Mon point de vue :
Comparée à ton système, la République de Weimar ne serait qu'un souvenir heureux du temps où les prix étaient maîtrisés. Bref, tout ce que tu vas créer est une inflation fantastique responsable d'inégalités sociales caricaturales et d'un effondrement de l'Etat du fait du secteur privé. Je m'explique.
La seule hypothèse (raisonnable à mon sens) que je fais est que les citoyens, dans leur grande majorité, préféreront dépenser leur argent sur des biens privés que sur de l'impôt.
Comme déjà dit dans ce thread, on ne peut raisonnablement, humainement, physiquement, consommer qu'une certaine quantité de biens matériels. Donc, quand tout le monde aura satisfait ses premiers étages de la pyramide de Maslow, que va-t-il se passer ? Les prix à la consommation vont mécaniquement augmenter pour absorber cette volonté de dépense supplémentaire. Des prix qui augmentent, sur un marché à volume maximal donc constant, c'est autant de bénéfice en plus pour les entreprises. Bénéfice qu'elles vont répartir entre bailleurs (celui qui possède les capitaux) et travailleurs, avec un pourcentage différentiel à l'avantage du bailleur, qui va donc lui voir son revenu croître indéfiniment. Il n'y a aucune limite à cette inflation galopante : le bailleur dispose de plus en plus de fonds grâce aux prix augmentés, ce qui fait augmenter les prix, ce qui fait augmenter les revenus du bailleur, ce qui fait augmenter les prix et ainsi de suite... Dans le même temps, le travailleur voit lui aussi dans un premier temps ses revenus augmenter, mais la croissance des revenus du bailleur étant supérieure à la sienne (du fait de la répartition différente des bénéfices de l'entreprise entre ces deux catégories de personnes), il va inéluctablement arriver un moment où le prix individuel des biens que le travailleur souhaite acquérir va devenir, malgré ses augmentations de salaires consenties, hors de portée puisqu'adapté sur les revenus exponentiels et plus élevés du bailleur.
Exemple
Quand tout le monde aura acheté une, deux, trois voitures, Peugeot va augmenter le prix individuel de ses voitures pour compenser la baisse de la demande d'une part et maximiser son bénéfice d'autre part.
Année 0 : la voiture coûte 10 k€, le revenu annuel du travailleur est de 10 k€, le revenu de M. Peugeot de 20 k€.
Année 1 : le prix de la voiture augmente à 15 k€. Sur les 5 k€ supplémentaires, 4 vont dans la poche du bailleur, 1 sert à augmenter les salaires. Le revenu du travailleur augmente à 11 k€, celui de M. Peugeot à 24 k€.
Année 2 : le prix de la voiture augmente à 20 k€. Même répartition : le travailleur va toucher 12 k€, M. Peugeot 28 k€.
Année 10 : la voiture coûte maintenant 60 k€. Le travailleur est payé 20 k€, M. Peugeot 60 k€.
Année 0 : le travailleur peut s'acheter 1 voiture avec son revenu annuel ; Année 10 : le travailleur peut s'acheter 1/3 voiture avec son revenu annuel. M. Peugeot peut, lui, toujours s'acheter au moins une voiture.
Fin de l'exemple
Il s'agit de 2 suites géométriques dont les coefficients sont différents et qui divergent même sur la valeur de base. Il arrive fatalement un moment où les ordres de grandeur deviennent trop différents entre les 2 suites.
Donc, à moins d'obliger légalement et strictement les salaires à suivre l'inflation liée à l'augmentation du prix des biens, les inégalités de revenus se creusent plutôt que s'amenuisent dans un tel système.
Le raisonnement est strictement le même quand le particulier achète un service humain. Je ne vais pas augmenter strictement d'autant le salaire que je verse à ma femme de ménage que le mien que je gagne à mon boulot : je vais garder un petit différentiel en ma faveur (notamment pour suivre l'évolution galopante des revenus des capitalistes) et donc arrivera un moment où je pourrai continuer à me payer des biens que ma femme de ménage ne pourra plus. Or, si j'ai pris l'exemple de la voiture, il n'y a aucune raison pour que ce raisonnement ne s'applique pas aussi sur des biens de première nécessité (nourriture, soins...).
Pendant ce temps-là, l'Etat doit assurer à ses fonctionnaires des salaires de plus en plus élevés, indexés sur cette augmentation galopante du coût de la vie, sans voir aucune rentrée fiscale, puisque les gens maximisent leurs dépenses privées au détriment des impôts. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, l'Etat met la clé sous la porte.
En fait, c'était un test, Andromalius, c'est ça ? Je ne vois pas comment un rouge comme toi peut imaginer une telle solution qui avantage encore plus les capitalistes que le quasi-libre marché actuel...
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