[Ecologie] Energies renouvelables, fossiles et nucléaires

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Un petit rappel sur la fusion et sur pourquoi les annonces de réacteurs rentables dans 4 ans sont douteuses (voyez, j'ai pa utilisé de termes trop forts ?)

En résumé, le "Q" de "1" dont on nous rebat le oreilles est le Qplasma. C'est à dire le ratio entre la quantité d'énergie injectée dans le plasma et celle qui en sort. Sauf que pour faire de l'électricité, ce qui compte c'est le Qtotal, c'est à dire le ratio entre la quantité d'énergie utilisée par la machine et la quantité d'électricité produite. En gros, il faut diviser le second par 10 ou plus pour avoir le second. Les champs magnétiques, les réfrigérateurs, les dispositifs de contrôle... Tout ça bouffe de l'électricité en quantité gigantesques.

Bref, on serait bien avisé de mettre de l'argent sur les réacteurs à fission de 4e génération. Genre vraiment. Et donc de bâillonner le barde Ecoloverdix histoire qu'ile ne braille pas des âneries sur l'uranium dans nos oreilles.


(ps : les vidéos de Sabine sont plutôt sympas dans l'ensemble, corrosives comme j'aime bien tout en étant sérieuses. Après, elle a une dent contre la matière noire qui me semble injustifiée en regard du consensus scientifique, mais elle en a certainement une bieeeeeen meilleure connaissance que moi, donc bon...)
Citation :
Publié par Aloïsius
Un petit rappel sur la fusion et sur pourquoi les annonces de réacteurs rentables dans 4 ans sont douteuses (voyez, j'ai pa utilisé de termes trop forts ?)
Personne ne parle de réacteurs rentables mais d'avoir un prototype fonctionnel (et ça ne veut pas dire non plus que ce soit prêt pour une production de masse). Pour un début de commercialisation ça parle de 2035 au plus tôt pour les plus petits réacteurs envisagés, et 2050 pour les projets au format ITER pour les premières commercialisations.
Citation :
Publié par Aloïsius
Après, elle a une dent contre la matière noire qui me semble injustifiée en regard du consensus scientifique, mais elle en a certainement une bieeeeeen meilleure connaissance que moi, donc bon...
[HS]
Il semblerait que le consensus ne soit pas si marqué que tu penses.
D'un côté tu as les partisans de la matière noire et énergie noire, de l'autre les partisans de la théorie MOND/TeVeS.
Actuellement, ce sont toutes les deux des théories mêmes si actuellement, il semblerait que le premier est confirmé par pas mal d'observations.
Et puis tu as les mix des deux. C'est visiblement pas si tranché.
[/HS]
https://twitter.com/sandrousseau/sta...987675147?s=19

Ça on peut en parler aussi. De toutes les conneries c'est peut-être la plus grave : vanter l'agriculture vivrière par rapport à l'agriculture intensive qui elle aggraverait la faim dans le monde.

C'est complètement renversé, c'est en fait l'inverse. : la faim recule dans le monde depuis des décennies (malgré une légère augmentation de la malnutrition dernièrement). Le chiffre de 25000 provient d'ailleurs d'un rapport de l'ONU qui préconise pour y remédier.... D'améliorer la mécanisation et la taille des exploitations dans les pays en développement pour améliorer le rendement.

L'agriculture vivrière vantée par Rousseau, cela signifie majoritairement l'auto-consommation, c'est l'agriculture de nos grands-parents et arrière grands-parents paysans, qui y passaient leur journée. Les gens ne réalisent pas combien cela demande de temps et d'espace pour qu'une famille puisse vivre en auto-suffisance. Visualisez-vous un potager assez grand qui va vous demander d'y travailler au moins une heure par jour : au mieux ça vous servira d'appoint pour les légumes, c'est tout. Pourquoi pas en avoir un hein, c'est une activité agréable quand le potager n'est pas trop grand, qui fait faire des petites économies, why not. Mais nourrir une famille ? Ok si elle ne travaille pas à côté et qu'elle a des terrains assez grands.

Mais globalement l'agriculture vivrière n'est pas du tout une solution pour nourrir les gens. On perd toutes les économies d'échelle, on perd les effets de la professionnalisation (confier la production alimentaire à des professionnels dont c'est le métier c'est évidemment mieux produire), on perd les effets de la mécanisation (investissement dans de grosses machines trop important à l'échelle familiale ou d'une petite communauté). L'agriculture intensive a bien des travers mais aujourd'hui c'est elle qui permet de nourrir des milliards de personnes.

