Avant toute chose, je précise qu'un éventuel but de Ribéry ce soir, un triplé même, ne me fera pas changer d'avis. Intrinsèquement, Ribéry est un bon footballeur : bon toucher de balle, bonne frappe, bonne vision du jeu, des statistiques intéressantes avec le Bayern Munich, il peut faire de bonnes choses.
Mais là, non. D'abord, ce qui fâche avec l'équipe de France, c'est l'ambiance scatologique (de merde, quoi) qui se dégage du groupe. Apparemment, Ribéry déteste Gourcuff. Bon. Que lui reproche-t-il ? D'être poli, joli garçon, bon footballeur ? D'avoir une apparence
gay friendly ? Purée, on s'en fout. Le gars qui joue avec toi, si tu es un professionnel, un grand joueur, tu lui donnes la balle dans les meilleures conditions, que tu l'aimes ou non. Un grand joueur, c'est une
aura. Une aura lisse aux entournures gênantes, façon Pelé ou Zidane les
businessmen, une aura professorale et solennelle, comme Cruyff, Facchetti ou Beckenbauer, une aura sulfureuse et décadente, voir Maradona, Garrincha ou Best, une aura de footballeur inflexible et intouchable, comme Baresi ou Platini, bref, une foutue
aura. Que retiendra-t-on de Ribéry ? Qu'il a découpé les lacets d'Oliver Kahn, planté le bus du Bayern et autres légendes à base de coussins péteurs et de prostituées mineures. Sérieusement... Et là, sa marotte, c'est Gourcuff. Quelle classe, quoi.
Ensuite, footballistiquement : quelles que soient ses qualités totalement indiscutables, qu'apporte-t-il de si précieux à l'équipe de France pour prétendre en être le
patron ? Des percussions interminables tout droit vers le but adverse, suivies de pertes de balles tragiquement prévisibles. Frappe-t-il, décale-t-il un partenaire, déséquilibre-t-il la défense adverse ? Une fois ou deux par match, d'accord, ok. Mais au final, Ribéry, réputé
accélérateur de jeu, ralentit l'équipe et la plombe. Le petit Francky, adoubé par Zidane en 2006, glorifié de façon ultra-précoce par TF1 en recherche d'un brave nigaud populaire et survivant du quart-monde, s'est très vite vu grand. Comme le répète par exemple Dugarry, ça n'a jamais été un numéro 10, mais bel et bien un 9 et demi. Ca n'a pas du tout la même importance dans une organisation : c'est l'exacte différence entre Zidane et Djorkaeff. Zidane était le joueur-clé, Djorkaeff le petit piment qui mettait un pointu pour décoincer une rencontre pénible. Or là, monsieur Ribéry nous organise l'équipe à sa guise, il veut jouer à gauche où on a des joueurs de classe mondiale alors que Sidney Govou traîne sa dépression à droite, il veut jouer avec untel mais pas avec l'autre métrosexuel, pfff.
Comment donc se sortir du traquenard que constitue l'importance démesurée du Boulonnais dans le dispositif de l'équipe de France ? Le virer ? Impensable. Il est très bon, je le répète. Lui remettre les pieds sur terre ? Franchement, un type qui
refuse de donner la balle à un partenaire pendant
un match de coupe du Monde est-il capable d'entendre raison ? Comme Anelka, Ribéry n'a pas vraiment compris qu'il était plongé au beau milieu de la compétition de football la plus importante de la planète, et qu'un pays était tout entier suspendu à ses crampons. Je n'en sais rien. Je penche pour la deuxième solution, à base de placement sur le banc et de diète radicale... Est-ce que dans le même temps, un équilibre plus sain se produirait dans l'équipe ? On pourrait penser que seul Raymond
the man Domenech a la réponse, enfin on espère qu'il aurait une réponse.
Peut-être va-t-on gagner ce soir, avec Ribéry, ou grâce à Ribéry. Peut-être va-t-on gagner la coupe du Monde. Mais, moi qui ne prétends pas détenir la vérité sur n'importe quel sujet, je suis tombé sur
un bel article de Christian Gourcuff (oui le père de la Némésis de notre bon Francky), sur le site du Miroir du Football. Très clairement, il revient sur sa bête noire, le football défensif, et on repense à cette interview dans So Foot, dans laquelle le Breton ancien prof de maths parle en termes d'idéal et non pas de résultats purs, espérant concilier un jour les deux. Je sais, ça vise mon équipe fétiche, l'Inter, voire mon autre équipe de coeur, l'AJ Auxerre, mais ça pousse à une remise en cause. Revenons au sujet, et demandons-nous si nous devons gagner avec Ribéry. Gagner à n'importe quel prix, avec n'importe quel joueur, avec n'importe quel jeu... Hmmm.
Enfin là, franchement, je n'en peux plus de Ribéry.