|
Publié par Tonk
Le problème c'est les moyens utilisés et les arguments sortis en contrepartie, du genre toutouyoutou qui a la science infuse de par sa position, et qui sort des inepties à quasiment chaque phrases contre sa "cause".
Je n'ai jamais prétendu que j'avais la science infuse (si tu le perçois ainsi, et bien désolé, mais c'est ton problème, pas le mien), mais désolé, remonte les pages, et vois sur quelles bases part ce fil, et la manière dont on se fait allumer d'entrée de jeu. Mes premières réactions sont de défense plus qu'autre chose, et j'ai parfaitement conscience de passer pour quelqu'un de désagréable ou d'un peu dogmatique ou corporatiste pour le coup (ce qui n'est pas le cas au demeurant, je précise quand même). Mais je ne vais quand même pas me faire crachouiller à la face en disant "merci et à la semaine prochaine" sous prétexte qu'il y a du mécontentement.
Sinon, je le redis quand même parce que t'a visiblement échappé, mais je n'ai pas de "cause" particulière. Je ne suis pas gréviste (j'étais en classe hier, tu sais, devant mes élèves, pour terminer mes programmes et faire de la méthodologie), même si je soutiens ouvertement cette grève, et aussi ce type d'action (alors que j'y étais plutôt hostile à la base).
Mais bon, encore une fois, je t'invite à développer plus avant ton propos pour dissiper les éventuels malentendus qui pourraient nous opposer.
Et enfin, plusieurs ici ont essayé de témoigner de leur manière de voir les choses et de la pratique qu'ils ont de leur métier. Ont- ils été plus écoutés ? Pas vraiment.
Publié par -Black-Shadow-
Le bac blanc se rapproche beaucoup plus du bac que ce genre de choses. Et le bac blanc c'est pas qu'un entraînement, c'est une note à fort coefficient, ca permet de voir un peu son classement dans la classe par rapport aux DS normaux, et ca permet aussi de motiver les élèves et donc de les amener vers la réussite. J'insisterais d'ailleurs sur ce dernier point, personnelement il n'y aurait pas eu de bac blanc mes révisions auraient été beaucoup plus maigres et c'est la même chose pour mes potos. Pourtant on est des bons élèves, mature et [*jette la dernière fleur*] conscients des enjeux mais quoiqu'on en dise quand il y a une échéance à court terme, une échéance au bout ca motiver.
Et si, d'une manière parfaitement régulière et normale, le profs instituait déjà depuis des mois un système de coefficients (par exemple coeff. 3 pour les devoirs en temps limité, coeff. 2 pour les exposés à l'oral, coeff. 1 pour l es devoirs à la maison), en quoi ton bac blanc serait- il plus important qu'un devoir normal en temps limité ? De même, s'il organisait toutes les 3 semaines des devoirs de type bac (temps limité, répartition imposée des élèves, portables éteints, sacs contre le mur, interdiction du papier sur la table et de la trousse, etc...) quelle importance aurait ton bac blanc ? Et si, à chaque vacances, ton prof faisait un point noté sur les anciens chapitres du programmes, que tu es censé apprendre et maîtriser au fur et à mesure ? Qu'apporterait- il de plus ce bac blanc, que tu ne saurais déjà ?
Sinon, pour la motivation, désolé d'être franc, mais... tu as des parents et une conscience pour être motivé. Le prof ne PEUT PAS motiver un élève à lui seul. D'ailleurs, il n'est pas là pour ça. S'il peut le faire et l'aider, il est évident qu'il le fera. Mais le prof n'est pas la béquille d'une motivation défaillante. Mes élèves se prennent un gros devoir en temps limité toutes les trois semaines (une ou deux heures), avec exercices type bac et notation sévère : je peux te garantir qu'ils ne se posent pas la question de la motivation ou du travail. Ils savent que s'ils en font rien, ils se prendront un plomb magistral qui plombera leur moyenne lourdement. En général, ça motive.
Bref, la motivation de l'élève, désolé de le dire franchement, mais ça n'est pas du ressort du professeur. Plutôt, ça n'est pas le souci premier du professeur : c'est bien trop personnel pour que ça soit du ressort du professeur.
Et puis la motivation et l'intérêt, c'te blague : vous croyez qu'on fait ce qu'on veut nous devant nos classes ? Je vous rappelle juste que nous sommes des fonctionnaires d'Etat, et que par conséquent, nous sommes payés pour obéir aux ordres donnés (et ouais...) et les mettre en application sur le terrain.
