Paris-Brest. Un avion sinon rien !
Pour cause de nuage islandais, le ministre Patrick Devedjian a annulé sa visite de lundi, à Brest. Un avion, sinon rien ! La pointe bretonne pouvait-elle espérer meilleur plaidoyer pour le TGV Paris-Brest en trois heures?
Un ministre qui annule un déplacement, ce n'est pas la première fois que cela se produit. Pas la dernière non plus. Mais la visite que devait effectuer lundi, à Brest,
Patrick Devedjian, ministre de la Relance, témoigne d'une certaine légèreté dans les moeurs ministérielles où on ne se déplace plus qu'en avion, en
montrant aussi peu de délicatesse pour programmer son arrivée que pour l'annuler.
Branle-bas pour le ministre
Les ministres sont désormais comme les vacanciers: ils choisissent leur destination au dernier moment. Et ce n'est donc que jeudi soir que Patrick Devedjian a officiellement fait part de son arrivée à Brest le lundi suivant. Dans cette ville au tempérament facétieux, la venue d'un ministre ne se fait jamais dans l'improvisation. Et ce sont plusieurs centaines de personnes qui ont soudain été concernées par ce déplacement au programme aussi chargé qu'un porte-conteneurs au large d'Ouessant. Au menu: le tram dès potron-minet, puis le plateau des Capucins que la Marine rend à la Ville, puis les labos de la fac de Sciences et dans la foulée, l'Ifremer, le technopôle, l'Institut polaire et même un nouvel établissement pour personnes âgées. N'en jetez plus! Montée dans la précipitation, une visite de ce format-là, c'est un véritable branle-bas et il a même fallu rappeler des profs, des scientifiques et du personnel pour que tout le monde soit à poste, lundi, pour l'arrivée du ministre. Mais dimanche soir, un bref communiqué a appris la nouvelle: le ministre ne vient plus. Pas d'avion. Rompez les rangs!
SNCF, c'est possible!
Ce revirement assez fâcheux laisse supposer que vu de Paris, Brest n'est accessible que par avion, comme l'Islande ou la Corse.
Le ministère, de toute évidence, ignore que l'on peut également rejoindre Brest par train, même quand les avions ne sont pas cloués au sol. Faute de train de nuit et compte tenu des circonstances,
le ministre aurait d'ailleurs pu arriver dimanche, jour où habituellement il n'est pas à la Relance, avec départ de Paris-Montparnasse à 16h et arrivée à Brest à 20h33. Il y a d'excellents hôtels dans la ville et cela lui laissait le temps d'aller éventuellement au ciné, voire même de faire Brest «by night».
Comme le Général
À défaut de train,
notre ministre aurait pu faire comme De Gaulle jadis: venir en voiture. Quand vous avez mobilisé autant de monde pour votre visite, un Paris-Brest en berline, ce n'est quand même pas le bout du monde. A
près tout, l'indice carbone de la voiture est bien inférieur à celui d'un avion et le Général, lui, n'hésitait pas à sillonner des routes bretonnes pas très carrossables, ce qui, du reste, l'incita à lancer le plan routier breton. Et pour lui faire la conversation en voiture, De Gaulle n'avait que Tante Yvonne ou le général de Boissieu. C'est dire s'il avait le sens du sacrifice!
Le transport de la relance...
Si Patrick Devedjian était venu en train (retour hier à 17h34, arrivée à Montparnasse à 22h15), sans doute aurait-il, lui aussi, été convaincu, à l'instar du Général naguère, de l'impérieuse nécessité du désenclavement ferroviaire de la pointe bretonne.
Peut-être même aurait-il eu les félicitations de son collègue Jean-Louis Borloo, ministre du Développement durable, tant le train est aujourd'hui le moyen de transport le plus écologique. Et celui sur lequel l'État mise pour la relance... Le ministre, justement chargé de la Relance, avait une occasion rêvée de mettre à profit les circonstances et ce déplacement pour un coup de projecteur sur les multiples vertus du ferroviaire
. Il a, hélas, choisi l'option la moins compatible avec la mission qui lui est confiée: pas d'avion, pas de déplacement. Fermez le ban!