celui qui subit doit comprendre et se taire, pendant que celui qui détruit est disséqué sous toutes les coutures, sauf celle, essentielle, de sa propre responsabilité. Et même lorsque sa responsabilité évidente est trouvée, il y en aura toujours pour trouver de bonnes raisons de ne toujours rien faire.
Et pourtant, même si nous n'avons peut-être pas les moyens de combattre ce fléau, ca ne coûte pas bien cher de ne pas raconter de conneries du style "c'est la faute de la police".
C'est vraiment Nahel bis-repetita: je n'ai aucune idée du gain de score du RN à cause de ces émeutes encouragées à demi-mots par certains responsables politiques, mais il ne doit vraiment pas être négligeable.