Publié par
Crevard Ingenieux
1) Imposer la mixité sociale dans tous les établissements,
2) empêcher tous les contournements de la carte scolaire,
3) supprimer les devoirs "à la maison",
4) cesser à résultat égal d'envoyer les enfants d'ouvriers vers des filières professionnelles,
5) réduire drastiquement les financements des écoles prépas,
6) supprimer l'ENA,
7) renforcer l'information des parents sur le système scolaire, etc.
C'est beau comme de l'antique. Le soucis, comme avec toute politique radicale, c'est que ses effets le sont aussi. Or, des effets secondaires néfastes radicaux sont souvent plus dommageables à une société que des effets positifs radicaux ne sont profitables. Si je supprime la locomotive d'un train, je vais faire d'énormes économies d'électricité et de personnel, et me débarrasser d'un wagon qui ne transporte pratiquement aucun voyageurs. Le soucis c'est que...
Je m'explique :
* Tes propositions 1 et 2 sont incompatibles, puisque les riches peuvent déménager. En revanche, les pauvres ne peuvent pas, même s'ils sont très attachés à la réussite de leur enfant.
* La proposition 3 est belle dans l'idéal, sauf que dans la pratique elle entraîne un effondrement du niveau de l'ensemble des enfants... Sauf ceux dont les parents sont informés et qui vont faire bosser eux-mêmes leurs enfants. Typiquement, j'ai plein de collègues en français qui repassent derrière l'instit @ESPE-Meirieu qui préfère faire des sorties canoës que des dictées. In fine, tu creuses encore plus l'écart socio-culturel, puisque les enfants des CSP- qui étaient sérieux sombrent faute de travail (alors qu'ils l'auraient fait) tandis que les privilégiés, les vrais, compensent à peu près. Certes, avec de l'acharnement, tu parviendras à faire baisser le niveau de tout le monde. Joie ! On appelle ça le Chavisme.
* La proposition 4 semble de bon sens. Mais j'attend de voir les stats montrant qu'à résultat égal on enverrait plus les uns que les autres de manière significative. En réalité, le système étant ce qu'il est, "on" ce sont les parents. Les parents ouvriers ne considèrent pas forcément leur métier comme dégradant ou inférieur et hésiteront moins à envoyer leur enfant en lycée pro. C'est plus compliqué avec les parents d'autres classes sociales. Or, il s'avère qu'en appel l'avantage est très massivement aux parents, et qu'on envoie en filière générale des élèves qui n'ont strictement aucune chance d'y réussir par paquet de mille. D'où des déscolarisations et des réorientations massives à la fin de la seconde.
* La proposition 5 serait utile si cet argent était redéployé vers les facs. J'ai un doute. Plus probablement, s'il était mis en place, il servirait à financer des partenariats avec l'ALBA...
* Ah, l'ENA, la cause de tous nos malheurs. C'était tellement mieux sous Sarkozy quand les avocats d'affaires occupaient tous les ministères. Bref, je veux bien supprimer l'ENA, mais faut qu'on me dise par quoi on la remplace. Je parlais des trucs que les parents font apprendre à leurs enfants quand l'école ne les fait pas assez travailler : moi, c'est pas à l'école que j'ai lu "les grenouilles qui demandent un roi".
* La proposition 7 est de pur bon sens. Mais ça demande des moyens, du temps, et que les parents viennent aux réunions d'information. Devinette : quels CSP viennent aux réunions d'information mises en place par les établissements scolaires ? Quels parents sont très, très difficiles à joindre, ne répondent ni aux courriers, ni aux mails, ni aux appels téléphoniques ? "Abracadabra !" ça marche pas dans la réalité, il faut de l'huile de coude en grosses quantités pour résoudre ce genre de problèmes.