Publié par
Metalovichinkov
Oui mais vous partez du principe que les gamines ne se voilent pas elles mêmes (ce qui est au moins en partie vrai) c'est donc pas leur choix de mettre leur voile contrairement à ceux qui fument dans des lieux publics.
Du coup tu punis qui? La gamine qu'a pas choisi ou les parents qui ne sont pas là au moment où t'interpelles la gamine?
Et sinon je vois pas trop le but, c'est pour lutter contre la représentation des religions dans l'espace publics?
Non, ce n'est pas une question de simple "représentation des religions dans l'espace public", et pour comprendre pourquoi on tourne en rond sur la question de "qui punir", il faut d'abord s'accorder sur ce qu'est le voile, au-delà du "simple bout de tissu".
Le voile, dans sa genèse et son application par les courants les plus rigoristes, est un instrument. Un instrument archaïque, misogyne par essence, patriarcal. Il est la manifestation visible d'une conception où la femme est infériorisée, transformée en objet sexuel dont la personne même doit être dissimulée, dès le plus jeune âge pour certains. Le but ? L'assujettir, la retirer de la sphère publique, la dominer. Dans cette vision de l'ordre islamique, la femme est à contrôler, et le rôle de la femme est d'imprimer ce contrôle sur ses enfants.
Ce n'est qu'un aspect d'un programme plus vaste : interdiction ou limitation de l'éducation, contrôle des allées et venues par les hommes, restriction de la socialisation, et un assujettissement social et sexuel complet. Le voile est un des outils centraux de cette domination : il distingue, discrimine, infériorise et soumet. Il est aussi la quintessence de la stratégie islamiste : premier marqueur visible pour imposer une norme, et paradoxalement, instrument de victimisation pour rallier ceux qui, avec un cœur sans doute bien intentionné, pensent défendre des opprimées alors qu'ils protègent des bigots contre leurs véritables victimes. Au passage, cette stratégie racialise la religion, ethnicise les musulmans, et déplace un problème fondamentalement idéologique et culturel vers un terrain racial. Tout est bon pour défendre l'indéfendable.
Voilà la réalité du voile que les apologistes de tous bords tentent de nier, minimisant la souffrance, consciente ou non, de millions de femmes ainsi encagées. Cette définition n'est pas une caricature "extrême" ; elle est assumée au sein même de la religion et des coutumes qui y sont associées par ses promoteurs les plus zélés.
Partant de là, on peut aisément comprendre pourquoi ce "bout de tissu", surtout lorsqu'il est imposé (consciemment ou non) aux plus jeunes et aux plus vulnérables, devrait susciter un profond dégoût chez quiconque se revendique un tant soit peu féministe ou attaché aux droits fondamentaux.
Alors, pour répondre à "qui punir ?" : la question n'est pas tant de punir la fillette, victime elle-même, mais de s'attaquer à l'idéologie qui promeut cet "encagement" et de protéger les enfants de cet abus. Cela passe par des lois qui protègent l'enfance de l'emprise sectaire et des pressions communautaires, et par une société qui refuse de considérer le voilement infantile comme une simple "expression religieuse" anodine. Et un des moyens les plus simples d'éviter le pire (je rappelle que le port du voile a quasiment doublé en France en 10 ans...), c'est tout simplement de légiférer pour empêcher l'engrenage infernal, documenté, théorisé qu'amène le port du voile.
Pour la centième fois, cette équivalence montée en permanence entre certains
marqueurs religieux (croix kippa crêches et compagnie) vs le
voile est une équivalence révoltante: l'un a pour but affirmé de soustraire un humain du regard de la société (et de la société tout court), les autres d'arborer sa croyance devant le monde. Je ne suis pas fan de prosélytisme, mais j'ai les yeux assez ouverts pour me rendre compte que le port du voile poussé à sa conclusion naturelle, c'est l'Afghanistan, l'Iran, l'Arabie Saoudite et pas autre chose. Vous avez une idée quelconque des droits des femmes la-bas ? On ne dirait vraiment pas.