Publié par toutouyoutou
En quoi y- a- t- il une réelle césure entre le PS et l'UMP (par exemple) sur ce point là ?
Le gaullisme est une alchimie bizarre qui a réussit à faire soutenir par des gens plutôt conservateurs, des politiques économiques et sociales plutôt orientées vers les traditions de la gauche jacobine. La droite gaulliste puis proto-gaulliste (un Chirac par exemple) a toujours bénéficié et cherché à bénéficier de ce socle quasiment acquis d'électeurs en particulier ceux des campagnes (cf Chirac le Corézien de Paris et sa fidélité au salon de l'agriculture).
Or là où le gaullisme pouvait prétendre passer sans encombres (soutien de l'électorat conservateur + politiques sociales volontaristes permettant de prendre des électeurs au centre et à gauche) ; la droite moderne (post-gaulliste) rencontre elle des difficultés toutes autres.
Les bases de l'électorat conservateur ont profondément changé en quelques années, il n'existe plus ce socle "acquis" dans les campagnes notamment où les populations rurales se paupérisent encore plus vite que celle des centres urbains et ce malgré la PAC qui profite pas à tout le monde faut croire.
Là où le gaullisme pouvait afficher des politiques sociales face à la gauche sans avoir à les planquer sous le tapis ; la droite moderne en est incapable. Elle se base sur des fondements théoriques économiques (dont je ne juge pas ici la validité) qui impliquent une lecture indirecte par l'électeur, ce dernier ne comprenant pas toujours les tenants et les aboutissants de ce qu'il lui est proposé.
Les politiques sécuritaires ont constitué un bon succédané en visant en particulier à trouver un nouveau socle électoral parmi une population vieillissante mais est-ce suffisant ? Il faut croire que non.
Il est après tout assez répandu de voir en quelqu'un comme Chirac le summum de l'arriviste politique, démagogue en diable, capable de dire tout et son contraire et champion des promesses non tenues en particulier celle visant à obtenir des résultats en termes sociaux (réduction de fracture sociale bla bla). Or je ne pense pas que cela soit le cas, Chirac est simplement le leader de droite qui a été confronté à ces changements profonds dans la masse de l'électorat traditionnel de la droite et qui c'est vu mis en face du blocage que représente les idées d'une droite moderne avec la nécessité d'obtenir un soutien populaire majoritaire.
Etre partisan des idées d'une droite moderne et post-gaulliste et constater que la population tend vers plus de difficultés, notamment par la diminution des revenus du travail, et se réfugie plutôt en votant vers les extrêmes (gauche comme droite) et proposer, notamment, l'individualisation de la protection sociale : ça doit donner autant le vertige que se trouver au bord d'un précipice. C'est pour cela que je parle bien des politiques (au sens classe politique) et non du citoyen. Etre de droite et avancer et défendre ce type d'idées ce conçoit tout à fait, se présenter avec ça face au scrutin majoritaire c'est une toute autre paire de manche.
La gauche est moins touchée par ce type de phénomènes car malgré ses écarts (que certains qualifient de compromis du réalisme face au poids du système ou en moins poétique de "sociaux-traîtres") elle peut conserver un certaine crédibilité sociale.
L'équation électorale de la gauche moderne et plus simple à résoudre que celle de la droite moderne. On a d'un côté des gens qui proposent de tout faire pour que ça aille mieux et de protéger avec des filets ceux qui risquent de tomber quand on va secouer l'arbre et de l'autre des gens qui proposent d'enlever les filets qui empêchent de secouer assez l'arbre pour que personne ne tombe.
Il n'est pas question de ici de juger de l'efficacité potentielle des deux techniques. Mais si la technique choisie est soumise au vote majoritaire et qu'on soit un professionnel de la proposition sur la manière de secouer l'arbre ; il est clair que proposer la seconde telle quelle face à la première donne des sueurs froides et ce même si on est intimement persuadé que la seconde technique est la bonne.