Ça faisait 7 ans que j'attendais de me remanger une beigne pareille dans la figure, 7 ans depuis Children of Men, et c'est comme par hasard Cuaron qui me la recolle. Y'a pas de hasard, en une décennie il s'est imposé comme un des tout grands, un mec qui repousse sans cesse les contraintes de son époque pour favoriser l'immersion et transcender ses histoires.
Le pitch de Gravity est d'une simplicité sans nom, pourtant il est écrit avec tellement de cohérence et de talent que tout fonctionne, et le film est une décharge émotionnelle constante oscillant entre effroi, joie et fascination. Des dialogues légers et humoristiques de la séquence d'ouverture à la détresse d'un Dr. Ryan écrasée par la solitude, chaque ligne fait mouche, et surtout, la plus grande partie des phrases résonne au travers d'allusions tout au long du métrage.
Bullock et Clooney portent le film sur leurs épaules grâce à des prestations d'un naturel inouï, à l'image de l'interprétation magistrale de Clive Owen dans le rôle de Theo dans Children of Men.
Cuaron part d'une thématique basique, la notion de deuil et le besoin de lâcher prise pour continuer à aller de l'avant "Sometimes you have to let go" avec l'histoire du Dr. Stone et offre à son personnage un incroyable voyage initiatique conclu par une résurrection presque mystique.
Mais si le film marche autant, c'est aussi grâce à l'ensemble du staff. De la musique tantôt oppressante tantôt libératrice de Steven Price, à la photographie d'un Emmanuel Lubezki en état de grâce, en passant bien entendu par des SFX et des CGI d'une qualité époustouflante, chaque élément du film atteint des sommets.
Et que dire la mise en scène de Cuaron, qui poursuit sa recherche de l'immersion la plus totale. Après le parti pris documentaire de Children of Men (Lumières naturelles, grand angle) Cuaron cherche à s'affranchir des limites physiques de la caméra et nous plonge régulièrement au coeur de l'action comme jamais. Et que dire de la maestra du plan séquence des 15 premières minutes qui se conclue par une idée bougrement jouissive
(La caméra qui force son entrée à l'intérieur du casque d'un Dr. Stone dérivant dans l'espace, avec pour seule mélodie le souffle du personnage)
Je pourrais en parler des heures tellement le film est fascinant. Et n'ayez pas peur d'une histoire au rabais comme on peut parfois le lire. La simplicité n'est pas une mauvaise une chose, et on en a encore une fois la preuve ici.
Allez juste le voir.
Bref Alfonso aujourd'hui je t'aime comme je n'ai jamais aimé quelqu'un.