(Pas relu, trop long, plein de fautes)
Tellement de choses à dire…
D’abord, de quoi parle-t-on*? Du féminisme, des féminismes*?
Il y a des malades qui voient dans tous les hommes des oppresseurs et te sortent avec le plus grand sérieux que tous les hommes sont machistes dès la naissance et qu’il faut les rééduquer (rappel, un homme de naissance n’est rien, et si on ne l’éduque pas tout court il passe ses journées à gratter la terre pour trouver des larves, sans vêtement, sans langage, sans bagage culturel… il est à 20 000 lieux d’imaginer une théorie de la supériorité du mâle).
Il y a des féministes historiques comme Badinter qui sont en fait des féministes de l’élite, qui voient la femme comme devant mener des activités supérieures, débarrassée des tâches encombrantes de la maternité (et il est vrai que ce sont les femmes qui se les tapent encore trop souvent). Son bouquin sur l’allaitement m’a valu de me faire insulter (ma femme aussi d’ailleurs) parce que ma femme a allaité nos deux filles (c’était son choix, j’étais contre mais je n’ai rien à lui imposer à ce niveau). Au passage, la dame gagne un gros tas de fric grâce à ses parts dans Publicis, dont une fraction provient de publicités clairement sexistes.
Il y a des féministes comme les chiennes de garde qui ont une vision ultra agressive et qui estiment que la dignité de la femme correspond à la vision qu’elles en ont et se lancent à corps perdu dans des luttes aussi fondamentales que le madame/mademoiselle et la condamnation de publicités vaguement SM. Ce n’est pas inutile, mais je trouve que le cycle action/réaction leur est aussi néfaste qu’il le fut pour Sarkozy.
Après il y a les féministes qui ont des luttes très terre à terre. Celles que je respecte, parce qu’elles épongent la merde*: ce sont elles qu’on trouve en train de soutenir les gamines violées et les femmes battues. C’est juste dommage qu’elles ne se mêlent que de ce qui concerne les femmes.
Et ensuite il y a ceux et celles qui ne sont pas féministes et qui font du travail de fond, des articles plus ou moins bien foutus et ainsi de suite. Je me sens plus proches d’eux parce que, pour être honnête, entre Nira Pancer et Badinter il y a comme un seuil niveau réflexion. Badinter ne suit pas. Peu de monde suit, en fait. Et au passage, Duby et son travail sur le mariage a sans doute plus fait pour les femmes que toutes les connasses qui te jettent des insultes à la tête parce que tu es un mâle blanc hétérosexuel, limite mansplainer, et qu’en tant que tel tu es un oppresseur, tu es contre leurs luttes et tu dois être rééduqué suivant leurs principes. (Et bien entendu, leur position n’est ni raciste, ni sexiste.) Sans doute parce que lui se sert de son cerveau et pas uniquement de sa moelle épinière.
En fait, je constate que le féminisme de nos jours est un combat qui se perd dans ses propres codes : des idées importées tout droit des USA appliquées sans tenir aucun compte des différences culturelles importantes sont appliquées telles quelles en France. Le féminisme promeut une vision de la femme dans laquelle une femme voilée ou qui se vend n’est pas une vraie femme mais une opprimée (alors qu’elles peuvent avoir fait un choix délibéré… un choix que je désapprouve, mais si c’est le cas je n’ai RIEN*À*DIRE), dans laquelle une femme qui allaite est victime du paternalisme, un homme est de base inconscient des problématiques et aura tendance au tribalisme et au machisme. En ce qui me concerne, je le vis comme une insulte grave à ma dignité. Parce que je me fous du sexe, de la couleur de peau ou des origines de quelqu’un*: je juge sur pièce.
Ensuite, je trouve le combat féministe idiot. Pas inutile. Idiot parce que « pourquoi uniquement les femmes ? » Des normes sexistes il en existe des valises, et elles ne concernent pas que les femmes. Vous avez essayé de jouer les pères au foyer ? Moi oui, depuis récemment, un de mes amis aussi. Réaction*: « Et sinon, quand est-ce que tu trouves un vrai boulot ? » Pour une femme, c’est normal, pour un homme non. Et tout est dit. Oui, les femmes sont victimes de préjugés idiots. Mais les hommes aussi. Vouloir faire disparaître les uns sans faire disparaître les autres, c’est débile. Or je n’ai jamais vu une féministe s’occuper de ça. JA MAIS. Dire qu’elles y sont sensibles, oui. Sur le papier elles luttent aussi pour les hommes mais dès que tu grattes ça retourne autour de leur nombril.
Mais là où ça devient fort, c’est quand on parle travail. Il est vrai que les femmes sont moins payées en moyenne. Il est vrai que certaines professions sont très masculines et d’autres très féminines. Alors on a des féministes qui disent*: il faut forcer ’égalité salariale et mettre un quota de 50 % de femmes dans les entreprises.
Et moi, ça me pose problème.