Au fait, la motivation et l'intérêt, parlons- en. On fait les TPE et les exposés d'ECJS sur ce principe : les élèves choisissent des sujets à traiter parmi un vaste choix, ou, en ECJS comme je le fais, ils peuvent parler de pratiquement tout ce qu'ils veulent, à condition que ça cadre d'une manière ou d'une autre avec le programme. Ils doivent rendre un exposé écrit et un oral après plusieurs semaines de recherche en CDI (sur le modèle des TPE, pour leur apprendre la recherche en autonomie et le travail en groupe quand même). Vous savez ce que ça donne pour une large majorité des cas (les 2/3) : tout simplement de la merde. Parce que rechercher = copier / coller, et que faire un oral = se taire jusqu'à ce que le prof pète les plomb, pose des questions (auxquelles on répond par "ouais" ou "ben voilà quoi toussa" la plupart du temps) et fasse une reprise qui tourne en deux secondes au monologue. Et qu'ils aient en avance toutes les consignes ne change rien : ils ne les lisent pas. Bref, l'intérêt de l'élève vous pouvez vous le garder votre argument pourri : l'élève n'a pas envie a priori d'être là où il est, et il n'a pas à être intéressé par nature à ce qu'il fait en classe. C'est sûr, s'il l'est, c'est un plus. Mais s'il ne l'est pas, tant pis. Du moment qu'il travaille et qu'il apprend, le contrat est rempli et lui, sans s'en rendre compte, il en ressortira quand même enrichit et grandit. Alors gardez loin votre sentimentalisme mièvre et laissez le pour le monde des médias et des soap operas.
Moi je veux bien intéresser mes élèves. Les histoire de cul de Sylla ça leur plaira à mort, c'est clair, de même que si je m'amuse à leur apprendre l'histoire antique à partir de films que je couperais et commenterais en classe. Mais bon, je suis pas animateur social ou le copain qui attend que maman et papa rentrent du boulot et ramènent le fiston à la maison.
Vous avez une vision consumériste de l'école.
Bizarrement, je n'ai jamais attendu ou demandé à l'école qu'elle me divertisse ou qu'elle m'intéresse. J'étais là pour bosser, point barre. L'intérêt, c'était un truc personnel : des matières m'intéressaient (histoire- géo, philo, lettres, langues, physique, bio) et d'autres me faisaient royalement caguer (maths, EPS) : le prof aurait pu faire ce qu'il voulait, je n'aurais jamais aimé les maths pour autant, et je n'aurais jamais travaillé la matière une minute de plus... Quand je ne voulais pas bosser, je dormais en classe, je rigolais avec mes potes, je me prenais un plomb ou je me faisais virer du cours, mais je n'ai jamais demandé à l'école de me divertir : ça ne m'est tout simplement jamais venu à l'esprit, parce que ce n'est pas le lieu pour ça.
Publié par -Black-Shadow-
En attendant le bac blanc reste une épreuve très utile. Dans mon lycée la grève n'a pas été suivi donc j'ai bien eu le droit à mon bac blanc mais dans le cas contraire j'aurais fais parti de ceux qui gueule.
Encore une fois, son utilité est relative. Mais il n'est pas une obligation. Il permet donc de faire comprendre à une institution qui a du mal à entendre qu'il y a des problèmes, tout en limitant la casse vis- à- vis des élèves. De plus, je rajoute qu'une évaluation, c'est toute l'année, et non pas que le jour du bac blanc. Mais bon, on ne va pas se répéter constamment.
Publié par -Black-Shadow-
J'ai pas envie d'être pénalisé par les profs. Qu'ils manifestent pour nous j'en suis pas convaincu, ils manifestent plutôt pour les prochains élèves et j'ai pas envie de subir ca si ca me profite pas. Les profs doivent prendre leur responsabilités, c'est à dire selon moi, faire cour directement ou non, corriger ces bac blancs. Bien sur ils sont pas obligés de faire tout ca, ils peuvent aussi corriger à l'arrache toute les copies, mettre des notes, des appréciations à la louche, bref mal faire le boulot. Après s'ils veulent bien le faire et voir leur élèves réussir ils ont le devoir de le faire.
Tu dis quelque chose de très intéressant. Tu n'as pas envie d'être pénalisé, et ça se comprend : je réagirais probablement comme toi si j'étais dans ton cas et si j'avais ton âge. Mais tu vois, nous, on n'a pas envie de se faire entuber sans vaseline, sans concertation, dans un sens un peu absurde, qui ne te nuira probablement pas à toi, mais tout un tas de lycéens qui viendront après toi.
Tu dis que les profs doivent prendre leurs responsabilités : mais c'est exactement ce qu'ils font de LEUR point de vue, qui est une vision qui se veut à long terme, et pas seulement à un ou deux ans. Nous pensons (un certain nombre d'enseignant pense) que les choses telles qu'elles évoluent vont provoquer plus de mal que de bien. Nous avons en effet des syndicats forts qui ont relayé un certain nombre de craintes. Mais que dalle, pas d'écoute. Nous avons fait quelques actions, mais là encore, rien. Donc là, ça risque de se durcir, puisqu'il n'est plus question de contester la loi Robiens, mais de la retirer / l'abroger.
