Cette irrésistible passion de la communauté pour les cas limites prêterait à sourire si elle ne se doublait pas d'une aggressivité et d'une mauvaise fois peu commune. On quitte les jeux de cache-cache espiègles entre le permis et l'interdit - on peut entretenir une certaine souplesse d'esprit et cultiver la tolérance sur un mode ludique - pour rentrer dans les lourdeurs d'un acharnement gratuit, aux relents prononcés de puérilité.
Que la règle ne soit pas absolue, qu'elle comporte par définition des failles et des lacunes dans lesquelles l'esprit mal intentionné ou le hasard pur et simple puissent s'engouffrer, voilà ce qu'on devrait tenir pour évident.
Il n'en est rien : l'ingénuité de certains messages est touchante. Ainsi qu'Alizée, personne somme toute connue pour son religieux respect des bonnes moeurs et sa haine farouche de toute provocation, fasse un mouvement éloquent de va-et-vient doublé d'une expression lubrique, voilà qui ne saurait relever de l'érotisme. Que le drapeau palestinien puisse connoter engagement politique et polémique houleuse autour de sujets brûlants, voilà qui confine au délire pur et simple.
Non, Alizée ne fait que danser, et l'on arbore le drapeau palestinien (ou israélien) que parce que l'on adore les oranges venant de là-bas.
S'acharner dans cette vaine protestation, c'est voir le risque de voir la politique de JOL à l'égard des avatars se durcir, et voir cette "liberté" si chère aux malheureuses victimes de l'effroyable conspiration modératrice encore se réduire.
La gestion intelligente et posée des cas limites n'est pas envisageable : en effet, c'est le conflit en soi qui est recherché. L'affrontement avec les tenants de l'autorité à si bon marché (JoL pousse le vice jusqu'à offrir une tribune où hurler l'iniquité de son système de modération : pourquoi s'en priver ?) est une aubaine qu'il ne faut pas lâcher sans en avoir extrait toutes les fabuleuses possibilités.
Et, lentement, le semblant d'argumentation s'efface pour laisser place au mépris pur et simple :
En fait non, je n'ai plus envie de clouer le staff au pilori, il n'a pas besoin de moi pour rougir je pense.
Toutes sortes de pertinentes comparaisons entre JOL et les pires tyrannies ne manqueront pas de fleurir. Car quoi, limiter la liberté, c'est immédiatement se ranger dans le camp des salauds et des peine-à-jouir (dont je fais évidemment partie, comme en témoigne le présent message). Le manichéisme politique primaire, véritable marque de fabrique de la taverne, se double ici d'une totale incompréhension des mécanismes permettant à une communauté de fonctionner : la règle continue à être considéré comme mauvaise
en soi et non comme système régulateur.
On ne peut qu'encourager les tenants de cette politique de dénigrement systématique de la modération à approfondir la distinction entre critique constructive et critique vaine et stérile.