Bah en même temps, je vois de mon côté, ça ne fait que 3 ans+ que je travaille de manière stable on va dire. Et je vois déjà que l'investissement, à part te filer plus de taff sans contrepartie, ça ne sert à rien.
Et ça ne me donne pas vraiment envie de me tuer au travail.
Je remarque que le copinage, les relations, voir l'incompétence semblent de rigueur pour avoir une bonne place dans la DSI.
Coincé entre ça et les décideurs financiers (qui voient toujours l'informatique comme un coût, sauf quand il s'agit de dépenser des sous là où on en a VRAIMENT besoin), c'est quand même la panier de crabe.
Je pense que ça se passe mieux dans de petits structures.
Là je bosse en SSII, et on est encore moins écouté, à faire du boulot qualifé en étant considéré comme le bas du bas. Pourtant nous sommes des techs, sauf qu'on se déplace peu (prise en main).
On m'a même répondu à mon entretien annuel que mon taff était vendu en tant que hotliner (répondeur humain), alors qu'en fait bah, je suis tech, sauf qu'au lieu de faire 10 interventions par jour, j'en fais 30

Mais on peut vendre plus cher un mec qui se déplace et travaille moins.
Enfin je n'avais pas trop d'illusion. On te fait miroiter des choses, au final les gens qui sont dans la boite (la SSII pas cjez le client) depuis 15 ans et font bien leur boulot sont à 400 euros de plus que toi, sur Paris, ce qui est léger.
Par contre je remarque qu'on fait tous des heures supp, et qu'on est plus au 40, voir plus, parce qu'on a une certaine conscience professionnelle, et qu'on ne part pas tant que le boulot n'est pas fini : on est complice de ça.
On mange un demi emploi, voir un emploi complet, parce qu'on veut travailler bien, qu'on espère j'imagine inconsciemment que ça sera reconnu (ce qui n'est pas le cas), qu'on crache sur notre boite, mais qu'on veut pas qu'elle perdre le contrat (pourtant s'il est perdu, on va ailleurs, on a rien à y perdre). Ou peut être qu'on se dit qu'on est plus sur la sellette (car on peut se prendre parfois des petites réflexions) . On est trop con en fait je crois.
A côté de ça on bosse avec des salariés internes à l'entreprise qui ont des RTT, plus de congés, qui gagnent plus et on des primes (et pourtant on est les plus travailleurs

). Pourtant j'ai l'impression de ne pas me fouler, parce que je sais que ça ne servira à rien.
Je suis content, je peux aller au taff en transport ou en vélo, je peux surfer quand il y a des trous (pas aussi souvent