Par ailleurs en France nos agriculteurs font du bon travail, on est loin d'ailleurs le plus souvent des méga-exploitations à l'américaine. Mais oui il faut produire les millions de tonnes de patates, de salades, de carottes, etc. etc. qu'on consomme. Et ce n'est pas une agriculture vivrière qui va nourrir la population, surtout celle qui vit en ville.

C'est vraiment terrible aujourd'hui encore d'avoir cette vision fantasmée de l'agriculture d'antan, des espaces champêtres, du retour à la nature forcément bienfaitrice... L'agriculture d'antan c'est que tu crevais souvent jeune, que t'étais complètement cassé par la rudesse des travaux agricoles et que la notion de loisirs, de vacances était quelque chose d'abstrait. Les loisirs c'était les quelques fêtes du village, la messe le dimanche et c'est à peu près tout.

Alors certes les écolos ne veulent pas aller jusque là, mais certains parlent quand-même de remettre une partie de la population dans les champs, ou de trouver des alternatives à la mécanisation, on voit même des gogos tout fiers tweeter des photos de labour par cheval de trait voire carrément par l'humain.

J'ai fait pas mal de travaux agricoles comme saisonnier avant, bah ceux qui veulent aller aux champs allez-y mais je passe volontiers mon tour.
tu sais, quand on prend un postulat simpliste pour tout juger : "la nature c'est le bien, l'homme le mal" , on tombe dans toutes les conneries des bobos actuels : agriculture vivrière , naturopathie et cie, antivax, promotion sans reflexion de l'energie renouvelable vs nucléaire, interdiction des constructions d'immeubles par les maires écolos pour s'etaler en campagne etc...

De la a dire que EELV sont des populistes de l'ecologie , il suffit de peu...
Lutter contre la faim dans le monde pour moi c'est l'argument démagogue par définition.

Techniquement aujourd'hui, on produit largement assez pour nourrir tout le monde, et on n'a même pas besoin de l'agriculture intensive (ou beaucoup moins en tous cas). La faim dans le monde est essentiellement causée par notre cupidité et le fait qu'on gâche énormément de nourriture (50% de la bouffe produite pour les occidentaux).

Produire autrement, ou produire plus, ne réglera pas la problématique, car elle n'est pas causée par la production.
Citation :
Publié par Leni
Par ailleurs en France nos agriculteurs font du bon travail, on est loin d'ailleurs le plus souvent des méga-exploitations à l'américaine. Mais oui il faut produire les millions de tonnes de patates, de salades, de carottes, etc. etc. qu'on consomme. Et ce n'est pas une agriculture vivrière qui va nourrir la population, surtout celle qui vit en ville.

C'est vraiment terrible aujourd'hui encore d'avoir cette vision fantasmée de l'agriculture d'antan, des espaces champêtres, du retour à la nature forcément bienfaitrice... L'agriculture d'antan c'est que tu crevais souvent jeune, que t'étais complètement cassé par la rudesse des travaux agricoles et que la notion de loisirs, de vacances était quelque chose d'abstrait. Les loisirs c'était les quelques fêtes du village, la messe le dimanche et c'est à peu près tout.

Alors certes les écolos ne veulent pas aller jusque là, mais certains parlent quand-même de remettre une partie de la population dans les champs, ou de trouver des alternatives à la mécanisation, on voit même des gogos tout fiers tweeter des photos de labour par cheval de trait voire carrément par l'humain.

J'ai fait pas mal de travaux agricoles comme saisonnier avant, bah ceux qui veulent aller aux champs allez-y mais je passe volontiers mon tour.
As t-on vraiment le choix de ne pas retourner aux champs?
C'est l'énergie qui nous as sorti des champs, quelques générations avant nous 90%+ de la population bossaient pour produire de la nourriture, sur des centaines de générations.
Or les machines, on sait qu'on aura de moins en moins, du moins pour ceux qui reconnaissent que la croissance infinie dans un monde fini n'existe pas.
Dans le futur il y aura moins de gens dans le tertiaire, moins dans le secondaire. Soit on accepte cette idée et on opère le changement maintenant, soit on est passif et on subira.

