Publié par
Echtelion Maelin
L'ennui c'est qu'à ce moment, tu n'es plus que dans la réaction, et de fait à la merci du moindre emballement polémique sur les RS (qui ne sont souvent le fait que de très petites minorités très bruyantes). Et que pour le coup, l'explication de texte apparaît comme une prise de position...qui du coup est tout aussi perçue comme une agression.
Alors que, pour prolonger ce que dit très justement Crevard Ingénieux, ajouter de la connaissance et du contexte (à défaut de présupposer qu'ils sont présents a priori) ne devrait jamais être perçu comme un acte politique, à part pour ceux qui prospèrent sur des visions manichéennes du monde.
Personne ne peux prétendre être un expert en tous domaines (ni l'attendre de qui que ce soit), au mieux être pointu dans un domaine et avoir un vernis de culture le plus large possible. Mais réhabiliter les experts et spécialistes (et la notion du "plus j'en sais, plus je réalises que je ne sais pas grand-chose"), au lieu de les balayer d'un revers de la main, c'est justement prendre le chemin inverse de celui d'Idiocracy.
Le seul problème c'est que les "experts" qu'on nous impose en masse, y compris pour les gens un peu intelligents ce ne sont pas les universitaires, les spécialistes, les chercheurs mais des "toutocrates éditorialistes". Et depuis suffisamment longtemps pour que ça ait largement contaminé les premiers.
Par ailleurs (et ceci tempère le premier point) l'ultra spécialisation sur tel ou tel sujet est intéressante mais c'est aussi un enfermement, une obsession et une coupure dans le tissu du réel "total". l'humain est une synthèse libre, et animale / tripale / jouissive, ce n'est pas une idée et encore moins une seule idée obsessionnelle. Nos vies ne sont pas des théories, et même nos esprits sont complètement forgés par nos expériences. Personne n'agit en réalité conformément à ce que son esprit ou ses valeurs voudraient, tout le temps; La plupart du temps nous sommes la proie de phénomènes sociaux (ou d'instincts) qui dépassent notre entendement immédiat et nous n'agissons pas en tant qu'individus libres et ou réfléchis et ou raisonnants scientifiquement ou égalitairement etc. Les sciences sociales, si elles veulent impacter notre réel et le modifier "pour le progrès" (ce qui n'est même pas forcément une obligation morale mais un choix) doivent aussi faire avec le temps long, hors avec les moyens de l'industrie culturelle ce temps s'est brutalement raccourci, à l'échelle d'une vie les us et coutumes de notre enfance, quand nous aurons 90 ans, seront totalement hors normes, réactionnaires, voire tout simplement incompréhensibles. On n'est pas tous égaux face à cette évolution, c'est une évidence.
(et c'est valable à l'intérieur de toute communauté un peu nombreuse et significative en terme de masse, que ce soient les gays ou les minorités raciales, ces communautés sont traversées et divisées elles aussi par nos mutations).
J'ai passé par exemple un début de week end charmant chez des gays tenant un gîte, que je qualifierais de très conservateurs, très vieille france, et pourtant aussi très progressistes dans d'autres domaines. Dans une ville on ne peut plus cul terreuse, hors des radars gays. Chez eux j'ai retrouvé une part de mon enfance et de fantasmes vieille france, qui à mon avis sont proches de leurs schémas familiaux et de leurs propres madeleines de proust. Il y'a un côté très enfermant aussi dans le soi disant progressisme, qui modèle une sorte d'image gay de masse, pas forcément conforme à la réalité (surtout en France pour ce que j'en constate, par rapport aux représentations US et sorti du Marais / petite élite funky parisienne on est très loin des clichés en réalité. Par ex si on devait se fier uniquement à la situation économique je dirais que les homos (hommes en tout cas) sont majoritairement de droite - mais peut être voire surement que c'est mon filtre personnel aussi).
Si on était dans les années 50 ils auraient peut être été un peu moins ouvertement gays : il y'aurait eu une couverture "sociale" plus ou moins crédible pour que ça ne soit pas un "racontar" obsessionnel dans tout le village. Les "grandes amitiés" viriles, fraternelles et littéraires / artistiques ... qui te poussent à vivre sous le même toit mais en tout bien tout honneur...
Mais très peu de choses auraient été différentes à part ça. Et encore, ça n'a pas tellement changé profondément sorti du "qu'en dira t'on" de village. J'ai d'ailleurs apprécié dans leur maison ce coté "gay old school", un peu esthète, aventurier, libre penseur qui a toujours plus ou moins existé depuis la renaissance (au moins).
Va raconter le jus de cette anecdote en film ... c'est pas si évident. Mais certains y arrivent magistralement, et pondent en nous un peu de nouvelles madeleines de Proust pourtant pas vécues
La propagande est quasi intrinsèque à l'industrie culturelle, aucun message n'est neutre, tout est produit et pensé. Et je dirais que globalement non ça se passe d'explications (au moins pour le cinéma, la musique ...). Le ressenti, l'émotionnel qui perce ton armure, c'est ça qui fait passer le message en condensé. Quand on a été ému c'est comme un coup de poing émotionnel, et derrière ton propre rationnel se reconstruit en prenant en compte ce fait traumatisant, ou pénétrant, puissant, profond ou autre adjectif inapproprié à qualifier vraiment un ressenti qui arrive à te toucher, parfois te faire pleurer ou rire etc. Ou réfléchir, aussi, mais pas que, ou pas que d'une seule manière bien formalisée par le bon goût.