Mais ok, allons y, mettons en place ton système de tri drastique en mode "ta femme veut venir en France, elle a intérêt de causer la langue":
La Loi du 24 juillet 2006 relative à l'immigration et à l'intégration rend déjà obligatoire la signature d'un
contrat d'accueil et d'intégration
Ce contrat comporte deux volets :
- un contrat type commun à tous les publics comportant les engagements réciproques :
- respecter les lois et les valeurs de la République et de suivre la formation civique pour le nouvel arrivant ;
- organiser l'accès aux droits individuels et à l'apprentissage de la langue pour l'État français ;
- une annexe personnalisée faisant état de l'engagement à suivre, si nécessaire, une formation linguistique et/ou une formation supplémentaire à la connaissance de la vie en France et proposant, si nécessaire, un référent social.
Par ailleurs, pour les personnes souhaitant une carte de résident 10 ans :
L'octroi de la carte de résident de dix ans suppose « l'intégration de l'étranger dans la société française », appréciée selon trois critères (article 7, article L. 314-2 CESEDA) :
- un « engagement personnel à respecter les principes qui régissent la République française » ;
- un « respect effectif de ces principes » ;
- une connaissance « suffisante » du français (sauf pour les étrangers âgés de plus de soixante-cinq ans).
Enfin, déjà à l'époque il y avait eu une volonté de rendre plus difficile l'accès au regroupement familial (18 mois minimum au lieu d'un an) et le conjoint d'un Français ne pouvait pas avoir de carte de résident avant 3 ans.
Les cours de FLE obligatoires existent, mais en pratique comme ça coûte cher, ben les cours ne sont pas assez dotés en volume horaire et plus globalement d'ambitions. On en revient à ce que disait Colsk. Des lois sensées être plus dures pour juguler l'immigration, on en a eu plein, mais dans les faits ça ne résout pas grand chose. A mon sens, c'est surtout que derrière les grands envolées lyriques, derrière on retrouve toujours cette difficulté à financer un dispositif d'accueil et d'intégration suffisant.
Un rapport du Sénat sur le sujet :
Le nouveau dispositif perpétue la principale carence du système antérieur : l'absence de lien entre la formation linguistique et la politique de délivrance des titres. L'absence d'atteinte du niveau A1 par l'immigré ne fait donc pas obstacle à l'obtention d'un titre pluriannuel de séjour, sous réserve de son assiduité, du « sérieux » de sa participation aux formations, et de la réalisation d'un progrès, même minime. Seule la délivrance de la carte de résident, qui permet un séjour de dix ans, devra être effectivement soumise à l'atteinte par l'immigré du niveau A2 à compter de mars 2018.
La formation civique, quant à elle, consiste en un survol dense et académique de l'histoire et des valeurs françaises, sur la base d'une présentation atteignant quasiment cent pages. Elle est, pour ces raisons, marquée par une absence quasiment totale d'interactivité entre l'enseignant et l'auditoire, qui reste largement passif. Enfin, la formation civique ne donne lieu à aucune évaluation de l'acquisition des connaissances par les immigrés. Sa réelle efficacité peut donc être mise en doute.
Les recommandations
Recommandation n° 1 : prévoir des mécanismes conditionnant la délivrance des titres pluriannuels de séjour à l'obtention du niveau de langue requis, afin d'inciter les bénéficiaires à s'impliquer pleinement dans leur formation.
Recommandation n° 2 : fixer des objectifs conformes à l'exigence d'intégration des immigrés, en augmentant progressivement le niveau de langue requis à l'issue de la formation de A1 à A2 et celui requis pour la carte de résident de A2 à B1.
Recommandation n° 3 : concernant la formation linguistique, augmenter le volume horaire maximum pouvant être prescrit à 600 heures pour les publics les plus éloignés du niveau requis, afin de leur donner de réelles chances de parvenir à une maîtrise de la langue suffisante pour vivre, travailler et s'intégrer en France.
Recommandation n° 4 : afin de pouvoir adapter les méthodes pédagogiques à la pluralité des publics, former des groupes plus homogènes selon l'origine géographique des signataires et leur parcours scolaire dans le pays d'origine.