Il y a aussi l'enjeu de la décarbonation, le secteur agricole est responsable d'une bonne partie des émissions.

Ensuite il y a la forte dépendance aux énergies fossiles dont on atteint les limites géologiques (pic d'extraction de pétrole passé en 2018).
Un exemple de l'actualité pour illustrer : qu'est-ce qu'il se passe quand le gaz se fait "rare"? On a plus d'engrais azoté...
https://www.bloomberg.com/news/artic...cier-next-year

On peut aussi citer l'aspect biodiversité.

Notre modèle agricole est vulnérable au monde de demain, il faut anticiper.
Citation :
Publié par Zangdar MortPartout
Lutter contre la faim dans le monde pour moi c'est l'argument démagogue par définition.

Techniquement aujourd'hui, on produit largement assez pour nourrir tout le monde, et on n'a même pas besoin de l'agriculture intensive (ou beaucoup moins en tous cas). La faim dans le monde est essentiellement causée par notre cupidité et le fait qu'on gâche énormément de nourriture (50% de la bouffe produite pour les occidentaux).

Produire autrement, ou produire plus, ne réglera pas la problématique, car elle n'est pas causée par la production.
Je partage ce constat mais ce constat est-il pertinent pour agir/définir les politiques d'aujourd'hui?
Je veux dire : on sait que le dérèglement climatique fait peser des risques importants sur l'approvisionnement alimentaire. Est-ce que l'on aurait pas intérêt à prendre les devant et justement lutter contre les risques d'approvisionnement alimentaires dont on voit déjà les prémices.

Il faut anticiper les changements brutaux à venir et justement... lutter contre la faim à venir.
Citation :
Publié par -Black-Shadow-

Notre modèle agricole est vulnérable au monde de demain, il faut anticiper.

Je partage ce constat mais ce constat est-il pertinent pour agir/définir les politiques d'aujourd'hui?
Je veux dire : on sait que le dérèglement climatique fait peser des risques importants sur l'approvisionnement alimentaire. Est-ce que l'on aurait pas intérêt à prendre les devant et justement lutter contre les risques d'approvisionnement alimentaires dont on voit déjà les prémices.

Il faut anticiper les changements brutaux à venir et justement... lutter contre la faim à venir.
Ben ça s'applique dans les deux sens en fait. Dire qu'il faut revenir à une agriculture vivrière pour lutter contre la faim dans le monde, et dire que l'agriculture industrielle permet de produire plus alors que justement elle détruit celle des pays pauvres pour notre profit c'est tout aussi démagogue.

À très moyen terme, l'agriculture intensive va de toutes façons stériliser nos sols alors la question des alternatives se posera à ce moment puisque nous ne sommes pas une espèce capable d'anticipation.
à ce propos et si vous ne connaissez pas déjà


Citation :
D’une façon générale, sans nous en rendre compte, que ce soit dans notre vie quotidienne ou par les produits que nous consommons venant de l’industrie ou de l’agriculture, nous sommes soutenus par une armée d’« esclaves énergétiques », comme les nomme Jean-Marc Jancovici. De quoi s’agit-il ?

Selon cet ingénieur, il est possible d’établir un parallèle entre notre consommation d’énergie et le nombre d’esclaves qu’il nous faudrait pour nous déplacer, nous chauffer ou nous nourrir… si les machines n’existaient pas. Un grille-pain qui dégage une puissance de 700 watts, par exemple, équivaut énergétiquement à la possession d’un bœuf en permanence dans votre maison. Chaque Français bénéficierait ainsi de l’équivalent de près de quatre cents esclaves énergétiques tandis qu’en moyenne, chaque humain aurait l’équivalent de deux cents de ces esclaves à son service !
https://www.puf.com/content/Apocalypse_cognitive



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https://fr.wikipedia.org/wiki/Esclav...erg%C3%A9tique

Dernière modification par znog ; 07/07/2022 à 09h19.
Citation :
Publié par Zangdar MortPartout
Ben ça s'applique dans les deux sens en fait. Dire qu'il faut revenir à une agriculture vivrière pour lutter contre la faim dans le monde, et dire que l'agriculture industrielle permet de produire plus alors que justement elle détruit celle des pays pauvres pour notre profit c'est tout aussi démagogue.

