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Selon Le Monde, la baisse du chômage vanté par le gouvernement durant ce quinquennat serait pas mal pipeauté et n'aurait pas vraiment évolué depuis 2012. Cela proviendrait de radiation en masse et de l'explosion de création de micro-entreprises (ubérisation), ce qui n'est en réalité que de la précarisation :
En revanche, le président-candidat joue sur les chiffres lorsqu’il affirme que le taux de chômage des jeunes « atteint son plus bas niveau depuis quarante ans ».
[...] Cette baisse est à mettre en relation avec une nette progression du nombre de bénéficiaires de contrats en alternance depuis 2016, tendance qui s’est « même accélérée entre fin 2020 et fin 2021 », relève l’Insee dans une note de conjoncture publiée en mars. Elle s’explique par différentes réformes : aides financières aux apprentis, soutien renforcé à l’embauche et mesures visant à simplifier le recours à l’apprentissage pour les employeurs. Ces jeunes alternants contribuent à réduire le taux de chômage des jeunes puisqu’ils sont considérés comme « actifs en emploi » au sens du BIT. Entre fin 2015 et fin 2021, le taux d’emploi des jeunes a augmenté de 5,3 points, dont 2,9 points sont attribués aux contrats en alternance.
Même s’il a amorcé une décrue importante au cours des trois derniers trimestres, le nombre d’inscrits à Pôle emploi reste à un niveau élevé. On comptait 3,336 millions demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) fin 2021, un chiffre qui s’élevait à 5,659 millions en incluant les demandeurs d’emploi à temps partiel (catégories B et C). C’est le niveau le plus bas atteint depuis fin 2012.
L’Insee comptabilise un « halo autour du chômage », regroupant les personnes qui ne répondent pas aux critères de la définition du chômage au sens du BIT, mais sont au chômage de manière transitoire, bien qu’elles soient toujours à la recherche d’un emploi, ou s’en sont éloignés pour des raisons personnelles (études, maternité, enfant ou personnage à charge, maladie, invalidité...).
Au cours du dernier trimestre 2021, ce nombre repart légèrement à la hausse, revenant au niveau d’avant-crise. Ce sont ainsi 1,897 million de personnes inactives qui souhaitent travailler, mais qui ne sont pas considérées comme étant au chômage, faute de remplir les critères du BIT (faire des recherches, être disponible immédiatement).
La baisse du taux de chômage cache aussi l’émergence d’une nouvelle forme de précarité : le travail à la tâche, souvent qualifié d’ « ubérisation de la société », est l’un des principaux marqueurs économiques du quinquennat Macron.
Celui-ci s’est en effet caractérisé par l’explosion de l’autoentreprenariat. En 2021, près d’un million d’entreprises a été créé, dont 641 000 microentreprises, dont le statut est connu pour son instabilité (un tiers seulement survit au bout de cinq ans), sa faible rémunération (environ 590 euros par mois en moyenne) et sa vulnérabilité (dans certains cas, il s’apparente à de la dissimulation d’emploi salarié, souvent subie).
Source : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs...2_4355770.html
À noter également les derniers chiffres du chômage qui sont tombés vendredi, le gouvernement va se gausser que le nombre de chômeurs sera encore en baisse mais il y a une raison pour cela :
J'ai vérifié les chiffres moi-même (en téléchargeant le fichier xlsx du site de la DARES) et ils sont exacts et d'ailleurs ça permis de remarquer sur pas mal de trimestres précédents, si le nombre de chômeurs étaient en baisse, c'était grâce aux radiations (donc le nombre de chômeurs n'a pas réellement baissé, c'est que les personnes sortent des stats). D'ailleurs cette année (enfin en 2021, vous me comprenez), plus de 150 000 personnes ont été radiées de Pôle Emploi.
Et dernière chose, le gouvernement censurerait (en ne le publiant pas) un rapport datant de 2020 qui indiquerait qu'un tiers des chômeurs ne demanderaient l'allocation chômage auquel ils sont droits (parmi ceux qui aurait droit à une allocation, ce non-recours toucherait environ 500 000 personnes) :
A trois semaines de l’élection présidentielle, le gouvernement se livrerait-il à quelques cachotteries sur la réalité du chômage ? C’est ce que soupçonnent le député LFI François Ruffin et plusieurs députés communistes, qui demandent depuis une dizaine de jours que soit transmis au Parlement un rapport gouvernemental réalisé par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), qui dépend du ministère du Travail. Son contenu est prometteur : il porte sur le non-recours à l’assurance chômage, c’est-à-dire le pourcentage de personnes qui auraient droit à une allocation-chômage et qui, pourtant, ne la perçoivent pas.
