Si ne serait-ce qu'un seul dirigeant avait les couilles de faire respecter un contrat, les ptis joueurs à la grosse tête moufteraient un peu moins et y réfléchiraient à deux fois avant de s'engager pour plusieurs années.
Je vais te contredire en poursuivant dans le sens d'Ezekiel (sans écrire son pseudo façon l33t). L'analyse qu'il fait en termes économiques prévaut sur ton analyse juridique.
_1_ Dans un contrat de travail classique, le salarié est lié à son employeur par un lien de subordination. Le refus de se soumettre aux directives et ordres (licites) de l'employeur est un acte d'insubordination constitutif d'une faute grave et justifiant de ce fait un licenciement sans préavis ni indemnités.
Diouf a signalé qu'il attendait de Rib qu'il se présente aux entraînements. Imaginons que ce dernier refuse: insubordination, faute grave. Licenciement ? J'en doute fort. L'intérêt de Marseille c'est de garder Rib, ou en tout cas de le vendre cher. Ainsi, Rib peut tout à fait se moquer du contrat et faire comme bon lui semble. Il ne serait pas vraiment tactique de la part des dirigeants marseillais de faire usage de leur pouvoir disciplinaire.
On est en réalité dans une situation où la subordination existe en droit, mais pas dans les faits: le joueur, notamment par sa capacité à trouver un nouveau club sans problème en cas de perte d'emploi, et de concurrence subséquente pour son employeur actuel, peut n'en faire qu'à sa tête.
_2_ Autre hypothèse: Rib décide de démissionner. Sans connaître les règles spécifiques qui s'appliquent au football professionnel, on peut penser qu'il sera en faute, car on ne peut rompre un contrat à durée
déterminée qu'en cas de force majeure, d'accord mutuel (
mutuus dissensus), ou pour les causes que la loi autorise. Donc mettons qu'il soit en faute. Quelle sanction ?
La force de travail est insaisissable (interdiction de l'esclavage), donc l'exécution forcée du contrat est impossible. Il ne peut y avoir qu'une sanction indemnitaire (allocation de dommages-intérêts). De quel montant ? Celui du préjudice subi, ni plus ni moins. Montant du préjudice ? Comme on peut penser qu'il va s'engager avec un autre club, ce sera la perte d'une chance d'avoir pu procéder à un transfert, que l'on appréciera en fonction de la valeur du joueur en comparant aux prix qui se pratiquent sur le marché. On va dire 20 millions maximum.
Maintenant je suis un club intéressé par la venue de Rib, je lui dit, et il me répond qu'il aimerait bien venir jouer chez moi. Je lui dit de démissionner et je m'engage à payer les indemnités auxquelles il pourrait être condamné. Magique ! Je viens de réussir un transfert !
Un tel tableau laisse peu de place à un dirigeant qui souhaite rentrer dans un bras de fer avec un joueur. Il l'a d'avance dans l'os, il n'a pas de leviers suffisamment puissant, c'est perdu avant de commencer.
_3_Allez une petite réserve cependant: il existe des règles FIFA, UEFA, ou FFF qui sanctionnent par des refus d'homologation des comportements contraires à l'éthique. Il y a des commissions de conciliation et un tribunal arbitral du sport pour les faire appliquer.
Il faut aller rechercher de ce côté là pour savoir si Diouf bluffe ou s'il a effectivement du jeu. Car si pour un tel comportement sont prévues des sanctions, alors Rib risque de bousiller une année de carrière par un refus d'homologation. En revanche si rien n'est prévu, c'est mort pour l'OM.
_4_ Même dans l'hypothèse où Rib démissionnerait et se mangerait une sanction, il resterait un moyen de faire pression sur les instances: le recours à la justice civile, tant redouté par le monde du ballon rond (cf arrêt Bosmann qui fait voler en éclat les régles de limitations de nombre de joueurs communautaires pouvant évoluer dans une équipe). Car une interdiction de pratiquer son activité professionnelle (ou un refus d'homologation, ce qui revient au même) heurte de plein fouet la liberté du travail. Mais ça, ça dépendra de la détermination de l'agent de Ribéry.
Voilou, désolé d'avoir été si long.