À très moyen terme, l'agriculture intensive va de toutes façons stériliser nos sols alors la question des alternatives se posera à ce moment puisque nous ne sommes pas une espèce capable d'anticipation.
Il n'y a pas d'un côté l'agriculture vivrière et de l'autre l'agriculture intensive en monoculture hein.

En France on produit majoritairement en rotation des cultures et on est un des seuls pays au monde exportateur net, les sols ne deviennent pas stériles hein... Et ça sort d'où cette idée que pour l'Afrique du coup la seule alternative c'est soit l'agriculture vivrière avec un rendement dégueulasse soit une agriculture destructrice ??

Et oui certes on a vécu sous perfusion des énergies fossiles longtemps mais si on ne verse pas dans le dogmatisme antinucléaire la sortie des énergies fossiles est en fait possible assez rapidement... Le combustible nucléaire étant un peu à part vu qu'on le recycle de plus en plus et qu'il y en a potentiellement absolument partout.
Citation :
Publié par -Black-Shadow-
As t-on vraiment le choix de ne pas retourner aux champs?
OK. Maintenant, on choisit comment les millions de personnes en France qui vont devoir retourner bêcher de la bouse du 6h du matin à 20h du soir, pour au mieux manger un repas et demi par jour ?
Par tirage au sort ?

Dans l'histoire, il y a eu plusieurs exemples de retour à la terre, notamment en Chine. Ca a donné quoi ? Des dizaines de millions de morts par famine.

Au début des années 60, c'est à dire au tout début de la mécanisation intensive, 17% de la population était constituée d'agriculteurs exploitants... Ca équivaut à 12 millions de personnes à notre échelle.

DOUZE MILLIONS ! Alors qu'on peine aujourd'hui à renouveler le stock de 400.000.

Ensuite, désolé, déjà, qu'on limite la consommation d'énergies fossiles là où elle apporte le meilleur usage. C'est à dire pas en la brûlant dans des centrales là où le nucléaire ferait bien mieux, mais en le laissant là où on a pas d'alternative.

Et clairement, les machines agricoles n'ont pas d'alternative au pétrole pour l'instant. La mécanisation, c'est 10% des émissions de l'agriculture, qui émet elle-même environ 19% du total.
On parle du potentiel d'abaisser de 2% nos émissions, tout en nécessitant de modifier profondément la vie de plus de 10 millions de personnes.
Ha, et puis, 2% de nos émissions, c'est 0.02% des émissions mondiales.

Ca vous parait pas démesuré ? Moi si.
Y'a de plus en plus d'expériences y compris en monocultures de taille respectables, sur sol végétalisé et sans apports d'engrais / pesticides (ou vraiment très peu, en cas de situations exceptionnelles) qui donnent de bons résultats question rendements. Avec ou sans mécanisation et engins à moteur - mais en général leur utilisation est réduite par rapport à une exploitation standard.
Ce n'est pas pour l'instant sur toutes les cultures mais les perspectives sont très encourageantes, et ce type d'agriculture est à la fois intensive mais régénératrice des sols, de la biodiversité et permet la captation de beaucoup, beaucoup plus de carbone (de l'ordre de 10x plus).
Ce n'est pas tant revenir à l'agriculture vivrière qu'il faut mais s'inspirer de certaines méthodes agronomiques "ancestrales" et les adapter à nos contraintes de production "intensive" et de rentabilité des exploitations. Notamment sur la main d'oeuvre. Je crois qu'il existe des solutions entre le "n'importe quoi" écolo et la perpétuation de notre système actuel, qui détruit nos sols et consomme une énergie énorme, assèche les nappes phréatiques, et en plus rémunère très mal les exploitants, le tout massivement subventionné. Ca prendra 30 ans, 50 ans peut être mais à force ces solutions seront déployées, j'en suis assez persuadé, car elles prouveront à la fois leur rentabilité et leur adaptation à notre nouveau contexte de rareté des ressources et augmentation des prix. Les besoins en main d'oeuvre ne sont pas démesurément supérieurs dans ce type de production, et ils sont ponctuels (notamment lors de la récolte). La diminution du coût des intrans permet d'en absorber tout ou partie. Et l'adaptabilité de ces cultures aux changements climatiques est à priori supérieur à des cultures tradi dépendantes de leurs intrans et avec semences "industrielles". (qui semblent par ailleurs atteindre un pic de rendements en ce moment et même une décroissance)

