Comme je disais plus haut la réponse du ministère des armées est toujours la même, mais le passé a montré que c'était rarement suivi de gros effets.
Il y a des cas de néo-nazis dans l'armée identifiés par le Canard il y a 20+ ans, et réévoqués régulièrement pour dire qu'ils y sont toujours, qui malgré ce genre d'intentions de ménage affichées par les ministres de la défense successif, ont pu y continuer tranquillement leur carrière et même monter en grade.
Après peut être que l'ère des réseaux sociaux, les rendant plus visibles, va conduire l'armée à le faire plus sérieusement, c'est bien plus dur à ignorer que du temps où ils se contentaient de chanter Heili Heilo dans leurs casernes, et qu'il fallait compter sur les témoignages d'autres soldats pour les confondre (comme dans la police, il y a sans doute un fort esprit de corps et une peur d'être mis à l'écart comme balance, s'opposant à ça), tandis que maintenant ils postent leurs photos/vidéos à la vue de tous.
ps : sinon sur le débat K. / Bohr, je pense que vous avez tous les deux raison dans une certaine mesure.
D'un coté, non qu'Annie Cordy soit accusée de racisme ne va pas faire que les gens (y compris et surtout leur majorité constatant que c'est de la foutaise) se soucieront moins d'une agression raciste violente ou autre truc extrême.
Mais d'un autre, l'économie de l'attention fait que ceux qui précisément seraient en train de s'obséder du terrible racisme d'Annie Cordy (bon dans son cas il n'y en a pas vraiment à part pour se moquer de cette accusation), ne vont éventuellement pas accorder celle bien plus importante que mérite l'agression raciste extrême.
Enfin il y a la question de la hiérarchisation qui tend à s'estomper quand des mots ayant une charge émotionnelle aussi forte que racisme sont employés.
Si je considère tel ou tel raciste, tout en voyant le racisme comme un mal absolu, son cas est par essence grave (et particulièrement s'il s'agit d'une célébrité ayant une dangereuse influence propre à générer plus de racistes), et étant grave justifie mon attention, qui n'existe qu'en quantité limitée, et occupé par ce souci je vais mécaniquement en accorder moins à ce qui ne sera qu'un cas de racisme de plus, même si objectivement il est plus grave ma détestation du racisme en général fait que j'aurai plus de mal à hiérarchiser.
D'où l'intérêt je pense de ne pas placer un signe = entre "peut être interprété comme raciste" / "montre des signes de racisme" et "est raciste" / "est le terrible mal absolu racisme", de toujours garder à l'esprit qu'à peu près tout le monde est susceptible de se montrer raciste à certain degré (enfin d'en donner des signes) mais que ça a une nette différence avec soutenir volontairement une idéologie raciste, et plus encore commettre des crimes racistes. Éviter d'essentialiser abusivement les gens dans des catégories démonisées pour garder le sens de la mesure et mieux combattre ceux qui le méritent vraiment (et/ou les systèmes qui favorisent la forme plus inconsciente de racisme).
Enfin K. a raison pour l'effet sur les tierces personnes (aka à peu près tout le monde), qui a la base ne vont pas croire qu'Annie Cordy est un démon raciste car quelqu'un le dit. L'entendre ne va pas leur faire perdre la raison ni ne pas accorder d'attention à du vrai racisme.
Mais Bohr a raison pour le fait que ça fait perdre de la valeur au terme, si ce n'est pas pour ceux qui ne croient pas à ces accusations mais pour ceux qui y adhèreraient tout en voyant le mal raciste comme un absolu.
Pour prendre un exemple plus sérieux voir le quasi génocide Ouighour par exemple. Les personnes les plus obsédées par la question des traces de musulmanophobie qu'on peut rencontrer dans le débat public occidental sont rarement celles à le plus s'en soucier, et auront tendance à continuer à s'obséder des secondes même quand l'actualité porterait plutôt sur le premier sujet (bon après c'est peut être pas le meilleur exemple, vu qu'ils peuvent avancer des justifications défendables comme 'faisons le ménage chez nous avant de donner des leçons au monde' ou 'ça risque de servir de whataboutism pour justifier la notre') ; mais tout de même pour un truc aussi grave je trouve que l'attention est terriblement mince chez les gens qui s'en soucient théoriquement le plus, par rapport à celle donnée au moindre signe qu'en donne un discours de Darmanin, un dessin de Charlie ou whatever truc bien moins objectivement grave, qui va bien d'avantage monopoliser l'attention de ceux qui ont tendance à voir cette forme de racisme comme un mal absolu et démoniseront ceux qui en donnent des signes plus que ceux qui carrément l'appliquent.
Peut même y avoir de meilleurs exemples (sans le coté c'est à l'étranger) pour les trucs genre actes racistes violents inexcusables tout juste dénoncés au passage quand l'attention de ceux qui se soucient le plus du problème va plutôt se focaliser sur quelque dérapage de célébrité éventuellement à l'insu de son plein gré.
En prime le fait qu'une accusation de racisme soit contestée/relativisée, dans le second cas, fera qu'il y aura d'avantage de débats/échanges de message dessus (comme le montre à de nombreuses reprises le sujet même où nous nous trouvons), et contribuera à ce que l'économie de l'attention penche encore plus en faveur du truc à la gravité discuttable.
Dernière modification par Twan ; 17/03/2021 à 11h48.
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