Déjà, le topic est biaisé, car l'OP ne compte que l'heroic-fantasy (même si je suis presque persuadé que dans le terme, il pense principalement à la high fantasy d'inspiration Tolkien/D&D), qui est déjà un sous-genre de la fantasy au sens large alors que de l'autre coté, il parle de SF au sens général (même si je suppute qu'il implique dans SF uniquement le space opera ou presque).
Ensuite, l'erreur, c'est de considérer que le lecteur d'heroic fantasy et celui de science-fiction possède le même profil, alors que ce n'est pas du tout le cas. En l'occurence, et comme ça a déjà été fait remarquer, il est plus probable qu'un jeune ado accroche sur de la High Fantasy lambda que sur, pour prendre des classiques de la space opera au hasard, un Hyperion, un Consider Phlebas ou un Ender's Game.
La raison à ça est que la structure littéraire ainsi que les procédés narratifs des romans de High Fantasy est extrement simple à apréhender: De manière générale, ça reste en quasi permanence le schema du héro au 1000 visages tel que théorisé par Campbell (à ce sujet, voir l'image jointe pour plus d'explication). L'avantage, c'est que ça permet une identification très proche et très simple de la part du (jeune) lecteur au héro. Le désavantage par contre, c'est que malgré toutes les artifices que l'on peut foutre autour, on se retrouve presque toujours avec la même chose qui se répète et une sale impression de déjà vu au 15eme bouquin.
Au passage, il est intéressant de faire remarquer qu'à l'instar d'une Bella Swan de Twilight, la plupart des héros de high fantasy ont au final assez peu de personnalité et disposant d'une description assez sommaire. Par opposition, les personnages secondaires/mentors/nemesis/your mom sont (au même titre que Edward Cullen
) bien plus distants, mieux décrits et plus "profonds" (jusqu'à une certaine mesure, hein ? faut pas déconner).
Comparativement, la science-fiction, même si elle utilise également cette structure narrative, ne s'en sert pas tant pour raconter une histoire que pour pousser une reflexion. En effet, car si il est plus facile de s'identifier au héro dans une oeuvre de high fantasy, il est par ailleurs plus simple d'identifier l'humanité dans son ensemble au travers d'une oeuvre de science-fiction. La raison à ça est que là ou la fantasy s'assume totalement comme une œuvre de l'imaginaire, la SF de son coté s'ancre bien plus dans le réel (jusqu'à une certaine mesure après: on parle pas plus d'un Pandora Star d'Hamilton que d'un roman Star Wars ou Halo lambda - qui soit dit en passant - se rapprochent bien souvent plus de la high fantasy que de la science fiction à proprement parler), donnant une plausibilité plus forte aux themes que ces romans développent. La 'Suspension of Disbelief' (on dit ça comment en français ?) y est donc bien plus forte.
Braiffe ... Tout ça pour dire que malgré les similarités, qui d'ailleurs à mes yeux sont plus liés au "ghetto litteraire" dans lequel sont foutus ces deux branches de la littérature d'anticipation et de l'imaginaire (d'ailleurs, en étude de lettre, lorsque l'on parle de la SF ou de la Fantasy, on considère que c'est de la paralittérature, pour bien la distinguer des œuvres plus 'nobles'), les deux genres n'ont au final qu'assez peu de points communs au niveau du style, du genre, de l'approche et de l'intention.
C'etait la minute académique de Calimsha, bien à vous.