Dernière modification par Don Patricio ; 05/10/2021 à 20h11.
Citation :
Publié par Don Patricio
Je crois qu'il existe des solutions entre le "n'importe quoi" écolo et la perpétuation de notre système actuel, qui détruit nos sols et consomme une énergie énorme, et en plus rémunère très mal les exploitants, le tout massivement subventionné. Ca prendra 30 ans, 50 ans peut être mais à force ces solutions seront déployées, j'en suis assez persuadé, car elles prouveront à la fois leur rentabilité et leur adaptation à notre nouveau contexte de rareté des ressources et augmentation des prix.
D'une, la situation actuelle telle qu'elle existe en France ne détruit pas les sols. Ca fait des décennies qu'on a des rendements pour prendre l'exemple du blé de 75 quintaux/ha, si les sols étaient épuisés, ça se serait effondré depuis longtemps.

Ensuite, la mécanisation ne consomme pas une énergie énorme. Ca consomme l'équivalent de 2% de nos émissions de CO2 ( dont on rappel qu'elles sont parmi les plus faibles de l'OCDE en émission par habitant ).

Et oui, c'est ultra subventionné, et ça paye moins, mais ça fait vivre plus de 70 millions de personnes avec 400.000 agriculteurs. L'alternative engendrerai des modifications massives de notre structure économique et sociale ( on perdrait des millions de personnes pour les basculer sur une agriculture à très faible valeur ajoutée ). Enlevez des millions de personnes du secteur marchand ( et donc toutes les cotisations nettes, impôts and co ), et faites rentrer notre état providence dans l'équation, et vous voyez de suite que ça ne fonctionne plus.
Le retour à la terre, c'est aussi la probable fin du droit à la retraite, la fin quasi certaine du droit à l'éducation supérieure et j'en passe.

Ou alors, c'est qu'on a trouvé comment directement récolter des billets de 500€ sur les arbres à fruits.
Non mais je parle pas de retour à la terre de millions de personnes, je suis d'accord que c'est irréaliste. Les changements de méthodes dont je parle ne nécessitent pas spécialement de main d'oeuvre en plus, en tout cas pas énormément. Probablement moins de 20%. Passer de 400 000 personnes à 500 000 c'est pas la fin du monde ... surtout vu le chômage dans les campagnes et nos capacités en matière d'infrastructures, notre pays est déjà structuré pour avoir bien plus d'habitants ruraux qu'il n'en a.

Sur la destruction des sols c'est surtout qu'on épuise leur capacité de rétention d'eau, de carbone et qu'on supprime massivement la vie. Après je ne suis pas suffisamment spécialiste mais je pense qu'entre un champ qui sans engrais et pesticides et semences adaptées ne produirait presque rien et un autre qui produit et s'enrichit sans ces engrais et pesticides, si on arrive à avoir des productions comparables, il faut favoriser le second.

Je dis bien si, peut être qu'en fait ça ne fonctionnera jamais ou pas suffisamment, mais en tout cas ça vaut le coup de tester et pas mal d'agriculteurs s'y mettent, plusieurs milliers quand même avec de bons retours. Après il faut évidemment que ces méthodes s'insèrent dans des réseaux de distribution, et dans un marché qui est le nôtre. On reviendra pas à de l'agriculture vivrière c'est certain - mais il y'a certains aspects de l'agriculture vivrière que nous pouvons assimiler, dont nous pouvons nous inspirer tout en restant dans une production "moderne" et intensive, rentable.

Le blé c'est pour l'instant un écueil à ma connaissance effectivement on n'arrive pas aux rendements avec des méthodes sans engrais. Quoique ... je vérifierai il me semble qu'il y'a une grosse xp qui donne de bons résultats ... mais globalement oui le blé en énormes quantités on continuera longtemps de produire selon la méthode actuelle.

Dernière modification par Don Patricio ; 05/10/2021 à 20h31.
Citation :
Publié par Aratorn
D'une, la situation actuelle telle qu'elle existe en France ne détruit pas les sols. Ca fait des décennies qu'on a des rendements pour prendre l'exemple du blé de 75 quintaux/ha, si les sols étaient épuisés, ça se serait effondré depuis longtemps.
Les sols sont épuisés, ils sont maintenus sous perfusion à coup d'intrants. Soucis : les phosphates du Maroc ne sont pas disponibles en quantité illimitées.

