Il s'agit de spéculations de ma part. Au final je ne suis pas chez Bioware et j'ignore ce qui se passe au juste dans ce studio.
Par contre j'ai souvent pris part à des processus créatifs avec une équipe au long de ma carrière, y compris pour des jeux, j'ai participé à quelques Game Jam, aussi bien en tant que compétiteur que jury, donc j'ai une petite idée de comment ça se déroule, les dynamiques qui se mettent en place entre différents membres de groupe, les critiques, comment elles peuvent être prises, les querelles d'égos, les pressions que chacun peut ressentir pour donner son avis, les groupes qui peuvent se former au fil du développement etc.
Et effectivement, quand il y a des problèmes à l'arrivée, la cause est souvent compliquée, nuancée, constituée de non dits etc. Et dans le cas de Bioware il est assez clair que les problèmes du studio ont commencé bien avant que le wokisme ne s'invite à la fête.
Seulement voilà,, quand tu rajoutes de l'idéologie dans l'équation c'est mort de chez mort. Ca a un effet amplificateur sur absolument tous les problèmes :
Ca grippe la créativité, multiplie les tensions entre membres par 10, fragmente le groupe, force chacun à marcher sur des œufs quand il s'adresse à un autre, créer une sale ambiance de suspicion, rend les compromis beaucoup plus difficiles à accepter etc.
Et si tu introduit ça dans un grand studio type Bioware qui souffre déjà de problèmes de création par comité, tu te retrouves avec une machine monstrueusement inefficace, qui le devient de plus en plus avec le temps, régit par la peur et où le moral est en berne. C'est à peu près le pire environnement qu'on puisse imaginer pour la créativité.
Et entendons nous bien, je tape sur ce fil sur le wokisme parce que c'est / c'était l'idéologie prépondérante du moment dans le milieu du divertissement et qui a fait de gros dégâts ces dernières années mais toutes les idéologies sont comme ça.
Si dans 5 ans des studios se font infecté par un truc qui s'appellerait mettons le "vrai-patriotisme" avec des mecs obsédés par le nationalisme, le masculinisme ou je sais pas quoi aux commandes, ça sera tout aussi catastrophique.
Intéressant, je comprends d'où viennent tes points valides sur les dynamiques qui peuvent se mettre en place dans les équipes.
Apres comme je les ai vu se mettre en place sans aucun lien avec une idéologie quelle qu'elle soit, je trouve cela peu pertinent pour expliquer le truc.
Imagine ce que tu as vécu dans une game jam, ben tu le mets a l'échelle d'une grosse prod, tu passes au carre, au cube ou je sais pas peut etre 10^12
- équipe qui se compte en centaine de personnes
- complexité tech & design & business sans commune mesure
- enjeux financer colossaux
- durée de projet qui se compte en années, avec une multitude de points de passage, des coups bourres, une pression en continue, du turn over dans les équipes avec des pertes de connaissances et des trucs que tu sais même plus 4 ans après pourquoi c'est la...
Et on a juste gratté le vernis, il y a plein d'autres usual suspects :
- la relation avec le publishing qui peut toujours être tendue pour plein de raison. Des agendas ou des visions qui sont pas alignées, qui ne répondent pas aux mêmes besoins ou aux mêmes buts. Par exemple AC Japon la qui a la responsabilité de sauver Ubisoft, je peux juste essayer d'imaginer l'enfer que cela peut être pour l'équipe.
- Et puis tout le contrôle du publisher qui pense surtout en asset management et peut alourdir le process et va side-racker les équipes sur des trucs peu liés a la qualité du jeu, créer du bruit comme on dit en prod. Avec en miroir une perte de contrôle coté prod.
- Les choix tech. DAV c'est sur frostbyte et ca a été imposé par EA. Ca a plein d'implications pour la prod, le moteur c'est ce qui permet et limite. Mais pas juste en terme de ce que tu peux faire mais comment tu le fais, pour les workflows, pour merge ou bake des builds...
- Et pour les rachats de studios comme Bioware, tu as toujours la problématique de l'intégration et du potentiel clash entre des cultures et des façons de faire différentes. Ca peut être un changement sur du temps long qui met du temps avant d'arriver a un point de rupture ou un échec du modèle d'intégration, ca amène des départs
- Et des fois le publishing qui suit pas ou se troue sur sa campagne marketing ...
Bref c'est un beau bordel