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Amhron / Makswell
C'est bien ma veine tiens, de tomber pile sur une personne qui ne
pourra pas porter la fameuse valide
Je t'avoue que si on m'avait laissé le choix, j'aurais très certainement choisi autre chose.
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Amhron / Makswell
Ce que je voulais mettre en avant dans mon post, c'est que, d'une part, l'absence de compassion est souvent moins visible que la compassion.
[...]
Mais du coup pour rester sur toi en particulier, si on devait te proposer de l'aide pour X ou Y raisons, il y a peu de chance qu'on te demande l'origine de ton invalidité pour estimer si oui ou non tu mérites que l'on t'aides (en excluant la possibilité que t'envoies à la merde la personne qui s'adresse à toi, on va essayer de garder un scénario ou t'es vraiment en train de galerer pour X ou Y raison, et qu'un coup de main serait appréciable) ?
Après, il y a peut être une mauvaise interprétation de ma part dans le "absence de compassion" ; si c'est juste s'abstenir de dire "oh le pauvre il est pas vacciné mais il souffre quand même" ; alors je te rejoins ; si c'est l'avoir en fasse de soit et lui dire "cheh" ; alors la ouais pour moi dans l'histoire il y a 2 connards, pas qu'un.
Ben grosso modo, c'est bien ça le problème en fait. Qu'est-ce que ça peut bien foutre aux autres que j'ai de la compassion ou pas ? On est quand même en train de comparer mon absence de compassion, dont je t'accorde qu'elle est imperceptible, avec le choix de gens de faire payer par la solidarité nationale leur choix, et on me répond "c'est la preuve lolilol". C'est surtout la preuve que ceux qui en demandent beaucoup sont ceux qui se plaignent qu'on leur en demande trop, à mes yeux.
Pour la suite de ta question, mon handicap est invisible, donc on me propose rarement de l'aide mais on m'en demande souvent. Du coup, j'apprends de nouvelles insultes quand je refuse de laisser ma place assise dans le métro et ça m'a appris à me soucier assez peu du regard d'autrui, qui est plus que réprobateur dans ce cas-là, et à me questionner sur ce que ça m'apporte d'avoir l'aval d'inconnus sur mon comportement ? Dans l'exemple, à part souffrir et bouffer mon stock de morphinoïde de la semaine en une journée, ce qui est plutôt un inconvénient qu'un avantage, ça ne m'apporte rien.
Et c'est pour ça que je m'interroge sur ce que ça aurait d'utile pour des gens qui prétendent faire valoir leur liberté de choix d'avoir mon approbation, ou ma future compassion (il y a peu de chance néanmoins, la mienne est de moins en moins accessible), si ils sont aussi sûrs que ça de leur choix personnel.
Je ne souhaite pas à ceux qui refusent de se faire vacciner prétendument par choix d'être malade, bien au contraire, mais si ils le sont, je ne vais pas m'apitoyer sur leur sort. Mais ce n'est pas pour autant que je vais le leur signifier, j'ai l'hypocrisie minimum de la stricte politesse sociale.
Par contre, ça m'intéresse vraiment de savoir pourquoi ce que je pense du choix libre et éclairé de quelqu'un lui importe tant que ça, et si ce choix est effectivement libre et éclairé et issu de l'exercice d'une liberté personnelle et individuelle, pourquoi est-ce que je devrais l'approuver, le soutenir ou le comprendre.
Je n'approuve pas, je ne soutiens pas et je ne comprends pas, de la même manière que les gens qui me jugent dans le métro parce que ne cède pas ma place à une femme enceinte ou à une personne âgée ne m'approuvent pas, ne me soutiennent pas et ne me comprennent pas. Et d'expérience, parce que ça m'arrive vachement plus souvent qu'une pandémie, ça ne change rien à mon choix de ne pas me plier à la bienséance ou au desiderata de la majorité.
Au début, je faisais l'effort de montrer ma carte d'invalidité pour obtenir l'approbation des gens autour, parce que j'étais mal à l'aise et que rester le cul sur mon strapontin était plus motivé par la peur (d'avoir mal dans mon cas) que parce que j'avais décidé en toute conscience que j'étais dans mon droit (c'est le cas, je suis prioritaire).
Donc je pense, à la lumière de mon expérience personnelle, que ce besoin d'approbation est une preuve que ce choix prétendument libre et éclairé est en fait un choix contraint par des sentiments irrationnels, très certainement une forme de peur, et qu'au lieu de se braquer contre ceux qui ne cautionnent pas leur choix, ceux qui ont décidé de ne pas se faire vacciner devraient faire la paix avec leur décision plutôt que de nous saouler avec leur vaine recherche d'approbation sociale.
Les sondages de Santé Publique France sont assez clairs là dessus. On peut estimer que 20% de la population réprouve ce choix, que 75% s'en fout et que l'approbation ne peut venir que des 5% qui restent. Ça va être compliqué d'obtenir une approbation sociale dans cette situation, et c'est ça qui polarise le débat à mon avis.
Du coup, ça évite d'avoir à tergiverser sur le sens à donner au mot compassion, parce que c'était certainement pas le vocable le plus pertinent, mais l'idée de base, c'était de dire que si ce choix relève réellement de l'exercice d'une liberté individuelle, alors l'opinion d'autrui ne devrait pas revêtir autant d'importance, que cette opinion soit que les soins ne devraient pas être remboursés dans ce cas (ce qui est un vœu pieux puisque ça serait très certainement anticonstitutionnel en France) ou qu'elle soit d'une quelconque forme de négativité.
Bref, y'a un truc qui déconne dans la façon dont la liberté de choix est corrélée à l'approbation sociale. Normalement, c'est pas autant lié quand le choix n'est pas contraint.