Admettons que personne n’a rien remonté après le 1er mai. Pourquoi pas. L’explication d’une volonté de minimiser l’affaire pourrait se tenir.
Mais postérieurement à la révélation de l’affaire le 19 juillet, je ne vois pas comment il serait possible que personne n’ait décidé d’informer la hiérarchie ou que les autorités en place n’ait pas demandé des informations à ce sujet.
J’imagine mal le préfet demander le 20 juillet toutes les informations à ce sujet sans qu’aucun responsable ne fasse remonter sur Benalla ait participé à une seconde interpellation. Au regard du fonctionnement de nos administrations, cela me paraît impossible. Il y en avait forcément qui savaient.
Pour le reste, rien n’atteste de la présence d’une police parallèle dans les actes de Benalla le 1er mai, je suis bien d’accord avec toi et je le dis depuis le début.
Par contre pour moi l’affaire d’état existe. Ce n’est pas l’action de Benalla en soi, mais la manière dont ça a été géré depuis le début jusqu’à aujourd’hui : pas d’utilisation de l’article 40, l’Elysée qui récupère des images de la vidéo surveillance qu’on retrouve sur des comptes pro-LREM, sanction minimale, mensonge sur la retenue financière, approximation volontaire sur l’appartement (on leur demande si Benalla a bien eu appartement, ils répondent qu’il ne l’a occupé. Sauf qu’il dit lui même avoir eu les clés le 9 juillet et qu’il a changé son adresse au niveau administratif), aucune déclaration sur la seconde interpellation, Macron s’il fait applaudir Benalla, Macron qui menace les parlementaires qui ne feraient pas bloc, Castaner qui parle de bagagiste, etc...
En bref il n’y avait rien au départ si ce n’est une affaire mineure. Et LREM a réussi, tout seul, à en faire une affaire d’état. Et personnellement la manière d’agir de Macron m’interpelle beaucoup sur sa conception du pouvoir. J’ai l’impression de voir un pouvoir personnel qui se défend là où le président aurait dû être intraitable.
Il a fait démissionner le chef d’état-major parce qu’il s’était publiquement prononcé sur la baisse des dotations. Pour Benalla, il aurait dû demander son licenciement. Ça aurait été réglé et on en parlerait plus aujourd’hui.
Mais je pense qu'ils n'ont jamais cessé de faire cela. Même après que l'affaire éclate. Je pense que c'est un problème de l’Élysée qui se comporte effectivement en Palais. L’Élysée minimise. Collomb n'a clairement pas envie de s'en mêler et refourgue cela à son cabinet qui considère que vu que c'est dans les mains de l’Élysée, ils n'y peuvent pas grand chose. Le préfet mis au courant est furax, lui balance mais plutôt côté police ou visiblement, c'est aussi du n'importe quoi et qu'il n'a pas été mis au courant parce que justement c'est l’Élysée et comme c'est l’Élysée, lui non plus n'a pas envie de s'en mêler.
Après tout ce qui gravite autour, c'est pour faire monter la mayonnaise. Le salaire de Benalla passe de 10000€ à 6000€. On passe d'un appartement de 300m² à 80m². (Encore en soit, si c'est pour des raisons de services, c'est pas scandaleux). On nous dit qu'il assure la sécurité mais en fait il ne s'occupe que des voyages et de la coordinations. Il est effectivement armé mais ce s'est justifié pour les déplacements privés du président ou le dispositif de sécurité n'est visiblement pas le même. Ce n'est pas son véhicule mais un véhicule de la présidence équipé en standard pour le personnel de l’Élysée. Il a participé à la refonte de la sécurité du président (mais pas seul en sa qualité d'assistant du secrétaire de l'Elysée) et il n'a jamais été question qu'ils prennent la tête de ce service (ce sont des rumeurs qui n'ont été confirmé par personne). Tout ce que je viens d'écrire est sortie dans la presse, ce sont au pire des rumeurs au mieux des approximations. On a fait de Benalla un type important du sérail ce qu'il n'est visiblement pas.
Du coup, je pose la question: A qui profite la situation ? Pas à LREM ou au président, ça c'est clair.
Pour les mots doux, comme je l'avais déjà écrit, Sarkozy a au moins fait pire dans le gens, les mots assassins dans la république, c'est malheureusement légion.
Pour le chef d'état major, là aussi c'est inexacte. Il a bel et bien démissionné de son propre chef (ses déclarations sur France Info hier soir sont claires là dessus). D'ailleurs, il ne regrette pas et avoue tout de même que le budget est en net amélioration même si il espérait plus.
Il est évident que Benalla aurait du être viré mais la faute à mon sens en incombe à l’Élisée qui a toujours ses sales habitudes de planquer tout sous le tapis. C'est pas nouveau. Je suis même sûr qu'au tout début de ce bordel, E. Macron n'y a même pas fait plus attention que cela. Je trouve ironique que cela lui tombe sur le coin de la tronche alors qu'il est trop probable qu'il leur ai dit de se débrouiller avec cela...
Je pense que c'est symptomatique de notre régime, de la manière dont fonctionne le palais de l’Élysée. Est-ce une affaire liée à E. Macron ? Probablement pas mais vu qu'il a redonné de la hauteur à la fonction, c'est forcément lui qui est jupitérien, tyrannique, etc.. (rayé la mention inutile) alors qu'à mon sens, les deux précédents n'ont jamais incarné la fonction....