De moyens ou de formation ? Y'a beaucoup de professionnels de santé qui sont absolument nuls là-dessus, dans la prise en compte du ressenti du patient, ses craintes, ses doutes et globalement sa situation. Aucun tact, voire certains se montrent directement très méprisants envers les patients qui doutent ou ont des craintes.
Pour le coup, j'inclus la formation dans les moyens, ça fait partie des outils à utiliser pour améliorer la situation et ça demande des ressources (humaines, organisationnelles et financières). Et clairement je partage le constat sur le fait que notre médecine tire clairement la gueule sur ce point. C'est un gros problème et c'est sûrement une des causes principales du développement des pseudomédecines, parce-que celles-ci mettent généralement l'accent là-dessus (ce qui est logique, quand de base tu proposes pas de contenu thérapeutique concret, si en plus tu traites mal tes patients, tu es dans la merde

).
Typiquement, ma belle-mère avait pris une femme de ménage parce-que l'entretien de la maison devenait trop contraignant. La femme de ménage venait à l'heure, elle prenait le café, faisait son taf et rentrait chez elle au bout de 2H. Sauf que plus le temps passait, plus la pause café durait longtemps. Au bout de quelques mois, la femme de ménage arrivait à l'heure, elle passait 1h40 à discuter autour du café, elle torchait 20 minutes de ménage vite fait et elle rentrait chez elle. Et un jour, ma belle-mère nous explique ça, je lui demande "Mais du coup tu la gardes quand-même?" et elle me répond "Oui, j'aime bien parler avec elle, alors tant pis pour le ménage".
Et je soupçonne qu'au final pas mal de gens sont un peu dans la même situation avec les pseudothérapeutes. Ils savent que concrètement ça les fait pas avancer vers la guérison mais soit ils sont dans le déni, soit ils estiment que ça leur apporte un dialogue dont ils ont besoin et qu'ils n'avaient pas dans un parcours de soins classique.
Encore en expérience perso, ma femme traîne une pathologie de type maladie autoimmune, c'est un truc avec lequel elle devra faire toute sa vie. Elle a vu plusieurs spécialistes en cabinet sans trop de résultats. Un jour elle s'est décidée à prendre rendez-vous avec un spécialiste du CHU (et ça a pas été simple, parce-que la prise de rendez-vous était plus compliquée qu'en cabinet et qu'elle était formatée par des souvenirs d'hospitalisation au CHU avec les fenêtres qui laissent passer les courants d'air, les couvertures trouées qui grattent et la peinture qui se décolle des murs, là où en clinique tu as généralement des locaux en bon état. En tout cas sur Montpellier l'écart est assez flagrant). Je l'ai accompagnée au premier rendez-vous, on a été accueillis par le gars, donc, assez jeune (à peine plus de trente ans, je dirais), très speed, le gars nous dit bonjour, il nous fait asseoir, il lit les dossiers et les résultats d'exam, il fixe un prochain rendez-vous, imprime une ordonnance et nous dit au revoir. Pendant toute la consultation, le médecin a posé deux trois question techniques uniquement et il ne nous a pas adressé un seul regard. Mais vraiment, c'est même pas une exagération. On est sortis de là un peu choqués/surpris, sur le coup elle m'a dit qu'elle voulait pas y remettre les pieds. Au final je l'ai convaincue de réessayer au cas où, et depuis ça se passe super bien, il la suit depuis 9 ans, il lui a fait tester plusieurs traitements (parce-qu'à chaque fois les effets se réduisent au bout d'un moment), il trouve toujours des solutions, il s'arrache pour la faire participer à des protocoles expérimentaux quand il n'y a plus de traitement dispo et au final le gars et très impliqué, il est juste super nul sur le côté social.
Et c'est clairement un cas où on retombe sur la distinction que je faisais dans mon post précédent. C'est typiquement le genre de spécialiste avec lequel tu peux te sentir pas considéré, pas suivi et donc potentiellement abandonné. Mais concrètement sur le plan médical, il ne l'abandonne jamais et il cherche systématiquement des solutions. Par contre, pour le coup je comprends que des gens lâchent l'affaire après le premier contact et c'est un problème, parce-qu'il est vraiment compétent sur le plan purement thérapeutique. Maintenant quand tu le vois à l'oeuvre, il manque complètement de tact de base, il a pas l'air formé du tout sur les aspects psychologiques de la prise en charge, mais tu te rends surtout compte que même s'il était formé, le gars a juste pas le temps, il doit passer d'un patient à l'autre, faire les visites en chambre (et on parle pas des visites en mode "Bonjour, ça fera 30 balles pour la sécu, au revoir" que tu vois en clinique), gérer des rdv préchir, des rdv postchir, ses interventions chirurgicales, des rendez-vous de spécialiste non axés sur la chirurgie, les concertations avec les autres spécialistes du service.
Ca me parait compliqué de gérer la problématique uniquement par de la formation, il y a aussi une afffaire de moyens. Ne serait-ce que parce-que du personnel stressé par ses conditions de travail, c'est du personnel qui stresse les patients, parce-que ce genre de ressenti est contagieux.