Il n'y a que dans les médias ou alors auprès des étrangers (nous par exemple) que la culture de l'excuse est une fois encore entretenue.
Je suis pas certains qu'il y ait une culture de l'excuse entretenue sciemment par les médias. Le problème vient de la polysémie des termes employés ("expression", "motivation") et des différentes formes de leur utilisation.
"Les émeutes sont l'expression d'inégalités sociales" relève de l'analyse sociologique (de comptoir). Il s'agit de comprendre quelles sont les structures sociales mises en lumière par ces phénomènes et à l'origine de ceux-ci. A mon avis c'est une démarche essentielle qui ne relève pas de l'excuse et c'est souvent la formulation qu'on retrouve dans les médias.
Le problème c'est qu'une partie de la société civile, certains politiciens et certaines associations en particulier, récupèrent ce discours et le transforment: "les émeutiers/les jeunes expriment leur colère/leur malaise face aux inégalités sociales".
On passe quasiment sans s'en apercevoir d'une analyse "scientifique" à un discours militant à destination de l'opinion publique, discours lui aussi médiatisé. Et là on est sur une pente glissante car ce discours est:
1. dangereux car interprétable (et interprété) comme un discours de justification. Et oui après tout "s'exprimer contre les inégalités" c'est positif, c'est même souhaitable.
2. malhonnête et méprisant car il laisse entendre que la violence est la méthode d'expression politique consacrée de certaines catégories de la population.
3. mensonger car il laisse entendre que le mobile exclusif (ou quasi exclusif) des émeutiers c'est l'expression politique consciente.
Après on arrive au point extrême où certaines personnes, comme Yame, sont incapables de se départir de leur prisme idéologique devant les images des évènements. Au point également où les émeutiers, loin d'être cons, vont réutiliser le message dominant comme justification de leurs actes. Et on se retrouve comme en 2005 avec des gamins qui expliquent sereinement devant les caméras qu'ils ont cramé telle école primaire pour "exprimer leur colère" alors que, comme dit plus haut, les études postérieures ont montré qu'il n'en était rien. Les discours se nourrissent, la boucle est bouclée. /facepalm.
Ce discours de justification est très mal passé en 2005. Je pense qu'en 2011 il est carrément irresponsable. La société s'est largement radicalisée et en rejetant, à raison, ce discours de justification, elle va envoyer à la poubelle, à tort, la nécessaire analyse sociologique des causes et des déterminants pour se concentrer sur: "c'est la fautes aux arabes/aux noirs, renvoyez-les dans leurs pays".