Mais j'avoue ne pas comprendre ce sentiment, pourquoi tu te mettrais à leur place ? C'est physique ?
A ton avis c'est quelquechose qui pourrait se travailler ou c'est ancré en toi ?
Je crois comprendre un peu ce qu'il veut dire. S'identifier ou se mettre à la place est peut-être un peu fort.
C'est plutôt la même sorte d'identification "light" que quand tu regarde un truc que toi tu trouverais déplaisant.
T'as Bill Burr qui l'explique bien dans un sketch où il raconte qu'il avait un rencard avec une nana et que juste devant lui il y avait un couple d'homos qui se roulaient un gros patin. Il les avait pas vu et soudain son regard se porte sur eux. Il raconte avoir eu une grimace furtive de dégoût/détournement des yeux/gêne. La meuf l'a accusé d'être homophobe pendant qu'il essayait de lui expliquer qu'il était juste pas prêt psychologiquement et qu'il avait été surpris (oui d'habitude on peut poker face quand on s'y attend
). Que oui, on s'identifie toujours légèrement à ce qu'on voit autour de soi (sensation de gêne, de dégoût, de douleur, d'envie, etc). ça doit aussi dépendre du degré d'empathie que l'on possède.
C'est super difficile à expliquer. Surtout sur un sujet brûlant et où les gens sont défensifs et prêts à lancer des accusations à tout va.
Oui voir deux mecs se rouler des pèles ça me dégoûte un peu. ça ne veut pas dire que je ne respecte pas, que je ne tolère pas, que je suis homophobe ou autres. Au même titre que de voir quelqu'un manger ou boire un truc qui me dégoûterait. Il n'est pas question ici de tolérance. Il y a même des choses qui me dégoûtent bien plus ! Regarder mon ex bouffer des choux de bruxelles (probablement LE truc que je déteste le plus en bouffe) me filait littéralement la gerbe et instantanément j'avais un arrière goût de choux de bruxelle dans la bouche. Ugh. Rien que de l'écrire, j'ai une grimace de dégoût qui me vient.
Ensuite concernant le militantisme, personnellement je suis mitigé.
Comme pour le féminisme à outrance, le problème vient surtout des approches.
Il y a aussi plusieurs sortes d'homo hein. Je reconnais qu'avant d'arriver sur Berlin il y a 9 ans, je pouvais avoir un avis relativement négatif sur les homosexuels. Pas de l'homophobie car je n'ai jamais songé une seule seconde à imposer quoique ce soit à qui que ce soit surtout en matière d'amour ou de sexe mais plus un à priori négatif du genre "Ah putain ce sont des relous".
Pourquoi ? Parce que je n'avais été exposé jusqu'à lors qu'à deux types d'homos : Les fofolles clichées et les super-rentre dedans provocateurs qui vont faire chier les hétéros avec des gestes obscènes voire en les pelotant en soirée (vécu plus d'une fois).
En dehors de ma tante, lesbienne qui n'a jamais fait son coming out officiel et qui a vécu sa vie sur un non-dit, je n'avais jamais été exposé à des gens équilibrés vivant leur sexualité normalement mais uniquement à des éléments extrêmes ou revendicateurs. Forcément ça braque direct. Berlin m'a vachement aidé au niveau tolérance. Parce qu'à Berlin tu as de tout. C'est une ville tolérante dans l'absolu.
Il y a aussi un effet non négligeable qui est la libération de l'homosexuel qui soudain passe d'un pays/ville où il était bridé à une ville ultra tolérante. Je bosse dans un milieu international et certains viennent de coins du monde où il ne faut VRAIMENT pas s'afficher homo dans la rue. Paris serait bisounoursland à côté. Du coup quand ils arrivent à Berlin ils se sentent libérés mais un peu trop.
Certains dépassent aussi les bornes. J'ai vu des choses au boulot, si c'était venu d'un hétéro, il se serait fait virer pour harcèlement sexuel direct. Mais comme ce sont des homos, ça passe. ça aussi ça peut fortement braquer les gens.
Mais ce n'est pas réservé aux homos. J'ai vu des comportements de certaines femmes, si un homme avait fait la même il se serait fait virer aussi. Et ce genre de chose fait plus de mal que de bien aux minorités concernées car ça braque totalement les gens.
Et c'est aussi super intéressant de pouvoir dialoguer ouvertement non pas avec des petits jeunes tout excités de vivre leur sexualité et qui sont encore en mode "provoc" mais avec des gens plus vieux, plus posés.
Certains sont mariés, fiancés (je serais le témoin de mariage de l'un d'eux), un avec deux enfants adoptés, etc. Et justement avec l'expérience et la maturité, ils sont bien plus proche de mon point de vue que je ne m'y attendais. Et d'ailleurs, coincidence ou non mais ils évitent les "communautés LGBT" comme la peste et vivent leur vie tranquillement. Boulot-Métro-Dodo. Comme vous. Comme moi. La seule différence résidant dans le genre du conjoint et non dans un "lifestyle" fantasmé.
L'impression que j'ai avec les "jeunes" homos c'est qu'ils vivent un peu l'équivalent de la libération sexuelle américaine en ce moment ou ça baise et se drogue à tout va et les plus "vieux" (30+) homos qui soupirent et se disent qu'ils font chier ces jeunes cons.
Ils ne sont également pas revendicatifs ouvertement.
Oui, on a un char à la gay pride sponso par la boite et organisé par la communauté gay de l'entreprise.
Je sais qu'ils ont un slack channel entre eux et qu'ils sortent souvent le soir ensembles. On a aussi une représentation LGBT au sein du CE de la boite mais tout se fait de manière très naturelle, sans activisme et c'est très bien comme ça. Il y a aussi des pontes de la boite homos donc il n'y a pas de souci de représentation dans la hiérarchie. Dans mon département, quand j'étais encore chef d'équipe, nous étions 8 chefs. 3 femmes hétéros, 4 hommes homo et moi hétéro.
Il y a un équilibre super serein et je dois dire que c'est un putain de plaisir de travailler dans ces conditions où tout le monde se respecte, personne ne tente d'obtenir plus que son voisin, les gens s'entendent bien et sont bienveillants et surtout - surtout peuvent discuter de ce genre de sujets de manière rationnelle et dépassionnée. Sans être défensifs.
Tout ça pour dire que je pense sincèrement que ce soit pour les LGBT, les femmes ou les minorités ethniques ou religieuses, ce qui braque forcément les gens ce sont les revendications et les provocations.
En vérité, des gens
foncièrement racistes ou homophobes, il n'y en a pas tant que ça.
Les gens sont juste saoulés d'entendre parler de ces sujets en boucle et qu'on remette de l'huile sur le feu tous les jours.
N'oubliez pas qu'il y a aussi pas mal d'homos qui aimeraient bien qu'on arrête de parler d'eux aussi parce qu'ils réalisent bien que ça leur rend la vie plus difficile en véhiculant des clichés et en braquant les gens.
En ce sens, je comprends la réaction de La Pelle du 18 Juin avec son "Encore eux".
Voilà le retour d'expérience d'un hétéro qui fréquente majoritairement des homos depuis 3 ans.
Vous pouvez me tirer dessus à boulets rouge. Go.