Recommandation n° 5 : afin de mieux adapter la formation linguistique aux profils susceptibles de progresser rapidement, prévoir une formation plus intensive, dont la durée serait réduite.
Recommandation n° 6 : concernant la formation civique, pour garantir une meilleure compréhension et une plus grande participation des immigrés, rénover le contenu et les méthodes pédagogiques mises en oeuvre, par exemple en unifiant les deux formations, linguistique et civique, afin de garantir un apprentissage plus progressif.
Recommandation n° 7 : afin de permettre aux bénéficiaires de mieux assimiler son contenu, remettre un support papier reprenant les principaux points évoqués lors de la formation civique.
Recommandation n° 8 : pour permettre aux publics désireux de s'acquitter de leurs obligations dans un délai court et garantir une meilleure intégration, expérimenter la mise en place de stages d'intégration intensifs, sur le modèle des Oulpan de jour israéliens.
Recommandation n° 9 : coupler la rénovation des formations à un financement réaliste tout en mettant en place une réelle démarche d'évaluation de la performance.
Recommandation n° 10 : afin d'assurer la soutenabilité financière des mesures proposées et de responsabiliser les bénéficiaires, prévoir leur participation financière aux frais de formation linguistique et civique si leurs revenus le permettent.
Du reste, le système français pour les titres de séjour manque tellement de moyens qu'on voit des files d'attente gigantesques devant les préfectures dès le matin ou qu'il est impossible dans certaines préfectures d''arriver à prendre rendez-vous.
Mais financer un système permettant d'accorder ou non dans un délai raisonnable les titres de séjour, de former à la langue avec obligation de résultat, ça coûte de l'argent et ça fait moins parler dans les médias.
Qu'on demande aux gens souhaitant vivre en France d'apprendre la langue me semble effectivement une bonne chose, mais encore faut-il s'en donner les moyens.
Exemple concret :
Depuis l’automne 2015, trois groupes de 25 réfugiés, essentiellement syriens, irakiens, ainsi que quelques arméniens, arrivés en France depuis janvier 2015, peuvent bénéficier de cours de FLE pendant un semestre. Budget total de l’opération financée par l’Unistra : 45.000 euros. "Vous les accueillez, nous les formons", avait ainsi lancé Alain Beretz, le président de l’université strasbourgeoise, au maire de la ville, Roland Ries, en septembre 2015.
Le dispositif a failli d'arrêter, faute de moyens :
Faute de moyens, le troisième groupe de 25 réfugiés sera aussi le dernier à bénéficier cette année de ce dispositif à Strasbourg. "Cette année, l’université de Strasbourg a dû accueillir 3% ou 4% d’étudiants en plus, à moyens constants", justifie Mathieu Schneider.
Comme cette année universitaire, le dispositif sera financé par l'Unistra, qui va se saisir des budgets de projets qui n'aboutissent pas, ou sont reportées, pour le financer. "Sur le budget global cela ne représente pas un pourcentage énorme. Si l'université veut le faire, elle trouve l'argent", assure Mathieu Schneider.
Si l'objectif est d'assimiler les immigrés, il faut alors s'en donner les moyens. Et au lieu de cela, on a le droit à des politiques qui appellent à mettre fin au regroupement familial, aux titres de séjour pour les conjoints de Français, à l'accueil des réfugiés (alors que la France en refuse déjà 2/3 des demandes), à ne plus accueillir les étudiants.
Le RN propose ainsi de limiter à un solde migratoire de 10 000 immigrés par an (On est à un solde migratoire de 46 000 en 2019). Cela veut dire ne plus accueillir autant d'étudiants étrangers, ni autoriser certains des conjoints étrangers de Français à pouvoir s'installer en France (même s'il parle la langue, ont des métiers qualifiés et peuvent apporter quelque chose au Pays) et ainsi de suite. Plutôt que de répondre à des problématiques réelles en proposant des solutions efficaces et réalistes, ils choisissent de faire de la politique médiatique.