Pour ma part, je ressors avec une impression mitigée de ce Tour, malgré tout. Si on commence par les points positifs, la lutte pour le classement à pois était intéressante (et le maillot revient vraiment à un grimpeur qui a été le chercher à la pédale face aux meilleurs) et cela m'a fait plaisir. De même, j'ai beau ne pas l'apprécier, mais Nibali a été un très beau maillot jaune tout du long. Froome n'aurait jamais essayé de gagner des Pyrénées, par exemple.
En point négatif, je commence par le plus personnel : tous les coureurs que j'appréciais se sont faits sortir. C'est purement subjectif, mais perdre coup sur coup Froome, Contador, Talansky, Rui Costa et surtout Mathias Fränk (qui aurait largement été dans le top 10, voire dans le top 5)... surtout que Kwiatkowski et Porte n'ont pas pu jouer le général. Au final, le seul coureur que j'apprécie ayant été dans le coup est Van Garderen, mais il a perdu 1'03" à cause d'une chute et de l'abandon de son équipe et 3'36" sur l'étape de Bagnières-de-luchon disputée juste après le jour de repos (sans cette défaillance, il aurait terminé troisième à 11" de Péraud...). Alors certes, on s'en fiche, je me doute que pour d'autres le ressenti est différent, mais cela a nécessairement affecté mon image de ce Tour de France. On pourrait aussi ajouter Cavendish, qui a peut-être perdu toute chance de battre le records de victoires sur le Tour de France.
Toutefois, le constat suivant est plus objectif : cette vague d'abandon a diminué la lutte pour la victoire et le top 10. Nibali a été intouchable tout du long, alors que Contador et Froome auraient été offensifs. De même, on peut ressortir six coureurs qui ont été impressionnants, mais alors derrière... Hormis König qui a tenté quelques trucs et fait un chrono de psychopathe, les deux Néerlandais étaient très moyens, les deux Trek aussi, Rolland est logiquement fatigué du Giro... sauf que tous ces types finissent dans les 12 premiers, tout simplement parce qu'il n'y avait pas de concurrence. J'ai rarement eu l'impression qu'un top 10 avait aussi peu de valeur sur un Tour de France, surtout quand on voit Mollema prendre 10 minutes dans le dernier contre-la-montre (!!!).
Au final, on retrouve un leader jamais inquiété, un top 6 qui n'a jamais attaqué (Valverde a été le plus offensif de tous alors qu'il n'a absolument pas cette tendance... Péraud n'a jamais rien fait, par exemple) et un top 10 qui a tout le temps semblé à la rupture. Il y a de quoi avoir un âpre goût dans la bouche.
J'ajoute en outre que le classement du maillot vert me dérange de plus en plus. C'était très bien au début ou lors des premiers maillots verts de Sagan, mais là... Voir un mec qui n'a jamais gagné être désigné "meilleur sprinteur" du Tour me semble aberrant.
|