Sinon, la réussite de leurs élèves, elle est importante pour les profs. C'est un peu pour ça qu'ils font ce boulot quand même. Mais faut un peu arrêter de croire que sortir cet argument mêlé de chantage affectivo- politique va suffire à tout régler. On la veut tous la réussite de nos élèves, et ça n'est pas le problème. La réussite de nos élèves, si on va par là, elle est loin de passer par le bac ou par un bac blanc. C'est un coup qu'on nous a fait et refait : et hop ! une petite culpabilisation pour mieux nous faire taire. Mais le plus drôle dans tout ça, c'est qu'au quotidien quand tout va plutôt bien, quand on fait quand même réussir des élèves qui n'étaient pas arrivés pour autant à la base, on n'en parle pas... et là, quand ça risque de ne pas aller sur des roulettes, hop ! on nous la ressort. Désolé, mais pour moi c'est insuffisant.
Publié par -Black-Shadow-
Je suis cependant conscient qu'ils n'ont peut-être que cette solution pour exprimer leur mécontentement. Eux luttent pour leur situation, je lutte contre la mienne. Ils peuvent faire la grève en effuctuant clandestinement leur travail. Bref moi je gueulerais contre les profs et éventuellement contre le ministère de l'éducation suivant ma position.
J'ai lu sur différents sites que certains proposent très sérieusement de faire la grève du bac en mettant 19 à TOUTES les copies qu'ils auraient entre les mains. En plus, MDR, ça prendrait l'institution à son propre piège et l'obligerait à assumer l'absurdité de cette épreuve désormais vide de contenu. Il y a 3 ans, j'aurais hurlé contre ce type de pratique : aujourd'hui, je serais bien le premier à la mettre en oeuvre. En plus, j'y gagnerais des jours de correction, et ça, c'est un plaisir qui ne se refuse pas. Ca serait fun de mettre 19 à tous (mais bon, là, tu vois, les élèves sérieux, eux, se feraient entuber... et ça, ça me dérange quand même moralement).
Publié par GuiWald
Et je crois pas que ce que propose le ministre soit cela. D'après ce qu'il a dit (ce que j'ai entendu à la radio, hier, de sa bouche, encore une fois), la bivalence serai volontaire, et bien sur interviendrait après que les profs aient étudié les matières qu'ils auraient choisi d'enseigner. Je ne comprend pas vraiment où se trouve le problème, en fait...
Non, il était question de volontariat à la base, et aussi pour les remplacements courte période (c'est la même problématique). Mais les textes (qu'on peut trouver sur Légifrance, la date de publication étant de février 2007) disent que cette situation est généralisable à la rentrée 2007 pour quiconque dans le secondaire ne pourrait remplir ses obligations horaires (15 heures pour les agrégés, 18 pour les certifiés). Il y a différents cas de figure, mais, si on ne peut remplir son temps en totalité sur son établissement, ou bien on va compléter jusqu'à 3 établissements sur sa commune, ou bien sur deux établissements mais sur deux communes non limitrophes, ou bien en faisant des remplacements dans une discipline qui n'est pas nécessairement la sienne, même si elle doit correspondre le plus possible à ses propres compétences (ce n'est donc en rien une certitude, et il n'y a aucun caractère limitatif dans le texte). A terme, cela suppose une réforme en profondeur des concours de recrutement (mais je ne sais rien sur ce point : le Capes vient de s'achever en Histoire- Géo, et je n'ai rien entendu qui allait dans ce sens. Donc, si l'an prochain les prochains professeurs stagiaires seront confrontés à ces cas de figures, il est bien admis qu'ils n'auront aucune formation pour cela... ce qui suppose qu'ils seront donc interchangeables d'un lieu à un autre... ou que pendant leur stage ils auront une formation au rabais qui ne servira à rien, puisqu'ils pourront toujours avoir plus tard à remplacer un autre prof dans une autre discipline).
La bonne blague... Le rectorat a une influence directe sur toute une catégorie de profs (les TZR), et peut donc tourner la loi dans le sens d'un mode de gestion normal de l'institution, afin de limiter le volume des recrutements, et de mettre un peu tout le monde au pas, bloquant de fait toute contestation ou tout dialogue. De même dans les établissements, ça risque de méchamment compliquer la vie de pas mal de monde...
Et pour gagner quoi exactement ?
NB : mes propos sont à vérifier. J'ai regardé longuement auprès des divers syndicats, sur Légifrance et sur le site du ministère, mais dans tout ce fatras de textes et dans tout ce jargon juridique, j'ai eu un peu de mal à me retrouver.
|