Cela étant, la dégradation des sols s'ajoute à la perte annuelle de dizaines de milliers d'hectares pour construire des parkings de supermarché et des lotissement où chaque villa a sa piscine.

https://www.lesechos.fr/2016/01/la-f...ussiere-191459

Citation :
Outre l’érosion, l’appauvrissement en matière organique est l’autre menace qui pèse sur la fertilité. Depuis les années 1950, la teneur des sols en nutriments et en humus, l’engrais naturel des plantes, a baissé d’un tiers, selon les observations du GisSol. En cause : les pratiques agricoles. « En retournant profondément les sols, les labours perturbent la vie souterraine et les échanges biochimiques, décrit Claude Bourguignon. Les gaz carboniques s’échappent, la matière organique qui s’en nourrit se réduit, la faune disparaît et avec elle le mécanisme d’ascenseur qui brasse nutriments et minéraux. Résultat : l’humus est balayé par les eaux, tandis que l’argile, où se concentre le garde-manger des plantes, laisse place à une simple boue gluante. » Selon le GisSol, près de 40 % des surfaces agricoles françaises présentent ce risque de tassement irréversible.
Citation :
Publié par Don Patricio
Non mais je parle pas de retour à la terre de millions de personnes, je suis d'accord que c'est irréaliste. Les changements de méthodes dont je parle ne nécessitent pas spécialement de main d'oeuvre en plus, en tout cas pas énormément. Probablement moins de 20%. Passer de 400 000 personnes à 500 000 c'est pas la fin du monde ... surtout vu le chômage dans les campagnes
Pour rappel, les zones les plus agricoles sont aussi celles qui enregistrent le taux de chômage le plus bas. Le Cantal et la Lozère sont autour de 5%, ce qui est à peu de chose près un taux de plein emploi.

Citation :
Sur la destruction des sols c'est surtout qu'on épuise leur capacité de rétention d'eau, de carbone et qu'on supprime massivement la vie. Après je ne suis pas suffisamment spécialiste mais je pense qu'entre un champ qui sans engrais et pesticides et semences adaptées ne produirait presque rien et un autre qui produit et s'enrichit sans ces engrais et pesticides, si on arrive à avoir des productions comparables, il faut favoriser le second.
Pour donner un ordre d'idée, le rendement du blé bio est de 27quintaux/ha. Le rendement moyen en France est de 75q/ha.

C'est un écart absolument colossal. Ca nous fait grosso modo revenir à la Frances des années 60. Et en divisant par trois les rendements, tu fais comment pour alimenter 70 millions de personnes ?
Citation :
Publié par Aratorn

Pour donner un ordre d'idée, le rendement du blé bio est de 27quintaux/ha. Le rendement moyen en France est de 75q/ha.

C'est un écart absolument colossal. Ca nous fait grosso modo revenir à la Frances des années 60. Et en divisant par trois les rendements, tu fais comment pour alimenter 70 millions de personnes ?
Non mais encore une fois je ne préconise pas du tout de retour à la terre ou à l'agriculture vivirère, je trouve ça idiot / irréaliste ... enfin pas à titre de politique publique, à titre particulier c'est très bien.
Si les méthodes plus écologiques nécessitent 3 fois plus de personnes ou 3 fois moins de rendement bah on les fera pas, ou de manière anecdotique.
Ce qui m'intéresse précisément (en amateur) c'est de tester et arriver à trouver des méthodes qui permettent de produire à peu près autant et avec une main d'oeuvre supplémentaire raisonnable, voire pas de main d'oeuvre supplémentaire. Et qui soient plus respectueuses de l'environnement, plus adaptables aux changements climatiques à venir, moins dépendantes des intrants industriels / énergétiques qui vont se raréfier.

Le blé comme dit plus haut c'est très particulier mais il me semble qu'il y'a eu récemment une xp à haut rendement avec des méthodes en sol végétalisé. Je vais vérifier, mais de toute façon je ne pense pas pour autant que 1 xp = généralisation possible. Simplement je crois qu'on ira de plus en plus vers ces méthodes à mesure qu'elles prouveront leur rentabilité. Ou pas, et dans ce cas on le fera pas voilà tout.


