Ha bah quand tu parles comme ça, effectivement, je pars pas direct avec un apriori.
Fio' je pense que tu me lis avec déjà en tête que mon discours vise à "casser du flic", parce que je ne vois pas pourquoi et encore moins à quel moment j'ai pu insinuer que tabasser des non caucasiens était une motivation à porter l'uniforme. Je pense franchement qu'un jeune homme ou qu'une jeune femme qui choisit cette carrière le fait pour des aspirations moins viles, et ça ne me rassurerait pas qu'on me prouve le contraire.
C'est déjà une chose :')
L'institution est par contre malade et violente ça j'en suis convaincu, en premier lieu envers ses propres agents qui doivent bien trouver des moyens de la supporter. J'imagine que l'exercer contre des cibles faciles (habituées au harcèlement policier, habituée à ne pas être entendue de la justice, n'ayant pas confiance dans cette même justice, ne croyant pas en l'intégrité des principes républicains ou pour ce qui concerne des migrants, structurellement incapables de se défendre par des biais légaux) est un moyen de gérer cette violence, ce qui doit être facilité quand les propres représentations du monde de l'agent lui font voir cette "cible facile" comme une personne qu'il est légitime d'emmerder et que l'institution, l'expérience et la hiérarchie présentent comme une personne qui ne pourra pas répliquer (quoi que je me suis toujours demandé ce qu'il adviendrait si un jour un type excédé par les humiliations policières pète un câble et envoie un flic aux urgences : est-ce que le discours dominant sera celui de la violence exogène à laquelle fait face la police ou celle du raz-le-bol des citoyens humiliés ?)
Je pense clairement que le fait de retrouver toujours les mêmes personnes face à eux, de voir que la Justice est tellement debordée, parfois tellement deconnectée, que ça fini par rendre moins précautionneux certaines personnes.
Ca se ressent quand tu lis les demandes de mutations des collegues affectés dans l'ile de France par exemple :
Déjà, ils sont bloqués durant des années avant de pouvoir retrouver leur région de naissance. Certains sont séparé de leur famille, voir enfants depuis des années, sans possibilité de mutation.
Malgré toute les promesses des politiques, y'a très peu de moyens, les locaux sont souvent vétuste, les véhicules j'en parle pas, les missions souvent merdiques et t'as plus l'impression de faire du boulot de flic, mais de la sécurité privée.
Des collègues ont été rappelés sur un jour de repos un dimanche, pour garder, alors qu'il y avait déjà vigipirate dessus, un dîner religieux dans un endroit religieux.
Je parle pas du nombre d'endroit gardés, ou tu te contente de rester devant une porte etc.
Y'a énormément de frustration, en tout cas moi c'est ce que je ressent du côté de mes collègues. Donc oui, quand un mec te parle mal, t'es censé gardé ton sang froid, vouvoyez la personne en lui disant "monsieur, vous commettez un outrage, attention".
Mais au final, tu sais que ça sert à rien, et ça part en couilles très facilement.
Mais l'argument principal je pense, c'est vraiment la justice qui suit pas, je pense.
Un collègue à chopper 2 roms en train de voler dans le TGV la dernière fois.
Tu sais très bien que c'est mecs là, ils vont faire un tour devant l'OPJ et ressortir aussi tôt, et recommencer le jour d'après.
Donc tu craques, parce que t'en as ras le bol de taffer pour rien.
Et pour ta dernière question : Les preuves, toujours les preuves. Il sera pas excusé pour son geste, ça sera ptet amoindrit, mais s'il peut pas prouver ce qu'il dit par rapport au harcèlement des forces de l'ordre...
Sur la question du poids de la parole, là encore tu surinterprètes mon propos. Je ne critiques pas le statut d'agent assermenté (pour la raison que tu évoques très simplement d'ailleurs), je remarque par contre que c'est un facteur aggravant dans la difficulté à démontrer une situation de violence policière, et que cette asymétrie dans la parole est problématique quand le policier n'est pas témoin mais impliqué dans l'accusation, et encore plus quand la victime n'a aucune maîtrise des codes culturels et des démarches pour faire respecter ses droits et son intégrité.
Parce qu'il faut bien partir du postulat qu'un mec censé faire respecter et représenter la loi ne ment pas.
C'est compliqué de faire évoluer les textes pour les quelques brebis galeuse qui fausse le travail de tout les autres..
Certaines ONG ont déjà détourné de l'argent publique des subventions, pour autant, on peut pas se permettre de supprimer toute les subventions "au cas ou"..
Bah là c'est pareil malheureusement. On part du principe que le flic à raison, et c'est à l'autre de prouver qu'il à tort.
Bon, en revanche, un flic qui faute est censé prendre plus cher qu'un citoyen lambda. Et à double peine : sanctionné dans son travail, et par la justice si ça l'exige.
Alors qu'un mec qui fait un cambriolage ne sera pas forcément sanctionné par son travail (s'il ne fait pas de prison, of course)
Que des personnes viennent systématiquement défendre les représentants de cette institution selon une tactique qui consiste invariablement à mettre en doute la véracité des témoignages à charge me semble grotesque. Surtout dans un cas tel que celui-ci, rapporté par un journaliste et soutenu par des avocats, des travailleurs sociaux et une étude commandée par une ONG anglo-saxonne : on est loin de la vidéo décontextualisée filmée par des révolutionnaires wanabee pas encore bacheliers qui hurlent à l'état fasciste dès qu'un crs lève sa tonfa. Je pense qu'il y a des moments ou la sagesse recommande des commentaires un peu plus mesurés pour être pris au sérieux, et par là, pour rendre l'institution qu'on prétend défendre plus crédible. C'était ça le sens de mon intervention : une demande de te (vous) comporter comme des citoyens (employé-s par cette institution) et non comme des avocats zélés de l'institution.
J'suis pas forcément à défendre, là oui, il y a clairement l'air d'avoir eu abus.
Simplement, le texte est à charge uniquement contre la Police et c'est souvent comme ça avec ce genre de chose.
Bon, là les accusations portée sont graves, mais d'une façon générale, on a l'impression que les mecs en face sont tous des anges, qui n'ont jamais rien fait, qui ont toujours été respectueux etc.
C'est ptet vrai btw, mais quand t'es sur le terrain, du moins dans les endroits un peu chaud, c'est rarement ce que tu vois.
M'enfin, l'enquête est en cours.
Si c'est vrai et qu'ils sont virés, tant mieux. Ca fera des places en plus pour des collègues qui ont vraiment envie d'aider la population.
Et assistante sociale et franchement c'est la seule fois de ma vie ou j'ai eu vraiment eu envie de monter à une manif pour casser du flic (j'étais encore jeune à l'époque) parce que le canon à eau sur ma gueule dans des manifs violentes estudiantines pourquoi pas mais sur la gueule des assistantes sociales dont des gens proches, je l'ai très très mal vécu.
A la base, le canon à eau est là pour repousser les manifestants sans avoir à envoyer les collègues matraquer devant.
D'ou je pense, l'utilisation du canon pour les infirmière ou les AS, à très grande majorité féminine.
Après dans la gueule, ça doit pas faire du bien.
D'ailleurs, en Turquie il me semble (ou Chine?) un mec était mort avec un jet de canon dans la figure. Mais il était très près lui.