Sachant que je trouve inadmissible qu'un élève me manque de respect (dans la mesure où je fais toujours très attention aux mots et au ton que j'emploie avec eux), je ne voudrais surtout pas exercer un métier où on me balance des insultes, des menaces de mort, des pavés, des molotovs et des cacatovs à longueur de journée. Et si je m'étais retrouvé à cause de mon parcours de vie à exercer une telle fonction, je ne sais pas ce que deviendrait mon équilibre psychique. Ou ma conscience politique.
Bien sûr que certains métiers ont un impact sur ton équilibre psychique largement plus défavorables que d'autres. Peu de chances que tu vois un syndrome post-traumatique en étant agriculteur. Et encore, je doute que prof soit le métier le plus zen du monde
D'où le fait que les salariés qui font des métiers à plus grand risques (physiques ou psychologiques, peu importe) doivent être scrupuleusement suivis. Je doute que ce soit le cas. Quelqu'un qui est mis "à bout" par son travail et qui n'est plus capable de se "contrôler" doit être déclaré en arrêt maladie voire déclaré inapte. On ne peut pas laisser de tels bombes à retardements dans nos rues, c'est insensé.
Une fois encore cibler tel ou tel policier, CRS, Brav-M ou BAC c'est ridicule : c'est un problème systémique. C'est comme à chaque fois qu'on parle de bavure policière, on a droit d'avoir les mêmes arguments : "la plupart des policiers font très bien leur travail". Bah encore heureux, mec. Si la majorité faisait autant de la merde que ce que l'on peut voir par vidéo, la France ça serait le Mali. Cependant, c'est un peu une tarte à la crème pour ne pas voir les problèmes inhérentes à une institution qui peine à être réformée.
Mettre dos à dos les casseurs, les mecs violents, les mecs qui recherchent dans des luttes sociales légitimes le manque d'adrénaline qui leur fait salement défaut dans leur vie et les forces de l'ordre, c'est ridicule. Les forces de l'ordre représentent l'Etat et la République. Le degré d'exigence, de responsabilité, de conséquence ne peut être le même. Pour faire le parallèle, autant quelqu'un qui dirait "Faurrisson a raison, la Shoah c'est du bidon", je me dirais "quel abruti" et je laisserai la loi faire son travail, autant si c'est un prof qui dit ça en cours : désolé mais ce prof là, il mérite d'être viré. Ce n'est pas le même impact, ni la même responsabilité.
Notes que je dis pas qu'il faut laisser les flics fracassés des crâne pour se défouler, simplement on peut se mettre à leur place et comprendre comment et pourquoi ils peuvent déraper.
Je peux absolument tout comprendre. Je peux comprendre que le flic qui se fait taper; dérape. Je peux comprendre que le mari qui subit un état de stress au travail intense se défoule un soir sur sa femme. Je peux comprendre qu'un jeune manipulé et ayant subit un lavage de cerveaux peut prendre les armes pour commettre un attentat. Je peux comprendre le mari qui tue son sa femme et son amant. "Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger". Tout cela, je peux le comprendre mais jamais je ne l'accepterai et jamais une société ne doit accepter la violence, les dérapages, les pétages de plomb, le terrorisme. Il faut la plus grand fermeté, sinon la France n'est plus un état de droit.
Il ne peut pas y avoir de discours "en même temps". On peut tout comprendre, tout analyser, tout décortiquer. Cela ne veut pas dire qu'il faut "accepter". Non, il faut "rejeter" en bloc et sans compromission. La violence policière est de la violence. Point final.