Pour le chômage dans le Cantal ou autres c'est un peu un faux argument imo ... s'ils sont à 5% c'est parce que les inactifs / chômeurs / jeunes se barrent tous dans les métropoles urbaines, une vie de chômeur à Aurillac (et pire encore dans les bleds) c'est pas la joie. A mon avis si un nombre de boulots se créait de l'ordre de 10, 20% de masse salariale supplémentaire, en quelques années ça serait bien comblé, lissé. Et ça participerait un peu à rajeunir ces régions. On trouvera pas des millions de personnes pour un retour à la terre et surtout à l'agriculture, mais quelques dizaines de milliers avec un job payé décemment dans des filières vertes ? à mon avis si, aisément.

Dernière modification par Don Patricio ; 05/10/2021 à 20h47.
Citation :
Publié par Aratorn


Pour donner un ordre d'idée, le rendement du blé bio est de 27quintaux/ha. Le rendement moyen en France est de 75q/ha.

C'est un écart absolument colossal. Ca nous fait grosso modo revenir à la Frances des années 60. Et en divisant par trois les rendements, tu fais comment pour alimenter 70 millions de personnes ?
Ce n'est pas très pertinent si c'est un achat à crédit. On sait très bien que ce type d'agriculture n'est pas durable et stérilise les sols, donc à un moment il va falloir faire mieux. Il ne s'agit pas seulement d'avoir du blé aujourd'hui mais d'en avoir dans l'avenir.
Faire mieux niveau biodiversité/pérennité des sols sur 3 fois plus de surface au sol ça questionne quand même.

Aujourd'hui tous les usages sont en concurrence pour l'organisation du territoire. On veut plus de biomasse, on veut plus d'éolien/solaire, on doit se tourner vers une agriculture un peu plus gourmande en surface alors que l'artificialisation continue de grignoter des surfaces agricoles etc etc.

Est-ce qu'il vaut mieux 1000 hectares de blé bio ou 350 de blé conventionnel et, par exemple, 650 ha de forêt ?

Dernière modification par -Black-Shadow- ; 05/10/2021 à 21h21.
Citation :
Publié par Aratorn
Et oui, c'est ultra subventionné, et ça paye moins, mais ça fait vivre plus de 70 millions de personnes avec 400.000 agriculteurs. L'alternative engendrerai des modifications massives de notre structure économique et sociale ( on perdrait des millions de personnes pour les basculer sur une agriculture à très faible valeur ajoutée ). Enlevez des millions de personnes du secteur marchand ( et donc toutes les cotisations nettes, impôts and co ), et faites rentrer notre état providence dans l'équation, et vous voyez de suite que ça ne fonctionne plus.
Le retour à la terre, c'est aussi la probable fin du droit à la retraite, la fin quasi certaine du droit à l'éducation supérieure et j'en passe.
Je suis très libéral, mais je pense que l'agriculture fait partie des secteurs souffrant beaucoup du libre-échange. Je pense qu'il faudrait des restrictions très fortes tant sur les importations que sur les conditions de production, afin de faire monter les prix.

Si on payait davantage pour notre nourriture, on consommerait moins, les agriculteurs vivraient mieux et n'auraient plus besoin d'être subventionnés.

Citation :
Publié par Aratorn
Pour donner un ordre d'idée, le rendement du blé bio est de 27quintaux/ha. Le rendement moyen en France est de 75q/ha.

C'est un écart absolument colossal. Ca nous fait grosso modo revenir à la Frances des années 60. Et en divisant par trois les rendements, tu fais comment pour alimenter 70 millions de personnes ?
Quel pourcentage de l'agriculture française sert à l'alimentation d'animaux ? Je pense que la diminution massive de la consommation de protéines animales est une bonne piste pour résoudre la difficulté que tu soulèves.
Citation :
Publié par Alandring

Quel pourcentage de l'agriculture française sert à l'alimentation d'animaux ? Je pense que la diminution massive de la consommation de protéines animales est une bonne piste pour résoudre la difficulté que tu soulèves.
Pas grand chose je pense, parce qu'on utilise surtout du soja importé.

Et quand Rousseau parle de "l'agriculture intensive au profit de l'agriculture vivrière provoque des famines", elle parle surtout de ça, l'agriculture intensive ailleurs, au profit de nos animaux d'élevage et au détriment de la bouffe des populations locales.
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