Ça me pose problème parce qu’on ne s’attaque pas à la source du problème mais à son symptôme. Pourquoi l’inégalité salariale*? Parce que l’entreprise ne veut pas parier sur les femmes. Pourquoi*? Certaines et certains l’ont dit sans ces pages*: la maternité. Toutes les femmes peuvent devenir mères. Et comme dans notre société la répartition des congés dans ce cas est telle que la femme sera très absente et l’homme beaucoup moins, devinez qui est favorisé à l’embauche et au salaire. Il y a bien sûr de la misogynie (enfin il y a des entreprises qui recrutent uniquement des femmes ou presque et toute le monde trouve ça très bien… deux poids deux mesures) mais c’est marginal face à la puissance du biais introduit par les mesures entourant la maternité. Solution*? Autant de congés à chaque parent dès qu’ils s’agit d’une naissance et on n’en parle plus. De même, dans la société, il faut arrêter de faire pression sur les hommes qui veulent être père au foyer (vous n’avez pas idée de ce qu’on prend dans la gueule, et l’ostracisme des mères : je suis un animal bizarre, j’emmène ma gosse jouer au relai d’assistance maternelle, les mères ne me parlent pas \o/).
Quand à l’égalité des effectifs hommes-femmes…
OK
Déjà, les féministes ne parlent pas de 50/50 mais de 50 % de femmes. Si c’est plus, vous ne les entendrez pas prendre parti pour les hommes. Après tout, je n’ai jamais entendu une féministe critiquer cette entrepreneuse parisienne qui se vante de n’embaucher que des femmes. Bref, partons sur le principe d’une égalité. Alors GO !
=> 50 % de femmes en train de se péter le dos et l’utérus sur les chantiers de travaux publics. Le sexe ne compte pas, on vous dit, alors go marteau-piqueur. On a qu’à réserver ces boulots aux femmes qui ne veulent pas d’enfants.
=> 50 % d’hommes en centres esthétiques. Mesdames, qui veut se faire faire le maillot par un gros barbu ? Ça ne doit pas poser problème, après tout c’est comme un gynécologue, au détail près qu’il n’a pas prêté serment mais on ne va pas s’arrêter à cça. Après tout, si on obtient l’égalité salariale on arrête donc de s’embarrasser du sexe et Régis, 35 ans, célibataire, peut vous épiler le pubis et le tour des lèvres sans que ça pose le moindre souci !
Non mais faut arrêter les conneries avec les quotas (rien qu’en politique, c’est antidémocratique, si on veut des femmes en politique, il faut comprendre pourquoi il y a un tel blocage et réformer la base pour que le sommet reflète le changement, pas l’imposer en haut en se foutant de ce qui se passe en bas).
On va prendre le problème de l’info. Il n’y a pas de femmes en informatique PARCE QU’ELLE N’Y VONT PAS. C’est un problème grave parce que le talent n’a pas de sexe et donc on se prive de talents potentiels. Les filières font tout ce qu’elles peuvent*: sensibilisation, week-end découvertes, passer dans les écoles… rien à faire. Les jeunes femmes pensent que c’est un boulot de mec rempli de gros frustrés qui se touchent sur du pron et elles se pensent incapables de le faire. Tout ça, ce sont des préjugés sexistes à l’encontre des hommes et d’elles-mêmes. Et on a des gens, des féministes très exactement, qui sans analyser le problème décident que ce sont les employeurs qui sont en cause (parce que leur grille de lecture est faussé dès le départ) et donc veulent les forcer à recruter des femmes sous peine de pénalités. Mais ils vont les recruter où ? En socio, en lettres, en psycho ? En Inde ? C’est nawak.
Pour finir, je dirai que Daphné Burki (oui, je regarde les Maternelles et je vous emmerde) et sa fine équipe font plus pour l’égalité entre les sexes que ne le font les chiennes de garde, et qu’à partir du moment où les prostituées expliquent aux féministes qu’elles se démerderont sans elles pour se défendre, il y a un sérieux problème (féministes*: « il faut interdire la prostitution »*; prostituées*: «*Nous VOULONS*nous prostituer, c’est NOTRE corps, nous en faisons ce que NOUS VOULONS »).
Et ce problème, il est simple*: les féministes aujourd’hui ne défendent plus les femmes mais une idée qu’elles se font des femmes. Alors quand je les entends, et qu’ensuite je vais voir ma ludothécaire qui m’invite à un débat sur la sexation des jouets et son impact sur l’éducation, je n’ai pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir qui je vais écouter*: ma ludothécaire se fout du sexe concerné, elle voit le problème de façon globale. Elle a compris que nous, êtres humains, ne sommes pas définis par notre pénis ou notre vagin, mais par le bagage culturel que nous portons. Si nous voulons changer la société, il faut changer le bagage. Du coup, au lieu du discours revendicatif et agressif de beaucoup de féministes (mais elles ne sont pas toutes comme ça, certaines ont même des choses très intéressantes à dire, c’est juste dommage qu’elles ne luttent que pour leur sexe au lieu de lutter pour tout le monde), je préfère le discours basé sur l’échange et la compréhension mutuelle de ma ludothécaire. Ou de Daphné Burki. Ou de Duby. Ou de Pancer. Ou de Jacquard. Ou de Simondon. Ou de…
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