J'y suis allé hier soir en faisant bien attention à ne pas m'attendre à du grand Burton après la déception de
Charlie et la Chocolaterie.
Force de constater que Alice est pire au point même que je ne reconnais plus du tout notre grand Tim Burton. Tout ce qu'il y a de "Burtonnien" dedans se rapproche d'avantage de la caricature. D'ailleurs, si vous voulez voir un Burton, passez votre chemin, car vous ne verrez qu'un médiocre
Dysney production mouture moderne évidement.
Ce film est mauvais, pire, la médiocrité s'enfonce pour mieux déraciner l'œuvre mais aussi l'auteur et ses collaborateurs.
Je m'attendais à voir adapté au cinéma
De l'autre côté du miroir (
Through the Looking-Glass), voire, au pire à un mélange entre
le Pays des Merveilles et ce dernier. On apprend dès le début qu'en fait cette nouvelle version d'Alice n'a rien à voir et se déroule bien plus tard, Alice à 19 ans.
Un peu déçu? Oui et non. Finalement pourquoi pas? C'est un moyen de ne pas dénaturer le travail de L. Carroll si notre "Maître du fantastique" veut prendre quelques libertés. Finalement, c'est même peut-être très prometteur.
Mais non, du tout, car ça ne peut pas prendre dès lors que la "naïveté" d'Alice n'est plus qu'une façade. Son innocence n'est plus -ce qui est montré dès le début du film avec la scène du beau-frère- et ça rend déjà l'histoire improbable. Comprenez que la "jeune femme" n'a conservé que ses enfantillages: "Nah je mettrai pas de bas nah!", "Oh zavez vu le lapin?", "Ça doit être sympa de pouvoir voler!", mais que derrière ce jeu d'apparence: "Mon père aurait trouvé ça drôle (mes bêtise)" -consciente que ça n'aurait justement amusé que lui-, "Oui c'est ça, la vielle (tante), elle sort avec un prince qui va venir la retrouver. Pauvre vieille fille" -Elle lui conseille d'ailleurs même d'aller consulter un psy...-, "Parlons affaires maintenant! Vous allez étendre vos activités en Chine!". Franchement, j'exagère à peine, c'est une bonne vieille caricature familiale qui dicte des règles de vie: Le matin, avant le petit déjeuner, soyez tel un enfant qui doit imaginer 6 "choses improbables", et redevenir des adultes après le petit-déjeuner qui garderez le sens des réalités tout le reste de la journée.
L'ambiguïté portant sur un Wonderland: Rêve ou réalité n'a plus sa place. Normal, le petit déjeuner est passé, il faut donc que le "Pays des Merveilles" devienne réalité. Depuis le début du film on sait qu'Alice fait tout le temps le même rêve depuis son enfance. Le souci c'est qu'une fois devenu réalité, la gamine ne reconnaît pas elle-même ce monde, et peine toujours à reconnaître les personnages qui le hantent. Étrange, elle éprouve moins de difficultés à faire le lien entre certains de ces personnages et des gens qu'elle côtoie dans le monde "normal".
Pourtant, elle s'efforce à se croire dans un rêve et peut ainsi affronter ses peurs. Oui mais non encore une fois: Tant qu'elle se croit dans un rêve, elle n'est pas "la vraie Alice" et du coup, on risquerait d'empêcher notre vieille chenille à prendre enfin sa forme papillonneuse qui ne fumera plus! Comme c'est beau cette morale :').
La 3D? Je ne sais pas ce que ça donne puisque de toute façon, en France, le choix est vite fait: 3D ou VOST? Peut-être aura-je au moins apprécié quelques effets de 3D finalement puisque de toute façon, je me suis sacrément emerdouillé durant tout le film.
Les acteurs: Pas grand chose à dire, ce film ne leur permet même pas de briller. Je suis très déçu par le manque d'expression de Johny Depp car ça ne lui ressemble pas non plus. Mais je me demande si ce n'est pas dû au retouchage de ses yeux qui vide complètement son regard.
Les effets spéciaux: La 3D c'est bien mais à petite dose. L'absence de matière rend l'esthétique complètement plate et impersonnelle. D'ailleurs je pense que c'est peut-être ça qui casse les seules choses que j'aurai dû aimer de ce film. En général, ce qui est grandiose chez Burton, c'est qu'on peut justement aussi poser ses yeux librement sur certains détails qui marquent. Je pense entre autre à ses arbres exagérément tortueux, ses contrastes de clairs/obscurs, ou de teintes vives et complémentaires. Dans ce film, rien de tout ça. Les décors et les détails passent inaperçus car ils ne sont qu'un vuglaire brouhaha visuel. Le seul décor qui dégageait quelque chose a été pour moi la première salle des portes. Après, il y a le grand échiquier mal -ou pas- exploité qui fait un clin d'œil à
De l'autre côté du miroir qui est plutôt sympa. La porte qui mène à l'épée a failli faire son effet de mystère tout comme le mini balcon de la cours.
La com' avait été bien inspirée d'utiliser Tweedle-Dum et Tweedle-Dee pour nous donner l'eau à la bouche car en effet, il sont plutôt bien mis en scène. Le lapin lui ne dégage strictement rien! J'imagine que le lièvre a été le moyen de donner de l'impact à la 3D si j'en crois un post un peu plus haut, mais c'est aussi et surtout, le moyen de ressortir du gag gras et sans effet.
Le Chat, renommé Chess pour l'occasion, bien que j'ai aimé le ronronnement dans sa voix, a perdu tout caractère ambiguë et fascinant. Visuellement il est pas mal fait pourtant, j'irai jusqu'à dire qu'on peut saluer ce bon travail. Mais ça s'arrête là, et on préfèrera son adaptation du premier Dysney qui était plus convaincante.
La plus grosse déception est peut-être le Jabberwocky. Enfin non, car, esthétiquement, il est très réussi. Mais quand on sait que c'est Christopher Lee (entre autre
Dracula) qui lui donne sa voix, on pouvait s'attendre à quelque chose de plus conséquent. Surtout si on imagine que Burton aurait sans doute donné ce rôle à Vincent Price si ce dernier était encore vivant.
La Reine Blanche, dont on pourrait se demander "Skicellelà?" est bien maquillée. A la rigueur, elle aurai pût devenir un personnage bien intéressant dans un autre contexte. Mais son faux maniérisme fait sur-joué et ne colle pas, pire, fait bien pâle copie de Lisa Marie (
Vampira).
Ah oui n'oublions pas la morale évidente, celle qui est faîte pour être compris par un enfant de 5ans: N'oubliez pas de faire un pied de nez au monde morne en effectuant quelques pas de danse. Le mouvement est facile, il suffit juste de relever sa robe de 10 cm et d'agiter ses pieds dans tous les sens pendant 4 secondes. Ah et bien sûr, histoire d'apporter e,core un peu de mauvais goût dans la sauce, un peu de Tokio Hotel et de Avril Lavigne qui permettront aux rares spectateurs qui auront réussi à entrer dans le film, d'en sortir très vite!
Et pour finir, histoire malgré tout de pouvoir continuer à espérer que Burton n'est pas complètement l'ombre de lui même, je pense que si "censure" Dysney il y a, c'est d'avoir fait en sorte qu'on ne fasse pas le rapprochement qu'en fait, le personnage qui ressemble le plus à Alice n'est ni plus ni moins que la Dame de Cœur
H. B. Carter (qui est finalement le meilleur personnage du Pays des Merveilles).
De même que s'il y a un personnage attachant, c'est bien la vieille tante d'Alice pourtant montrée du doigt jusqu'à la fin du film.