Si la 5ème République ne saute pas dans les mois prochains, sa fin reste proche. Le mode de scrutin des législatives va nous faire perdre la face petit à petit. Déjà aujourd'hui, les fermes à troll pro-Russes et pro-Trump se déchaînent sur les réseaux sociaux à dire que l'élection a été truquée entre les 2 tours. En fait, c'est juste qu'ils n'ont pas compris notre mode de scrutin ; il n'empêche que ce mode de scrutin ne peut qu'attiser la rancoeur des électeurs RN, largement premiers en nombre de voix. Un tableau vaut mieux qu'un long discours :
(tableau issu du Ministère de l'Intérieur).
Avec 25% de voix en plus que la NUPES et 38% de voix en plus que Ensemble!, le RN se retrouve avec 40% de députés en moins que chacune de ces 2 coalitions. Et ça, c'est sans compter les Ciottistes. En les incluant, c'est 45 % de voix en plus que la NUPES pour 29% de sièges en moins.
Je ne vois pas comment c'est démocratiquement tenable. J'ai beau ne pas être de leur côté, les électeurs du RN se sont proprement faits dérober leur victoire électorale par les modalités du scrutin.
C'est certes le jeu d'être un parti aussi clivant et que ce mode de scrutin est quelque part un garde-fou constitutionnel contre un gouvernement d'extrême-droite, il n'empêche que le sentiment d'un vol électoral, d'une dissociation entre la popularité du RN, tel que côtoyé tous les jours dans la vie réelle et son relativement faible nombre de députés, ne va qu'ajouter au ras-le-bol populiste et entraîner encore plus de gens vers le RN à terme.
Personnellement, j'ai toujours pensé que les élections législatives devaient se faire au niveau national, par un scrutin à liste, avec idéalement possibilité de rayer les noms qu'on refuse sur la liste pour laquelle on vote. Et à côté de ce parlement national, on trouve un "parlement des territoires" constitué de votes basés sur des scrutins locaux. Il est en effet important de représenter les "territoires", i.e. la population rurale ou péri-rurale dans une démocratie, car bien qu'elle soit
in fine les producteurs primaires de la Nation, ils se font écraser par la supériorité numérique des villes - qui n'y connaissent rien en termes d'enjeux ruraux. Mais une chambre basse nationale se devrait être élu sur un scrutin national, pas constitué par une somme d'élections locales. On n'est plus en 1789.
Bien évidemment, dans leur tour d'argent parisienne, les médias ne vont pas se rendre compte de ce déséquilibre total entre poids des votants et représentation finale, mais j'espère que des gens comme Jérôme Fourquet, qui s'intéressent à la France d'en bas, vont le relever et commencer un mouvement de remise en question de nos modalités électorales afin d'écouter le peuple, aussi faux soit-il dans son jugement.