(Le Monde)
A dix jours de la rentrée, des chauffeurs de cars scolaires très recherchés
Appel à des militaires ou des retraités, modification des trajets, pleins-temps assurés… Alors que la profession souffre d’un manque d’attractivité, les collectivités territoriales et les acteurs du secteur s’activent pour trouver des solutions, à court et à long terme.
«
Il manque 8 000 conducteurs de cars scolaires pour la rentrée »
Les élèves vont-ils manquer d’autocars ?
Les parents devront-ils bouleverser leur propre emploi du temps pour emmener leurs enfants à l’école ?
«
Environ 20 % d’élèves transportés risquent de ne pas avoir de cars à la rentrée », estime Anne-Gaëlle Simon, déléguée générale adjointe à la
Fédération nationale de transport de voyageurs (FNTV).
Pour le moment, personne n’évoque la piste des suppressions de lignes. Au pire, les régions envisagent des fusions de lignes ou des adaptations d’horaires à la rentrée «
si la situation l’exige ». Des solutions de dernier recours qui risqueraient de perturber le fonctionnement des établissements scolaires. «
Organiser un lycée en fonction de problèmes de transport, c’est toujours compliqué », rappelle Florent Martin, proviseur d’un lycée polyvalent à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), qui craint de voir ses emplois du temps bouleversés à la dernière minute.
Un car-école en Normandie
Chaque région présente un déficit d’effectifs plus ou moins important :
En Auvergne-Rhône-Alpes, on recherche 1 000 chauffeurs.
En Occitanie, pas moins de 550.
Dans les Hauts-de-France et les Pays-de-la-Loire, 400 manquent à l’appel.
Malgré ces chiffres alarmants, les conseils régionaux – détenteurs de la compétence transport depuis la rentrée 2019 – se veulent rassurants car les campagnes de recrutement massif commencent à porter leurs fruits.
Plus de 300 conducteurs de bus ont été recrutés, cet été, en Normandie, ramenant le déficit de la région à 70 postes vacants.
Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie, a promis que «
le service sera assuré dans des conditions normales dès le mois de septembre » grâce au recrutement de 300 chauffeurs.
Avec 150 postes vacants, la Nouvelle-Aquitaine reconnaît une situation tendue «
sans être catastrophique ».
Pour enrôler, les régions ont mis les bouchées doubles : grandes opérations de communication, indemnités d’attractivité, formations entièrement prises en charge, revalorisation des salaires de 5 %…
Les collectivités et les entreprises mènent de front l’offensive : depuis six mois, un car-école sillonne les routes normandes pour promouvoir la profession et recruter. Les curieux peuvent y monter et tester le métier de la conduite en situation réelle à l’aide d’un simulateur embarqué. Tout le monde est le bienvenu.
«
Ça intéresse beaucoup de gens : des jeunes, des quadragénaires en reconversion, des retraités qui aiment rendre service à la communauté »
Mais au vu de l’urgence de la situation, l’intérêt se porte sur certains profils confirmés, a priori déjà détenteurs du permis D (transport de plus de huit personnes), comme les militaires (en reconversion, 23 % des officiers supérieurs se tournent vers le secteur du transport et de la logistique). les agriculteurs, longtemps intéressés par ce double emploi pour compléter leurs revenus, mais dont les chiffres de la profession sont orientés à la baisse.
La profession connaît des difficultés de recrutement en parallèle de nombreux départs à la retraite. Et le métier, malgré son rôle social, n’attire plus en raison de certains inconvénients : faible salaire (450 euros net en moyenne mensuels) et un temps partiel contraignant – longue coupure entre le service du matin et celui du soir –.
L’étalement des horaires d’entrées et de sorties des établissements d’un même bassin de vie est évoqué par la FNTV. Un dispositif déjà en place dans le département de la Loire pour les lycées, qui ouvrent en décalé. «
Avec ces horaires arrangés qui se succèdent, les circuits sont les plus complets possible »
Dans l’intérêt d’avoir une continuité, «
des choses peuvent s’harmoniser » : le transport des sorties scolaires ou périscolaires, assuré par d’autres transporteurs.
Les chauffeurs d’autocars peuvent alors enchaîner leur service du matin avec des sorties sportives et culturelles la journée, ou encore en centre aéré les mercredis et les vacances. Une décision qui a permis aux transporteurs locaux d’augmenter les contrats de travail et de limiter le turn-over.