Publié par Malgaweth
Mais qui a l'avantage de montrer toute la difficulté qu'il y a à s'assumer de droite et à mettre en avant une tradition politique.
On voit bien à travers ce rapide résumé toute l'importance du gaullisme dans la structure d'une droite moderne pourtant absolument pas gaulliste.
En cherchant un peu dans mes bouquins, je suis tombé sur un vieux, toujours de WINOCK, qui est lui une
Histoire de l'Extrême- Droite en France (1993 pour mon édition). Quel intérêt pour nous ? Simplement de démêler un peu entre la "droite", "l'ultra droite", "la droite extrême", "l'extrême- droite"... (je hais les historiens de Science Po

).
L'article de Jean- Pierre AZEMA par exemple montre plutôt bien comment le régime de Vichy a fédéré autour de lui toutes les composantes de la droite (et un peu de la gauche), même si la mouvance collaborationniste n'a jamais été qu'ultra- minoritaire mais très active (impliquant la naissance de l'Etat milicien).
D'autres articles permettent d'identifier plus clairement différents mouvements de l'extrême- droite française : la "mouvance" boulangiste dans les années 1880 (droite qualifiée de "nationale- populiste"), le rôle éminent de l'Action Française et de Maurras (étudiée sous l'angle de la convergence du traditionalisme catholique et de l'antisémitisme radical), l'importance des groupuscules d'extrême- droite dans le contexte de la crise des années 1930' (rôle de la Cagoule par exemple), l'extrême- droite "clandestine" des années 1950- 1960 (importance de la guerre d'Algérie et du mouvement OAS notamment), puis, enfin, l'émergence du Front National à partir de 1972, comme parti faisant la synthèse de toutes les tendances de l'extrême- droite française (mais l'analyse manque tout ce qui se passe après 1993, et n'est plus vraiment valide sur ses constats).
Bon, je ne l'ai pas lu depuis longtemps cet ouvrage, et je n'aurais pas mis le boulangisme dans l'extrême- droite personnellement, mais bon, ça donne juste quelques éléments de repères pour ne pas tout confondre (mais là ça commence à être dur quand même).
Publié par Malgaweth
Il me semble qu'on peut saisir là que la droite française n'a pas de passé (s'entend à valoriser politiquement) en dehors du Gaullisme et de Gaulle qui n'était... en fait pas vraiment de droite et qui en tout cas se situait à des années lumières des idées de la droite moderne.
Et bien en fait, elle a un passé assez net, mais qui est aussi nettement beaucoup plus radical que ce que nous accepterions aujourd'hui. Le passé de la droite, c'est Barrès, c'est Maurras, c'est De La Rocque etc. Si la droite n'a pas à proprement parler de cohérence idéologique (au même titre que la gauche avec le marxisme par exemple), il n'en demeure pas moins que les mêmes valeurs reviennent plus ou moins directement : l'ordre social, la famille comme cellule de base de la société (avec une marque plus ou moins forte des Eglises), le patriotisme voire le nationalisme. Sans vouloir être provocateur, je pense vraiment que la devise de Vichy ("travail, famille, patrie") résume parfaitement une mentalité de droite, ou une culture de droite. Ca ne veut pas dire que quiconque est de droite se retrouve lié directement à Vichy, mais je pense que les gens de droite ne peuvent pas réfuter l'importance accordée à ces valeurs (en tout cas, moi, je m'y retrouve... dans ces valeurs, pas dans le régime de Vichy, de même que je me retrouve dans d'autres valeurs, en rien liées à celui- ci). Si le régime de Vichy est allé si loin que très peu de monde en définitive l'a suivi dans son processus collaborationniste, il n'en demeure pas moins que son socle idéologique est typiquement de droite. Quand on écoute ce qui se dit à droite (et pas seulement), ces valeurs reviennent constamment en fait. La famille comme fondement de l'organisation sociale (d'où l'importance des débats sur le PACS en un temps, ou la question du mariage homosexuel), le travail comme fondement de l'enrichissement et de l'intégration sociale (d'où l'importance des débats sur le chômage et l'emploi), la patrie comme horizon commun (d'où l'importance des débats sur l'intégration européenne ou l'immigration, car au fond, qu'est- ce qu'être français en ce début de XXIème siècle). Sur ce socle, d'autres valeurs se greffent, à des degrés divers : l'ordre social et la sécurité des citoyens, le rôle de la France dans le monde, l'importance des débats sur la citoyenneté, la question de la laïcité, l'individualisme, le libéralisme politique et économique, etc.
D'où l'importance en effet de chercher ailleurs des modèles ou des inspirations autre que françaises, qui est aussi liée à une certaine vision de la France comme pays en déclin, et en même temps comme un grand pays engagé dans une compétition mondiale.