), et je peux vivre tranquille grâce à un loyer bas.
En tant que salarié de SSII, on travaille à plein temps dans une autre entreprise, donc on s'y identifie aussi (mais tout est là pour nous rappeler qu'on a pas le même CE, pas accès à la cantine, qu'on est là quand les autres sont en vacance etc). En gros on pourrait être employés, mais non, c'est pas la politique de l'entreprise.
Concernant la vie après le travail, le problème c'est que je me lève à 6h30, j'arrive à 8h. Je fume pas donc je prends 4 fois moins de pauses que les autres, je mange (là je me permets de prendre mon heure entière, mais quand ça bombarde, je me reco pour aider les collègues), puis au lieu de finir à 17 heures, je finis à 18, 19. A côté de ça d'autres (internes) qui ont commencé tech ont monté en grade, en prenant deux heures pour manger arrivés après, partis avant, et pas spécialement efficaces. Ces choses m'échappent.
En ajoutant l'heure du trajet retour (je lis, quand je peux m'assoir et que je ne suis pas à vélo) voir un peu plus, plusieurs fois par semaine, ça fait peu de temps libre en semaine.
On s'arrange pour récupérer quelques RTT entre nous (planning non officiel), mais le compte n'y est pas. Pas de primes, de merci, le sentiment du devoir accompli, sergent Zec, mais au final, on est quand même
gentils.
Donc quand je rentre, déjà les magasins sont fermés ou pas loin, impossible de faire des démarches administratives, je suis claqué, et, même si je ne me réfugie pas devant TF1, je me repose devant mon PC (film, jeux), en me disant que bientôt il est l'heure de dormir si je ne veux pas être encore plus fatigué.
Et je sais bien que je ne suis pas le seul dans ce cas. Et également qu'il y a pire ailleurs.
Bref, tout ça pour dire qu'il y a un mélange de servitude volontaire, et en même temps de responsabilité par rapport à mon travail, en m'investissant de fait, sans m'investir pour autant comme je le ferais si c'était une décision réfléchie.
Le tout corrélé à une absence totale de reconnaissance (à part dire que les français travaillent pas et les plaisanteries sur les fonctionnaires quand je clos le téléphone à 16:59 pour pas tomber sur l'appel maudit de 45 minutes à l'heure de partir, quand je veux quitter à l'heure juste).
C'est, je crois, souvent des blagues, mais ce n'est pas anodin.
Avoir la gagne Ok, je prendrais juste la place de 5 autres types derrière, pour tomber dans un nid de vipères corruptibles (cadeaux lors de commandes, restos de 3 heures le midi pour affaire, enfoncer les collègues pour se faire mieux voir par une hiérarchie et une RH qui pigent que dalle, souvent sur des rumeurs de plan social ou juste de restructuration des services). Plus la lèche.
J'imagine qu'une entreprise correcte, managée correctement, qui respecte ses employés, ne sous traite que l'expertise (et pas des service quotidiens), ça doit exister.
J'aimerais bien y travailler, mais je ne sais pas où elle est. Et des gens comme moi il y en a des dizaines.
Donc oui, j'aimerais m'investir, je sais que je le pourrais. Mais de toute façon, ça ne sert à rien, je ne serais pas écouté - sauf quand je fais le taff d'un mec payé 1000 euros de plus que moi à sa place, qui lui même n'a pas les outils pour travailler correctement.
Alors je me réfugie derrière une absence de responsabilité (mis à part celle que j'ai face aux utilisateurs), pour rester le plus tranquille (et encore quand j'y pense c'est relatif).
Je joue finalement vraiment au trop bon trop con. Exemple simple : les procédures.
J'en fais souvent, certains de mes collègues aussi, systématiquement. Et d'autres se rendent indispensables. S'ils ne sont pas là, ça ne marche plus on l'a dans le baba, ou on perd beaucoup de temps.
Un moyen de se "protéger". Moi je me rends dispensable. Du coup bah... je le suis. C'est un fonctionnement simple.
Dans 1 an, je ne serai plus là, des gens vont me lire pendant 10 ans, mais plus personne ne saura qui j'étais, et un rigolo indispensable (plan de carrière toussa), sera à +800 euros sur sa fiche de paie. Pourtant je ne sais pas si ça trompe beaucoup de monde. Enfin je ne comprends pas. Chacun le dit à ses voisins, mais ça n'est pas officiel. Pas de rappel à l'ordre vraiment efficace, noyade dans la hierarchie à divers échelons.
Puis moi de toute façon, je ne suis officiellement rien donc je passe à autre chose.
Et je sais que le travaille me bouffe mes projets, voir même mine l'idée même d'en avoir.
Le Week end un coup sur deux je vais aider un membre de ma famille qui pige quedalle à l'informatique, je joue, je passe du temps dans un café avec des amies. un coup de rando et hop, c'est déjà fini.
Ca m'a cassé quand même. Je ne peux plus voyager (à part partir 5 jours, cool), faute de temps plus que de moyens, j'ai arrêté la politique irl etc etc
Je respecte vraiment les gens qui continuent des études en bossant. Faire du 20h minuit après la journée de boulot, je pourrais pas. Ou alors en ne travaillant que 35 heures mais ça aussi ça serait un travail sur moi à faire.
Donc oui, pourquoi pas, parler de retraite à 26 ans, ou de revenu universel ça ne me choque pas plus que ça.
PS : et voilà, il est minuit passé :/