[...]
Seulement, deux ans plus tard, en septembre 2020, la lumière n’est toujours pas faite. On n’en aura des nouvelles que seize mois plus tard, dans un rapport parlementaire d’évaluation de la loi de septembre 2018, publié en janvier 2022. Les députés Sylvain Maillard (LREM) et Joël Aviragnet (PS) y expliquent que le rapport gouvernemental sur le non-recours est «en retard mais en voie d’être remis». Selon les députés, le ministère du Travail a fait valoir que «la complexification des règles d’éligibilité» à l’assurance chômage a rendu difficile la finalisation de l’étude, mais que celle-ci est désormais prévue «pour le début de l’année 2022».
Quelques semaines passent encore ; nous voilà en mars 2022, à un mois du premier tour de la présidentielle. Ne voyant toujours rien venir, les députés communistes s’impatientent : quand sortira donc ce fameux rapport ? Question que se pose aussi leur collègue François Ruffin. Fort de son audience, ce dernier publie un post de blog adressé à Elisabeth Borne, la ministre du Travail, où il affirme «que ce rapport existe, qu’il est finalisé, que vous et votre cabinet l’avez relu». Non seulement relu, mais aussi validé et transmis à Matignon et l’Elysée… d’où viendrait en réalité un blocage «politique», à quelques semaines de la présidentielle.
Des soupçons que s’efforce de balayer le ministère du Travail, en apportant une explication inattendue. «Les premiers résultats nécessitent d’être approfondis car ils font apparaître que le taux de non-recours serait inférieur à celui des rares études disponibles, ce qui pose des questions», explique-t-il. Ainsi, si quelque chose étonne dans ce rapport, c’est la faible ampleur du phénomène étudié. Il faudrait explorer davantage «les raisons de ce non-recours : est-ce par méconnaissance […], s’agit-il d’un retrait volontaire du marché du travail ?» s’interroge-t-on au ministère. «On passe donc d’une enquête statistique à une enquête psychosociologique !» s’étonne François Ruffin auprès de Libération. Il y a en effet de quoi être surpris. Si la Dares publie de nombreux travaux reposant sur les croisements de données administratives, elle ne s’aventure que très rarement dans la sociologie. Et quand elle le fait, c’est le plus souvent en faisant appel à des contributions extérieures, qui donnent lieu à des enquêtes séparées.
La CGT aussi croit que la rétention de l’étude est politique. Assesseur au sein de l’Unédic pour le compte du syndicat, Denis Gravouil «a du mal à imaginer que la Dares ait fait un truc médiocre». Dans un communiqué publié lundi, la centrale laisse entendre que le rapport démontrerait que «des centaines de milliers d’allocataires sont lésés». Selon nos informations, il y serait plus précisément question de 500 000 personnes, ce qui représenterait près d’un tiers des privés d’emplois ayant droit à une allocation. Un taux proche de celui obtenu en 2010 par deux chercheurs, Sylvie Blasco et François Fontaine. Dans leur étude, ils avançaient que sur un échantillon de près de 1 900 demandeurs d’emploi de moins de 50 ans éligibles à l’indemnisation, 39 % de ces individus «ne s’inscriv[ai]ent pas à l’ANPE [ensuite fusionnée avec les Assédic pour donner naissance à Pôle Emploi, ndlr] au cours de leur épisode de chômage, s’empêchant ainsi de percevoir l’allocation».
Source : https://www.liberation.fr/politique/...HFCBZ3U7OINSA/
La prochaine fois que ça se félicite que le chômage baisse, garder ces informations en tête.
Et dans un autre registre, encore McKinsey au programme, avec un rapport concernant la CNAV facturé 1 million dont les fonctionnaires n'étaient même pas au courant et qui a accouché de pas grand chose (un powerpoint et un carnet de 50 pages) :
Les consultants de McKinsey sont si discrets qu’ils réussissent à passer presque inaperçus dans les structures où ils officient. A la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV), une large partie du personnel ignorait, jusqu’à une date récente, que la filiale tricolore de la firme américaine s’était vu confier une mission dans cette institution.
Finalement, le projet de système universel a été mis entre parenthèses, puis abandonné. L’intervention de McKinsey, elle, a coûté un peu plus de 957 000 euros, « avec comme seules traces tangibles un PowerPoint et un carnet de 50 pages », a affirmé Eliane Assassi, sénatrice communiste du Val-de-Marne et rapporteuse de la commission d’enquête : « Nous sommes loin d’un rapport circonstancié à la hauteur de cet objectif difficile et commandé par l’actualité ! »
Source : https://www.lemonde.fr/politique/art...70_823448.html
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