Même si je suis pour un système à niveau, il ne devrait pas être irréversible. D'une année sur l'autre, les meilleurs des moins bons devraient monter de niveau (avec cours de rattrapage pendant l'été si besoin, ou redoublement si le retard est trop important) et les moins bons des meilleurs devraient descendre.
Oui c'est élitiste et compétitif, mais la sélection doit se fait de toute façon, tôt ou tard, si c'est pas sur le mérite, c'est sur le niveau social, le piston ou la chance.
En Suisse lorsque j'étais à l'école (il y a une vingtaine d'année) il y avait des niveaux. Examen à 11 ans, et séparation sur la base de l'examen et de la moyenne de l'année: Le meilleur tiers allait à l'école secondaire, le reste restait à l'école primaire.
Dans ses 33% d'enfants sélectionnés ils étaient ensuite réparti en trois catégorie: Littéraire, scientifique et moderne le tout sur trois classe A(moitié de littéraire et les meilleurs scientifiques), B (le reste des scientifiques et les meilleurs moderne) et C que les modernes (il y avait encore D mais seulement les années ou il y avait beaucoup d'enfant, les examens d'entrée prenant en compte un % de réussites en terme de nombre).
Il existait des cours spécifiques aux différents niveaux, les littéraires apprenaient en plus latin et grec, les scientifiques avait des cours en plus en math/sciences/géo/histoire, les moderne suivait le cursus normal de l'école secondaire.
Il y avait une grosse différence entre l'école primaire et l'école secondaire: Alors qu'à l'école secondaire et dès l'âge de 11 ans nous avions droit à un professeur spécialisé par branche, à l'école primaire c'était un prof généraliste avec sur un ou deux cours (genre allemand-anglais-italien) donné par un prof spécialisé.
Tu parlais de pouvoir monter de niveau si l'élève était très bon, cette solution existait aussi. Il était possible jusqu'à l'âge de 14 ans pour un élève du primaire de passer au secondaire via examen, il était de même possible qu'un élève monte de la classe C en B ou B en A.
Dans cette méthode, je vois bien les avantages, comme toi, et ayant un enfant qui l'année prochaine entrera dans le système scolaire, je serais plus pour un système dans ce sens (et peut-être bien que cette pensée à priori vient du fait que mon gamin a particulièrement beaucoup de facilité et d'intérêts dans l'apprentissage)...
Mais, parce qu'il y a un énorme mais...
Les constats que j'ai pu faire:
En 5 ans d'école secondaire, un seul enfant est passé de primaire à secondaire, et encore uniquement 6 mois, la fille n'a pas tenu, le rythme d'apprentissage était bien trop différent ce en plus ces changements l'ayant sans doute passablement chamboulé (Au sein des enfants mais surtout des parents, il y avait ceux dont l'enfant était en primaire et ceux dont l'enfant était en secondaire). Au sein même de l'école secondaire il était possible aussi de changer de niveau, mais pour cela il fallait que la moyenne des notes soit 1 point plus élevé que la moyenne de la classe que tu espérais incorporer (la meilleure note étant 6). La aussi, en 5 ans il n'y a eu qu'une seule personne qui a fait le pas de moderne à scientifique.
Sur ce point le constat est le suivant: Soit l'enfant monte en niveau durant la première année, mais si il y a eu plus d'une année d'enseignement différencié cela tient de l'utopie: Va rattraper 2 ans de grec/latin/algèbre en plus des cours normaux, c'est beau sur le papier mais dans les faits c'est tout autre chose, c'est même quasi mission impossible.
Ce système ce fige par lui-même, et un enfant qui aura de la facilité durant sa pré-adolescence mais de la difficulté à son adolescence sera infiniment plus avantagé que l'enfant qui a du mal à la pré-adolescence mais qui explosera à son adolscence. Ou de l'enfant qui aura eu un gros problème familial l'année des examens pour aller en secondaire mais qui de base est doué etc etc.
Ce système de penser que l'enfant "peut" changer de niveau est utopiste, ce système fige en très très grande partie l'avenir et scolaire et professionnel de l'enfant.
Car cela implique encore d'autre chose: En Suisse l'apprentissage en entreprise (4 jours de boulot et un jour d'école sur 2-3-4 ans suivant le métier) est très bien considéré (ce qui, il me semble, n'est pas le cas en France), et pourtant j'ai eu entendu des patrons qui disait autant: " Ha, non, ce gamin la je ne l'ai pas pris en apprentissage, c'est un secondaire, un intello quoi, il saura jamais rien faire de ses dix doigts" que "Ha, non je ne l'ai pas pris, c'est un primaire, il a un poids chiche dans la tête".
Ces situations de dénigrement ou d'enscencement se retrouvait jusque dans les enfants ou dans les quartiers, les primaires ne se mêlaient pas au secondaire et vice versa, une espèce de ségrégation dû au niveau scolaire de chaque enfant.
D'un point de vue sociétal, on sait que les enfants de gens "aisés" ou très éduqué ont plus de facilité à l'école (pas difficile à comprendre, je viens d'un milieu ouvrier, mon père sait à peine écrire, ne connais rien d'autre que le français et ne sait pas ce que c'est que l'algèbre si ce n'est que c'est très compliqué), et ce surtout dans les premières années d'écoles, la ou le rôle des parents est très important.
Ce que je veux dire, c'est que dans notre société, on remarque la prépondérance du milieu social de l'enfant sur le chemin qui le mènera dans sa profession. Plus on spécialise l'enfant et moins on lui donne le choix de son futur... Un enfant que l'on a boosté pendant 5 ans dans le scientifique et qui remarque é 16 ans que -non finalement ce qui l'intéresse c'est les lettres- aura toutes les peines du monde à intégrer une haute école spécialisé la-dedans... Déjà parce que cette école privilégiera la filière lettre, mais en plus parce que le gamin aura 5 ans de retard en grec ou latin, et que ceci est franchement quasi irrémédiable.
Il y a de bon argument aux classes à niveau, mais il y a une chose qu'il ne faut garder en tête: cela augmente drastiquement la fracture sociale, et ce dès le plus jeune âge, d'un côté ceux qui réussisse, de l'autre les looser... Pas sur que nos enfants et notre société aie besoin de cela...