Pour ma part j'ai du mal à comprendre comment on peut être de gauche et accepter l'idée d'une partition d'un pays qui, nécessairement, réduira les effets compensateurs et de redistribution.
Être de gauche ne peut justifier en aucune façon toute forme d'hégémonie politique qui ne serait fondé sur un contrat politique consenti. Mais je ne pense pas que cette méconception soit le problème ici. Je pense que ce qu'il est difficile d'admettre pour un certain nombre d'opposants à l'indépendance de la Catalogne qu'il est simultanément possible d'être contre l'indépendance de la Catalogne et considérer que la décision doit en revenir aux catalans (et par catalans, j'entends les citoyens espagnols de la région, qui deviendraient les citoyens du putatif état catalan), d'une part, et de façon légale d'autre part.
Non seulement cela me semble difficilement attaquable d'un point de vue purement logique, mais je suis surpris que les assauts en règle contre cette idée viennent pas de personnes qui m'ont habitués à des raisonnements bas de plafond.
Ce que j'y vois comme biais, c'est une forme de contamination du raisonnement qui consiste à adhérer à toutes propositions allant dans le sens plus ou moins de l'idée de départ.
Comme si, mécaniquement, être contre l'indépendance de la Catalogne devrait mécaniquement entrainer d'être contre l'idée qu'elle puisse déclarer son indépendance et par extension tout ce qui justifierait cette dernière.
Bah si. Il n'y a pas une réalité historique qui ferait du peuple catalan autre chose qu'une construction récente.
Il y aurait des tas de choses à dire là-dessus, notamment sur l'histoire, mais je dirais à première vue que ça me paraît n'importe quoi, que cette affirmation mériterait un bon développement;
-Qu'est-ce qu'un peuple ?
-Qu'est-ce qui permet d'exclure les catalans de l'histoire.
Et ça ne répondrait pas à la question de savoir si cette question permet de répondre à l'autre : doit on être peuple pour pouvoir réclamer l'autodétermination ?
On est dans la stratosphère de la bancalité, pour des fondements juridiques, ça me paraît pas stable.
Pour juste une affirmation, j'avoue avoir un certain nombre d'objections, mais cette dernière me paraît la principale.
Je pense qu'il faut en revenir à l'Europe et à l'international. Et je ne parle pas de l'UE. Je parle de l'Europe du concert des nations. Cette proto-Europe qui avait moins de mal à redessiner les frontières après les grandes crises (et guerres) qui l'ont traversée, et qui a continué même après que le concert des nations soient une notion du passé.
Je veux dire, la carte a quand même pas mal changée depuis 45, non ? Depuis quand c'est un tabou ? Depuis la décolonisation ? Depuis que la Tchéquoslovaquie n'est plus la Tchéquoslovaquie ? Depuis que la Slovénie existe sur la carte ? Depuis que le Kosovo est un état ( attendez, on me chuchotte dans l'oreillette que ce n'est pas encore prouvé ) ?
Personnellement je ne suis pas pour un retour tel quel du concert. C'était après tout un cartel de puissances réglant les questions à leurs bénéfices exclusifs. Je pense que le progrès serait de le rétablir au bénéfice des populations. Et d'arrêter avec l'hypocrisie, car à l'heure actuelle, l'Europe soutient les séparatistes quand ça l'arrange, les combats quand ça ne l'arrange pas, et les ignore quand elle s'en fout. Y a pas de justifications à chercher ça se passe comme ça, point.
Il y a des tas de raisons d'être contre l'indépendance de la Catalogne, mais j'ai pas vraiment l'impression que l'on soit nombreux à considérer que le terrain pour le combattre doit être politique. Le reste m'a l'air assez opportuniste en mode "du moment que ça va dans mon sens".
Je ne suis pas d'accord.