Du jamais-vu : 174 milliards d’euros de bénéfices ! Ces profits réalisés en 2021 nous ont été communiqués par les entreprises du CAC 40 elles-mêmes. Elles nous ont aussi dévoilé le montant de leurs impôts payés en France. Il a fallu parfois insister mais ces mastodontes de l’économie française ont fini par nous transmettre des données fiscales qu’elles gardent d’ordinaire secrètes. Une grande première.
Résultat : les bénéfices sont encore supérieurs aux prévisions de l’agence Bloomberg (137 milliards d’euros) ou au décompte opéré par « les Echos » (160 milliards). L’an dernier, les 40 sociétés constituant l’indice phare de la Bourse de Paris, frappées de plein fouet par la crise du Covid, avaient dégagé des bénéfices quatre fois moindres. Le précédent record (100 milliards en 2007) est pulvérisé. Dopées par la reprise de la croissance et des échanges mondiaux, les multinationales du CAC auront donc l’an dernier
explosé tous les compteurs…
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Au total, en 2021, les entreprises auront réglé un chèque à Bercy de 9,8 milliards d’euros. Une somme qui représente 4,5 % de la totalité des bénéfices mondiaux du CAC 40 avant impôts. Ce chiffre très bas contredit tous ceux qui crient depuis trente ans au
« harcèlement fiscal » des grands groupes. Au-delà des pratiques habituelles d’optimisation – sièges sociaux, actifs incorporels basés dans des paradis fiscaux, comme des marques –, cette faible contribution au regard des mégaprofits engrangés tient d’abord à la mondialisation.
Logiquement, les multinationales qui exercent la majeure partie de leurs activités à l’étranger paient d’abord leur dîme dans les pays de production, là où elles créent de la richesse. Leur taxe mondiale s’élève du coup à 45 milliards d’euros, soit un taux de 21 %. Il est donc faux de soutenir que les grosses sociétés échappent systématiquement à l’impôt sur les bénéfices. Simplement, et même si la situation varie d’une entreprise à une autre, elles ne le paient plus sur le territoire national. Et c’est bien là le souci.
Commençons par celles qui assument ne rien payer. Elles sont deux. Renault et
Total. Pourtant, le pétrolier réalise un bénéfice mondial de près de 16 milliards d’euros, emploie 35 000 salariés sur le territoire français, possède les plus grosses raffineries, anime un réseau de 3 300 stations-service. Mais il explique
« avoir dégagé un résultat fiscal déficitaire » en France, donc avoir réglé zéro euro d’impôts. Il préfère mettre en avant
« le rabais de 10 centimes par litre » qu’il consent cet été aux automobilistes.
Pour sa part,
Renault, qui comptabilise un résultat net de près de 1 milliard, échappe également à l’impôt sur les sociétés en France. Faut-il en conclure que ses usines françaises ne lui rapportent rien ?
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Source :
https://www.nouvelobs.com/economie/2...es-impots.html