Je parlais du futur. Par des contrats en cours.
Effectivement, je n'avais pas… euh… compris le sens "du futur" dans la phrase. Il est très important pour un auteur (comprendre détenteur de droits : écrivain, traducteur, l'illustrateur…) qui cède les droits de son travail de bien faire attention à ce qui est écrit dans le CE. Un CE qui donne les droits d'édition à une maison sont assez difficiles à "rompre". Pour cela il faut de la part de la maison d'édition un non respect du CE lui-même (N'effectue pas la première impression du livre dans les temps imparti prévu par le CE, ne réimprime pas une quantité "X" annuelle de ce livre ou n'envoie pas (ou en retard) les les rapports annuels (les relevés) des droits d'auteurs du livre en question).
NB : sur ma dernière phrase, je trouve que le fait qu'un éditeur se prenne grosso modo 30 % d'un prix de vente n'est pas justifié eu égard à la plus value apportée. En tout cas je parle du cas que je connais.
Je peux t'assurer Æye', que 30% de revenus sur la vente d'un livre est, globalement et dans sa finalité, pas forcément exagéré.
Je parle d'édition traditionnelle, bien sûr. Je précisais bien méconnaître le sujet de l'édition numérique.
Un éditeur doit tout payer en avance, l'auteur, le traducteur (on parle d'avance sur droits d'auteurs qui sont à décompter lors du relevé annuel), l'illustrateur, le travail interne voire externe du livre. Je pense ici à la correction (souvent il y a un département correction, et en plus d'une correction effectuée en interne, l'éditeur demande à un prestataire extérieur à la maison d'édition d'y refaire un tour. Un livre standard recorrigé est facturé entre 6K et 12K. On parle de première correction (qui a un certains prix) et de seconde correction (qui en est un autre). Moins, c'est que le livre est tout petit, plus c'est que c'est une trilogie ou un pavé).
Entre 5 & 14% du prix HT du livre sont pour l'auteur sans compter l'avance sur DA qui peut-être très élevé (complètement dépendant de la popularité du nom de l'auteur).
2%, plus ou moins 1%, vont au traducteur sans compter aussi l'avance sur DA.
De 1%, plus ou moins 1%, vont au directeur de collection.
La maquette, les plusieurs corrections, l'illustration, l'impression, la distribution, le stock et les retours (dans les grandes lignes, entendons-nous) sont à la charge de la maison d'édition avant même que cette maison d'édition ne reçoive un seul euro des ventes du livre.
Quand Capital dit que 30% des recettes d'un livre reviennent à la maison d'édition, Capital oublie d'expliquer l'avance des frais sur ce titre que doit fournir la maison d'édition.
30% des revenus d'un titre; c'est quand tout se passe bien. Pas d'accroche, pas de coquilles…
30% des revenus d'un titre, c'est oublié de dire que sur un autre titre, quand le distributeur oublie une palette remplie de livres dehors sous la pluie, c'est à la charge de la maison d'édition, c'est oublié de dire que s'il manque un chapitre, ou que le papier est dégueulasse et qu'il faut rappeler les livres pour "pilon", c'est à la charge de la maison d'édition aussi.
C'est de surcroît oublié de dire que les retours des livres sont aussi à la charge de cette même maison d'édition. (
Combien faut-il en imprimer ? Ce livre va faire un carton, go pour une première de 20K ! Six mois plus tard, catastrophe, le livre ne se vend pas, mauvaise distribution, mauvais emplacement, pochette du livre ratée … 80% de retour dans le nez…).
Un distributeur n'est pas payé en fonction des ventes, mais en fonction du nombre de livres qu'il distribue… Je te laisse faire un rapide calcul si le livre ne rencontre pas le succès escompté.
Une maison d'édition ne touche de l'argent sur un livre que dans le cas d'une réimpression de ce même livre, et rien durant la première année de vente du livre. Et sur 100% de livres imprimés, ceux qui sont rentabilisés sont de l'ordre de 20 à 35/40% de la totalité des livres imprimés.
Capital ont-ils parlé des publicités pour ces livres dans les journaux ? De la présence quasi obligatoire lors des manifestations culturelles (je pense aux salons du livre) et le coût que cela demande ?
Ont-ils parlé des charges salariales aussi par hasard ?
Une maison d'édition doit avoir un encours bancaire énorme, un suivi comptable irréprochable et ne survit globalement que par la vente de best seller qui ne vend pas des voitures à plusieurs milliers d'euros, mais des livres, dont le prix oscille entre 5 et 28€ (poche / grand format) pour du livre "texte".
Donc, à mon avis, et avec l'expérience que j'en ai, en dessous de 30% de revenus d'un livre, et les maisons d'édition ferment pour clôture de bilan.
Encore une fois, si le distributeur ne prenait pas autant d'argent sur la distribution des livres (tous confondus), il se pourrait très nettement que le prix soit presque divisé par deux.
--Edit--
Quand on parle de distribution électronique, je tiens à dire que par rapport à une distribution physique, elle est bien moindre. Il suffit au distributeur de mettre en ligne le fichier qui contient le livre. Il n'y a pas d'impression ni de réimpression. Par là, il faut retirer le coût papier et les coquilles possibles lors des impressions, la qualité du papier… La gestion stock n'est plus prise en compte non plus, et assurer la disponibilité du livre ne dépend pas du nombre premier d'impressions, ni de l'avance financière lourde de cette réimpression. Une maison d'édition traditionnelle ne va pas réimprimer un livre pour en distribuer 100. Par le support numérique, il suffira de se référer au CE dans lequel est comprise (normalement) une quantité maximale de mise à disposition d'un même titre.
Il n'y a pas non plus de diffusion physique avec toute la logistique que cela peut représenter.
Le livre est disponible à sa date de sortie pour le monde entier.
Dans le cadre d'une distribution physique, il y aura certains endroits desservis en premier et d'autres bien plus tard…
C'est très difficile d'apprécier la comparaison de l'édition traditionnelle et de l'édition numérique.