Publié par Victhor
C'est bien beau de critiquer les syndicats et de dire qu'ils sont contre toute évolution... Mais à ce moment là, va falloir m'expliquer le rôle concret qu'ils ont parce que franchement, je ne le vois pas...
A vous écouter, on a l'impression que le gouvernement est tenu en otage par les syndicats et est obligé de leur obéir...
Sur les syndicats dans l'Education Nationale, il faut reconnaître qu'ils ont une puissance particulière, dans la mesure où ils cogèrent l'institution avec le ministère. Rien ne peut se faire sans passer par eux. En un sens, c'est bien. Mais dans la pratique, ça donne pas mal de jeux de pouvoir et d'abus de la part de certains. Et lors des mutations et des CAPA, leur pouvoir se révèle : l'évolution de carrière des enseignants passe par eux, et ça explique que beaucoup disent ce qu'il "faut" dire, pour ne pas avoir à en subir les conséquences. Dur de s'opposer à un représentant qui a des responsabilités à l'échelle de l'académie ou à celle nationale : je peux en parler...
Je ne reproche pas au SNES (parce qu'en fait, c'est de lui que je parle) d'exister et d'agir. Je lui reproche certaines pratiques (mais ça n'est pas propre à lui), et surtout, des prises de positions politiques qui n'ont rien à voir avec le syndicalisme et la défense de la profession (et lors du CPE, j'ai assisté à des choses parfaitement hallucinantes et très hautement scandaleuses de la part de certains représentants de ce syndicat...).
Mais là, on s'éloigne du sujet.
Publié par Victhor
La réalité est toute autre... C'est vrai que les syndicats enseignants gueulent... un peu... Personnemlemnt, je trouve qu'on ne les entend pas quand il faudrait...
Franchement, à part dire "non" à tout, je ne vois pas ce que le SNES sait dire d'autre.
Publié par Victhor
Mais personne ne les écoute... Depuis 5 ans, les postes d'enseignants diminuent au détriment des conditions de classe... Alors après, c'est facile de dire que les profs sont nuls qu'ils n'ont aucune autorité... Mais la réalité, c'est que les moyens manquent cruellement
Non, les moyens ne manquent pas particulièrement. Ils sont mal utilisés, ça c'est clair, mais ils ne manquent pas partout cruellement, et ils seraient un autre problème si on admettait que des élèves n'ont pas leur place au lycée par exemple.
Pour le collège, c'est clair, il faut un encadrement maximum d'adultes, ce qui passe par beaucoup de surveillants notamment. Là- dessus je suis d'accord.
Mais encore une fois, ça n'est pas QUE cela qui fera que les choses changeront. Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'évolution de notre système est telle qu'il faut remettre à plat énormément de choses pour le réformer en profondeur : QUI sera prêt à prendre ce risque politique ? Sûrement pas la gauche, puisque le vote enseignant forme l'essentiel du vote de gauche (PS essentiellement). Et la droite, quand elle tente quelque chose, se heurte à une opposition systématique, au moins de principe.
Publié par Victhor
T'as une vision de l'école publique, ça fait peur...
J'ai la vision née des choses que je constate au quotidien. Incapacité à comprendre des textes simples et des concepts historiques ou géographique, incapacité à dépasser la simple paraphrase sur des documents proposés, incapacité à écrire sa langue correctement, absentéisme de masse, refus de l'autorité et caprices à la chaîne, exigence de bonnes notes mais aucun travail pour y parvenir, incapacité à se concentrer et à travailler sur la durée...
Certes, ce n'est pas la majorité des élèves qui sont ainsi, mais tous les ans, c'est entre un quart et un tiers des lycéens que j'ai en charge qui est dans ce cas. Certains (autour de 10%) cumulent toutes les lacunes.
Je reviens du collège là (je suis à cheval sur le collège et le lycée cette année) : sur 25 élèves, 11 présents du fait de l'Aïd... elle est où la laïcité ? Il est où le respect des règles de l'école de la République ? Le bon côté, c'est qu'on a fait un cours super calme, qu'on a pu avancer et finir la leçon, et qu'on a même pu commencer les révisions et reprendre les points problématiques pour le contrôle de mercredi. Mais bon, ceux qui n'étaient pas là vont encore pleurer à l'injustice... Ca me gave : ils n'avaient qu'à être là.
Publié par Victhor
Mais je suis intimement convaincu que si l'école publique avait plus de moyens, elle serait en mesure d'assurer un enseignement correct...
Un exemple : le remplacement des profs absents.
Dans le privé, un prof absent est remplacé dans la semaine parfois même le lendemain...
Dans le public, avant 3 semaines d'absence, le rectorat ne bouge pas le petit doigt pour rechercher un remplacement... Au bout de trois semaines, il commence à rechercher quelqu'un...
