C'est discutable, c'est sans doute assez français et on est probablement dans l'excès actuellement. L'extrême inverse me parait cela dit mauvais aussi. Un député qui devrait manger du pain rassis le temps de son mandat représenterait un échec aussi pour notre société.
Il y a de la place entre les deux extrêmes, quand même.
Le principal souci, à mon avis, c'est l'absence de contrôle. Si t'es un quidam moyen, la secu contrôle quand t'es en arrêt maladie, la CAF contrôle si tu touches des aides au logement, tu dois rendre des comptes, voire même travailler gratos, si tu touches le RSA, etc... Le quidam moyen, quand il bénéficie de l'argent public, on vérifie que c'est justifié tout le temps et on lui demande de rendre des comptes.
Pourquoi ne le fait-on pas pour les élus ? La question n'est même pas au sujet des sommes dépensées, la question est réellement pourquoi ne demande-t-on pas aux élus et aux haut-fonctionnaires de se justifier et d'apporter la preuve que ce qu'ils font de l'argent est dans l'intérêt de l'État, conforme aux réglementations et aux lois ?
Ce qui me choque le plus dans toutes ces histoires, à titre personnel, ce n'est pas que ça arrive, c'est que ça arrive régulièrement, que ce n'est jamais relevé par un organisme de contrôle administratif mais toujours par des journalistes qui capturent les bruits de couloir qui vont bien. À chaque fois ça fait le buzz, à chaque fois tout le monde s'offusque, pif paf pouf qui une démission qui un remplacement par un mec qui a mieux repassé les plis de la nappe avant de cacher la merde dessous, et en avant la chenille qui redémarre.
On ergotte sur chaque situation mais à aucun moment, on ne demande jamais un contrôle, au moins aussi preignant que ceux que souffrent le quidam moyen quand on lui versé de l'argent public, pour les dépenses des élus.
Moi aussi j'ai réglé au frais de ma boîte des repas pour 20 dans le restaurant étoilé d'un hôtel classieux à la défense en fin de workshop* et on n'a pas parlé boulot pendant le repas, c'était simple, on a tous une carte bleue à débit différé et quand on fournit
la justification de la dépense aux financiers, ils créditent le compte pour que le paiement soit assuré.
Mais c'est une justification fournie antérieurement au paiement, et de toutes façons, on n'engage pas de tels frais sans l'aval préalable de notre donneur d'ordre. Donc même dans le privé, les dépenses somptuaires sont contrôlées.
Résumons:
- les dépenses d'argent public sont contrôlées quand elles arrivent dans la poche d'un quidam mais pas dans celle d'un élu
- les dépenses somptuaires doivent être justifiées dans le privé mais dans le haut fonctionnariat et la représentation démocratique, c'est open bar.
Trouver ça choquant, c'est assez inapproprié. Cette situation est injuste.
Si on ajoute à ça le contexte politique où il est demandé à tout le monde de faire des efforts pendant que l'aristocratie moderne profite au maximum des injustices dont elle peut bénéficier, ça confine au foutage de gueule.
Et l'excuse bidon du "peut-être ils ne se rendent pas compte", non, hein. Si ils ne sont pas foutus de réaliser l'injustice dont ils bénéficient, ça n'est pas une excuse, c'est une circonstance aggravante, parce que ça signifie qu'ils sont incompétents en politique et qu'en plus de cramer la caisse en demandant à ceux qu'ils représentent de la renflouer, ils n'ont aucune légitimité au poste qui leur octroie ces bénéfices.
*atelier collaboratif