On est tres tres loin du retrait complet et inconditionnel de la reforme. C'est plus un pas de cote qu'un pas en arriere qui est proposé au gouvernement.
Ca permet de temporiser, et donc non seulement de refroidir la situation actuelle (tres a chaud), mais eventuellement de trouver un compromis en reprenant le dialogue avec tous les partis impliqués. Chose qui aurait du etre faite avant, mais c'etait pas du gout du gouvernement.
Au pire pour le gouvernement, rien n'en ressort de cette mediation, et ca retarde la reforme de quelques mois. Au pire.
Mais meme cela, j'ai l'impression que Macron le verrait comme une defaite. Comme si le dialogue social et le compromis etait un signe de faiblesse, que faire un pas de cote reviendrait a courber l'echine, et que tout qui ne serait pas de l'initiative de Macron, personnage principal de son épopée personnelle, se doive d'etre rejeté.
Mais parce que cela serait une défaite. Repousser la réforme, ça voudrait dire potentiellement ne plus la passer. Le Conseil Constitutionnel va pas attendre alors que le dossier est déjà sur la table.
Tu parles de trouver un compromis quand Berger dit (je cite ton article hein):
Une pause qui permettrait de retrouver le chemin du dialogue: "il faut prendre un mois, un mois et demi, où on dit "les 64 ans ça ne s'appliquera pas", pour demander à une, deux, trois personnes, pour faire de la médiation, d'aller voir les différentes parties et leur demander: "vous voulez quoi?".
Mais, de base il y a un truc qui cloche.
Je pense qu'il faut qu'on se mette d'accord ici sur ce qu'est un compromis...
Quand, en phase de négociations (voire même avant), le camp opposé te dit "les 64 ans, ça ne s'appliquera pas", c'est que, de base, tu es bloqué dans le compromis et les négociations, parce que c'est un des thèmes phare de la réforme. C'est ça le souci. Assumer une position d'inflexibilité est contraire à l'idée d'un compromis, je ne comprends même pas comment on peut ne pas comprendre cela...
Et encore, à la base c'était 65 ans, ça a été baissé 64 ans. Mais même ça n'est pas pris en compte.
on dit "les 64 ans ça ne s'appliquera pas"
Ce n'est pas un compromis. Tordez ça comme vous le voulez, ça n'en est pas un. A partir de là, il est normal que Macron refuse de négocier.
Dire "les 64 ans, ça ne s'appliquera pas" c'est différent de dire "nous ne sommes pas d'accord avec les 64 ans proposés par le gouvernement mais nous sommes disposés à discuter" c'est autre chose. Là, tu peux aborder une idée de compromis, bénéfique pour les syndicats et le gouvernement. Sauf que même pas.
Et quand vous dites les syndicats ont cherché à discuter: non, je suis désolé: Dire "64 ans on n'en veut pas, sinon nous descendons dans la rue et on bloque le pays", ce n'est pas chercher un compromis, c'est chercher à tordre le bras. D'où le bras de fer initié.
Et j'ose espérer que le gouvernement ne fléchira pas. Il est important d'apprendre et noter que descendre dans les rues, foutre les villes à feu et à sang, n'est pas la solution. Des fois, ça peut, et il y a eu de grandes avancées politico-sociales en ce sens dans le passé. Mais aujourd'hui, ça n'en est pas une. Et Caroline Fourest l'a très bien expliqué hier soir (si vous avez moyen de mettre la main dessus - j'ai regardé, mais il n'est pas encore sorti).
A partir du moment ou le gouvernement refuse toute desescalade, de la part de Laurent Berger (Laurent BERGER quoi... le mec qui etait d'accord avec la reforme Touraine, qui etait chaud sur la reforme des retraites a points de Macron, etc.), on peut dire qu'il y a un probleme de prise en compte des autres elements constitutifs de la société francaise.
Je pense aussi qu'au départ il aurait fallu repartir sur les bases des accords de la réforme de 2019. Mais entre temps, certaines choses ont sans doute changés pour qu'il faille changer la donne.
Aujourd'hui, depuis quelques jours, les manifestations commencent à échapper aux contrôles des syndicats, notamment parce que des députés anti république ont atisé la mèche révolutionnaire, du coup ce sont les extrêmes qui s'emparent du mouvement. Et ça, les syndicats s'en rendent compte (heureusement, j'ai envie de dire) et cherchent maintenant à calmer le feu qu'ils ont allumé.
Mais bon, on connait la rhétorique hein: C'est la faute de Macron.
Ici, on reproche à Macron d'être irresponsable, de n'en faire qu'à sa tête, de n'écouter personne, et de se comporter en pyromane.
Ce que j'observe, c'est que c'est la même chose pour tout le monde, et qu'en face c'est pas forcément mieux. Et qu'à la fin, ça fait des chocapic.