Alors qu'on m'explique en quoi les profs sont responsables...
C'est deux semaines le délais normal.
Sinon, des tas d'absences sont souvent anticipées, notamment pour les formations, ou les heures sont rattrapées (pas tout le temps).
Et le privé n'est pas astreint à toutes les pesanteurs administratives du public. Il est en mesure de mieux s'adapter.
Publié par Victhor
La machine EN est complexe, mais les responsables des problèmes ne sont pas ceux qui bossent correctement, car jusqu'à preuve du contraire, les profs (presque tous, mais comme partout) font bien leur boulot et le font consciencieusement... Mais si on ne leur donne pas les moyens, les résultats ne sera pas à l'arrivée...
Je ne dis pas qu'ils le font mal. Je suis solidaire de mes collègues personnellement. La majorité des gens ont la vocation, et font tout ce qu'ils peuvent pour bien faire. Je vois surtout des gens motivés.
Mais ce que je vois aussi, ce n'est pas forcément un manque de moyens, mais un manque d'autorité qu'on leur accorde.
Concrètement, un élève absentéiste, je ne peux rien contre lui. La seule chose que je peux faire, c'est l'attraper et lui dire que je ne suis pas dupe, et que je vais l'aligner à la première occasion, sur ses contrôles ou au conseil, pour lui mettre des avertissements : c'est le chantage au passage. Mais même là, s'il décide de faire appel, il a de grandes chances de passer outre l'avis du conseil. Quelle autorité le conseil a-t-il dans cette situation ?
J'ai vu l'an dernier des élèves fort médiocres en seconde, qui n'avaient fournis aucun travail sur l'année, qui avaient des résultats franchement mauvais (autour de 07 de moyenne générale), qui ne savaient pas écrire et qui n'avaient pas de goût pour les matières littéraires, qui étaient absentéistes passer quand même en première L, en commission d'appel, avec des parents prêts à toutes les bassesses pour les excuser et remettre en question les profs. J'ai dû batailler contre des collègues complaisants et des parents casses- burnes pour obtenir des redoublements et des réorientations. Je ne me suis pas fait des amis... Et en plus c'est parce que je suis trop sévère... C'te blague... "
Vous comprenez monsieur, il n'a rien fait cette année, mais il va travailler dur cet été pour se remettre au niveau..." Mécébiensur...
Il est là le problème. C'est un problème de société qui fait qu'on laisse faire aux gosses ce qu'ils veulent sans réelles sanctions, et qu'on leur fait croire qu'ils feront ce qu'ils voudront s'ils commencent à vaguement travailler un jour ou l'autre... alors qu'on sait très bien que c'est du foutage de gueule intégral. Personne n'est dupe, mais tout le monde se tait, et laisse faire, refilant le nul aux collègues de l'année suivante...
Ce n'est pas une question de moyens (pas uniquement du moins). Je prends le pari que je fais cours sans aucun problème à une classe de 40 élèves qui ont été sélectionnés et qui savent ce qu'ils font là. J'ai déjà eu une TS et une TL comme ça : jamais un souci, jamais un problème de discipline, un rythme correct, et d'excellents résultats au bac, parce que les gamins avaient été sélectionnés, et que les orientations avaient été bien faites. Ils étaient 36 et 39, et alors ? Ca marchait très bien, même si je n'ai pas pu donner autant de devoirs que je voulais : c'est pas grave, avec ce genre de classe, l'autonomie dans le travail est possible, et les plans détaillés peuvent s'enchaîner très vite. Au final, peut importe : ils auraient pu être 45, c'était pareil, on aurait travaillé tout aussi efficacement.
Tandis qu'avec 25 analphabètes, on ne travaille pas plus vite... loin de là.
Publié par ThatsTheWay
[HS]
Pour avoir bossé dans l'EN et ma femme étant prof, faudrait arrêter de dire n'importe quoi 2mn. Les syndicats & co c'est du flanc made in flanby. Ils ont aucun pouvoir d'actions sur les grandes décisions et comme le dit ci-dessus Victhor c'est l'ETAT et seul l'ETAT par le biais de son gouvernement qui dirige l'EN.
Les suppressions de postes par matière mais aussi de CPE ou les non création de postes dans l'enseignement supérieur c'est l'Etat qui le décide. Les cartes scolaires, la gestion des mutations, les quotas, les budgets alloués... c'est idem.
En partie oui.
Sur les postes, oui, c'est l'Etat qui décide.
Mais désolé, sur la gestion des carrières, les syndicats sont parfaitement déterminants. Les inspecteurs se déchargent sur les syndicats, et les chefs d'établissements n'ont pas le pouvoir de choisir leurs profs. Toute une série de critères entrent en jeu, et le fait d'être syndiqué ou non est déterminant.
Et tenir l'évolution des carrières des profs, ça n'a rien de "flanby" à mon sens...