Nous, Européens, avons le devoir de forger un discours de paix fondé sur une opposition ferme mais réaliste à la Russie, et une modération de l'Ukraine associée à un soutien clair et massif. Favoriser l'idée d'une Ukraine fédérale qui correspond à ses réalités culturelles, et qui serait un espace tampon et non aligné entre OTAN et Russie, tout en développant les liens économiques et culturels avec l'UE. Nous n'avons aucun intérêt à nous coucher face à la Russie, ni à nous opposer totalement à elle. Nous n'avons aucun intérêt à suivre bêtement les États-Unis non plus. Noys devons nous affirmer pour nous-même et par nous-même.
Justement, l'opposition "réaliste" à la Russie nous a montré à maintes reprises que si l'on est conciliants avec la Russie et qu'on lui fait des concessions, elle ne va pas respecter ses engagements et chercher toujours à en avoir plus.
Par exemple pourquoi a-t'elle continuellement cherché à manipuler les opinions des russophones dans les États baltes, à lancer la première cyberattaque massive de l'histoire en Estonie, quand bien ces pays n'ont JAMAIS dans toute son histoire représenté une quelconque menace pour eux ? Sans succès d'ailleurs, car si les vieux russophones ont effectivement souffert de discrimination suite à l'indépendance de ces Etats, les jeunes russophones sont plus attachés à leur citoyenneté balte et ont toujours le droit complet d'étudier le russe et le pratiquer au quotidien sans renier leur culture russe, et en vivant dans des États démocratiques où ils ne risquent pas de finir tabassés dans une cellule quand ils veulent exprimer leur mécontentement.
Pourquoi la Russie a-t'elle distribué massivement des passeports russes aux populations russophones de l'Est de l'Ukraine, pourquoi a-t'elle cherché depuis des années à reprendre par la force ce pays en fomentant la révolte et en envoyant ses propres soldats combattre "en vacances" alors que des accords signés à l'indépendance de l'Ukraine avaient fixé la de facto neutralité relative de l'Ukraine (via la perte de son armement nucléaire) contre des garanties de sécurité ? Alors que la Russie possédait Sebastopol et un pied dans la Mer Noire et qu'il n'était pas du tout question de l'intégration à l'OTAN début 2022 ni de l'UE.
En fait aux yeux de Poutine si on fait la moindre concession ici, comme "gardez le Donbass et la Crimée et l'Ukraine ne rejoindra jamais l'OTAN", il a gagné à ses yeux. Au vu des atouts géographiques inouïs de la Russie, Poutine aurait pu en faire un État prospère, riche, et faire de son étranger proche des pays amis par le rayonnement culturel et des relations commerciales privilégiées et pourquoi pas aller dans la direction d'une Union type Union européenne avec ouverture partielle des frontières etc.
Elle aurait pu également se rapproche de l'Europe, ce ne sont pas les appels du pied de la part de l'Europe qui ont manqué.
A la place, la Russie de Poutine a choisi la prédation, et c'est tellement triste. La culture russe est fascinante, ce pays dispose d'atouts incroyables avec un territoire riche, immense et magnifique, remplis d'une myriade d'ethnies et de cultures différentes.
On peut arguer du fait que pour gouverner le peuple russe il faut se comporter en empereur et que le peuple russe a besoin d'autorité et de se valoriser par la force et blablabla mais je trouverais ça triste d'enfermer le peuple russe dans ce genre de déterminisme. Mais en tout cas que ce soit pour notre bien et celui des Russes, il faut être fermes voire complètement intransigeants : la Russie ne doit rien tirer de cette guerre, pas un bout de territoire, rien du tout. Sinon elle recommencera, inlassablement, que ce soit dans 5, 10 ou 20 ans. La Russie doit changer de paradigme.