Perso ce qui me bloque intellectuellement sur le cas Polanski c'est que je ne sais pas si c'est :
- Un gars qui a commis un crime, a été puni adéquatement mais une partie de la société refuse de le réhabiliter car c'est un personnage médiatique et le faire banalise son crime (pas forcément à tort).
- Un gars qui a commis un crime, n'a pas été puni adéquatement donc une partie de la société refuse de le réhabiliter (pas forcément à tort).
- Un gars qui a commis un crime et car c'est un homme blanc puissant (@ Virginie Despentes) une partie de la société l'a automatiquement pardonné (@ les tribunes du figaro) ce qui est intolérable pour l'autre partie de la société qui refuse donc de le réhabiliter, finalement peu importe la décision de justice (pas forcément à tort).
Il y a certains points qui sont subjectifs de d'autres qui sont plus objectifs, c'est pour ça que j'essaye de comprendre l'affaire (même si il a d'autres accusations sur le dos, elle non jugées). Et quand on me parle du cas Polanski j'arrive pas trop à savoir quel constat/théorie on me demande de valider.
Y a un peu de tout ça, sauf l'histoire du male blanc puissant, ça c'est de la connerie pour moi.
A mon avis dans les facteurs qu'on peut prendre en compte pour la condamnation y a :
- Les mouvements féministes, on vit dans une période qui met énormément l'accent sur ces histoires de moeurs, de traitement des femmes, on ne laisse plus rien passer, la moindre maladresse même verbale est tout de suite sanctionné médiatiquement et le coupable doit illico se repentir si il veut pas en subir les conséquences professionnels (enfin dans l'univers médiatique en tout cas). Je met pas l'affaire Polansky et le dérapage verbal d'un commentateur sportif à la CDM féminine au même niveau bien entendu, mais c'est pour décrire l'ambiance actuelle très électriques sur ces sujets.
- Les réseaux sociaux jouent aussi pour beaucoup, les combats ne sont plus menés par des journalistes ou personnes médiatiques isolées, les indignations sont partagées, tout le monde peut y participer, organiser des rassemblements etc... On peut faire le buzz et alimenter les médias avec finalement une minorité très active sur internet qui arrive à donner plus de poids à sa parole médiatique que ce qu'elle représente au réel dans la société.
- Le fait que Polansky n'a jamais été chatié à la hauteur du crime commis. On sait qu'il est coupable d'au moins un crime et qu'il a fait très peu de peine de prison en comparaison des faits reprochés. Donc même si il a déjà été jugé sur les faits, vu leur gravité, ça reste en travers de la gorge.
- Le fait qu'il ne répondra jamais des autres accusations pour cause de prescription et qui pour les même raisons ne peuvent ni le condamner, ni l'innocenter.
- Le fait que Polansky soit médiatique et continue une brillante carrière joue aussi évidement beaucoup, tout autant qu'il soit aussi défendu par une élite, ça donne l'impression que Polansky s'en sort parcequ'il est riche et a des amis influents. Y a beaucoup de ressentiment à l'égard des élites dans ce pays, y a une fracture nette entre le monde médiatico politique et une France qui a l'impression de vivre avec des lois qui les protège moins que ces gens là.
Et pour la défense de Polansky :
- C'est un grand artiste, les gens qui aiment l'oeuvre d'une personne ne peuvent pas s'empêcher d'avoir aussi de l'affection pour l'artiste également et se montrent donc d'avantage prompt à le défendre. C'est évident que si ça avait été qu'un homme politique ou un second couteau dans le même cas, il aurait reçu bien moins de soutien.
- Certains craignent l'invasion dans le monde culturelle des mouvements communautaristes et hygiénistes qui cherchent à imposer leurs vues par dessus le désir d'expression de l'artiste ou de l'oeuvre. La remise des césars en est un exemple parmi d'autres.
- Les faits reprochés remontent à une époque lointaine, personne saurait dire exactement ce qu'il s'est passé, si c'est vrai ou pas etc... pour la plupart des accusations proférées.
- Y a certainement aussi une forme de tolérance de ce que ça pouvait impliquer d'être dans un milieu artistique au milieu des années 70, de ce désir de liberté totale, d'émancipation, sans entraves partagés par plein de gens et qui permettaient des comportements peut être plus libérés du poids de la morale sociétale. Autre temps, autres moeurs.
- Le volet judiciaire de l'affaire est pratiquement vide désormais, ça joue aussi évidement beaucoup sur sa réhabilitation, les accusations pourraient tout aussi bien être de la calomnie, la seule victime reconnue lui a pardonné, le procès a déjà été fait etc...
Le mâle blanc dominant et intouchable parcequ'éthniquement et socialement protégé par la population ça c'est en revanche du délire paranoïaque pour moi.