Peut être que là on aurait pu commencer à se poser des question de la gueule du futur qu'on est entrain de se préparer, et surtout de préparer à nos enfants, à ne vouloir faire aucun effort pour changer notre mode de vie. En fait on ne prépare rien du tout, on n'est même pas capable de mettre des mots pour décrire le futur vers lequel on se dirige.
Le personnel politique est aujourd'hui parfaitement informé du futur dystopique qui se profile. Cependant, la problématique suppose des actions qui sont d'un tout autre registre que de vouloir, ou pas, faire des efforts pour changer notre mode de vie. Vu le niveau démographique mondial, l'objectif est politiquement inatteignable :
Rappelons juste que les écosystèmes (terre et océan) séquestrent durablement (i.e. des temps géologiques) chaque année environ
3,5 milliards de tonnes de carbone (C), soit l'équivalent d'environ 13 milliards de tonnes de CO
2 (i.e. 3,5x44/12=13 pour tenir compte des masses molaires de chaque élément). Sachant que nous sommes 8 milliards d'humains, l'émission de CO
2 annuelle que chaque humain ne devrait pas dépasser est de 1,6 tonne (i.e. 13/8=1,6).
Pour vous donner une idée, en France les seuls services publics (hôpitaux, TEC, éducation, défense, etc.) émettent l'équivalent de 1,4 tonne de CO
2 par an et par français. Donc théoriquement, si la physique et la politique jouaient la même partition, chaque français ne devrait pas émettre plus de 0,2 tonne de CO
2 (i.e. 1,6-1,4=0,2) par an pour sa consommation personnelle de biens et de services.
0,2 tonne, c'est-à-dire 200 kg, c'est juste dix fois moins que les "2 tonnes" plus ou moins arbitrairement définies comme l'Objectif dans la communication politique et dans les médias. Le budget réel (net des émissions collectives plus ou moins intangibles propres à nos infrastructures publiques et services publics) d'un occidental pour sa consommation personnelle de biens et services est tellement faible qu'il ne permet même pas d'assurer une alimentation exclusivement végétarienne associée aux services de subsistance de base.
A 8 milliards d'humains, il n'existe tout simplement aucune solution politique. Le dénominateur de la fraction (13 /
8 = 1,6) est beaucoup trop élevé pour que des solutions politiques puissent être acceptées par les populations auxquelles elles s'appliqueraient. Les réalités physiques ne faisant pas de politique, celles-ci s'imposeront d'elles-mêmes sans demander notre avis ou notre consentement.
Pour illustrer mon propos et mesurer la hauteur du mur, essaye d'atteindre le graal des "2 tonnes" de CO
2 par an dans les bilans carbone individuel. On peut tortiller autant que l'on veut, à 8 milliards d'humains il n'y a aucune solution politique. D'ailleurs le voudrait-on que de telles décisions politiques entraîneraient probablement sans tarder la mort de milliards d'individus du fait d'une agriculture essentiellement basée sur les énergies fossiles, de transports rendus inexistants, de la déconstruction indispensable des Etats et de leurs modèles sociaux, etc..
Passer de ça...

...à 2 tonnes est aussi une forme d'effondrement. Ou plus exactement, pour la grande majorité de nos concitoyens ce sera vécu comme tel.
On est très au-delà de la notion d'effort sur le mode de vie. En pratique, un tel objectif me semble interroger beaucoup plus fondamentalement le sens de la vie puisqu'il est question d'abord de ne plus du tout vivre selon les mêmes standards et ensuite de définir un nouveau paradigme.
Personnellement, je ne crois pas du tout que l'objectif des 2 tonnes (qui est déjà une présentation avantageuse de la réalité) soit compatible avec la civilisation humaniste et industrielle. Si réellement nous devions nous engager sur la voie des 2 tonnes, cela se ferait au prix d'un autoritarisme violent, d'une destruction profonde de nos modèles sociaux et d'une perte totale de liberté.
Et pour conclure partiellement dans ton sens, non seulement nous ne faisons pas grand chose de réellement impactant pour atteindre un objectif d'émissions individuelles de CO
2/an qui soit compatible avec ce que les écosystèmes peuvent absorber, mais en plus avec la démographie qui continue de croître nous nous éloignons de plus en plus de l'objectif. L'ONU indique que notre planète abritera vraisemblablement 8,5 milliards d'humains en 2030 et 9,7 milliards en 2050. Si ces projections se confirment, alors l'objectif individuel d'émission de CO
2/an sera de 1,5 tonne en 2030 et 1,3 tonne en 2050. Autant dire que l'Humanité (pays riches et pays pauvres) n'avance pas du tout dans la bonne direction.